Quinze ans après l’enlèvement de Cédrika Provencher, sa famille et ses amis sont toujours aussi bouleversés. “Tout le bien que cette gamine pouvait faire autour d’elle, ça manque aux gens. C’est ce que je ressens », a déploré le grand-père de Cédrika, Henri Provencher, qui a décidé d’utiliser sa douleur pour faire changer les choses. Elle prétend qu’elle a transformé un négatif en positif afin qu’elle puisse aider d’autres familles traversant une situation similaire. Il en a donc fait sa course. “Je me dis que s’il y a un moyen d’empêcher d’autres Cédrika d’exister, je ferai tout en mon pouvoir pour y arriver”, a assuré M. Provencher. Quant aux amis de Cédrika, ils n’ont pas oublié ce fameux jour de juillet, quinze ans plus tôt. Après l’angoisse, la peur et les cauchemars, Claude Lafrenière, un des amis de Cédrika, vit aujourd’hui dans le désespoir. « C’est le fait que je ne sais pas. Le fait que cette personne court toujours », a-t-il admis. Sans coupable derrière les barreaux, les proches de Cédrika restent sans réponse et espèrent connaître un jour le dénouement de cette histoire. “J’espère que ça aura un impact [celui qui a fait ça] et j’espère qu’il a cela en tête », a déclaré M. Lafrenière. La clôture près de laquelle les ossements de Cédrika ont été retrouvés est toujours entourée d’animaux naturalisés, preuve que la communauté ne l’a pas encore oublié. De plus, beaucoup se souviendront des souvenirs de la jeune fille à l’occasion du 15e anniversaire de son enlèvement dimanche. Claude Lafrenière, conserve de bonnes photos de son ami d’enfance. “La nuit, il téléphonait. Elle ressemblait presque à une réceptionniste […] et enfin, nous nous sommes tous réunis dans le parc. C’est une personne qui nous a tellement rapprochés et elle usurpait les gens, même après sa disparition”, a-t-il témoigné. Quinze ans ont passé et beaucoup de choses ont changé sur le terrain depuis l’enlèvement de Cédrika en 2007. Sa disparition a eu un impact significatif sur les méthodes de travail des forces de l’ordre, qui continuent d’évoluer encore aujourd’hui. Les personnes impliquées dans les enquêtes sur les personnes disparues sont maintenant mieux formées et plus spécialisées. « Il y a eu cette création d’un comité spécial, des recommandations pour former les forces de police sur la façon de réagir quand un enfant est enlevé. L’important, c’est qu’on en tire des leçons”, a déclaré la directrice générale du Réseau Enfants Retour, Pina Arcamon. Il reste encore un long chemin à parcourir en matière de prévention du crime. C’est ce qui a motivé M. Provencher, le grand-père de Cédrika, à poursuivre sa mission. Cependant, il manque de ressources pour mener à bien les projets de sa fondation. Des bénévoles sont toujours recherchés pour l’aider à faire avancer les choses, dans une optique de prévention. « C’est l’idée que si des choses comme ça se produisent, vous avez des moyens très, très réguliers d’arriver là où vous voulez aller. Je comprends que ce n’est jamais pareil et que ce ne sont jamais les mêmes conditions, mais il y a un schéma général qui doit être établi”, a-t-il expliqué. La Sûreté du Québec (SQ) poursuit toujours son enquête sur l’enlèvement de Cédrika, une petite fille disparue subitement en 2007, mais qui aura toujours une place dans la mémoire collective.