Un enquêteur doit poursuivre l’enquête, vérifier les versions parfois divergentes des trois policiers municipaux impliqués, et vérifier qu’il n’y a pas eu d’autres attentats similaires. A 21h30, accompagné d’officiers de la police nationale, le principal auteur des violences provoque un demi-mot de problèmes personnels devant le juge. Il ne s’agit pas d’un examen du fond de l’affaire mais d’une discussion sur son incarcération ou sa libération sous contrôle judiciaire. Dans une minuscule pièce surchauffée, l’accusé affronte le juge et son greffier. A ses côtés, son avocat et le procureur général. La discussion est simple : la possible libération de cet homme soupçonné de violences graves dans l’exercice de ses fonctions est-elle compatible avec les besoins de l’enquête ? D’une voix tremblante, le policier avoue qu’il espère retrouver sa famille bientôt. Le procureur, rigide “au vu de la gravité des faits”, exige la détention “pour éviter toute pression sur la victime”, “toute concertation avec les autres prévenus” et “éviter la répétition”. Après un quart d’heure de réflexion, le “JLD” est d’accord avec le procureur : il fait incarcérer le policier. “On aurait pu mettre M. à l’isolement pour des raisons de sécurité. Même dans les geôles du palais de justice, il a déjà été battu”, a déclaré l’avocat Me Pierre Dini, déçu de la décision. Le risque de récidive n’est pas, selon lui, une excuse valable puisque son client a été suspendu et qu’une procédure de révocation a été engagée, malgré la présomption d’innocence, par la Municipalité. L’avocat de la défense espère que dans quelques semaines son client sera placé sous surveillance électronique. Les deux autres policiers ont été libérés sous caution.

Une inscription sur le corps

Il y a encore des zones d’ombre dans le déroulement de cette affaire qui débute dans ce bar de la rue Rossetti dans le Vieux Nice. Cinq policiers municipaux de la brigade de nuit prennent un verre… en uniforme. Ils nient avoir été ivres au moment des faits. Leur voiture est garée à proximité. Ont-ils eu des mots avec leur future victime, un jeune de 21 ans ? Ce dernier, accompagné d’un ami, se dirige vers la voiture. L’ami en question sort un marqueur et écrit “Facile” sur le corps. Surpris par un autre équipage, le tagueur parvient à partir, son ami non. Dans des circonstances obscures, le jeune homme suspect est remis à une patrouille de nuit. Elle est chassée hors de tout cadre légal dans un domaine isolé à Vinaigrier. Il est alors frappé violemment au visage et se retrouve avec le nez cassé. Les agents communaux impliqués seront interpellés le lendemain par la police nationale. Ils se sont présentés au procureur puis à un enquêteur qui les a informés de leur inculpation. Les infractions qui subsistent sont : “Libération ou enlèvement pour faciliter une infraction suivie d’une libération avant le septième jour, violences aggravées (la suspension temporaire du travail de la victime est supérieure à huit jours), menace pour décider la victime à ne pas porter plainte.”