Ils sont quelques dizaines debout devant l’entrée de leur maison, certains en pyjama, mais tous couverts de conscience. En face, un solide groupe d’hommes en uniformes blancs marqués “Police” et armés de boucliers en plexiglas. L’instant d’après, la police procède à des manifestants qui sont en vain pour résister à beaucoup d’entre eux. Deux jours plus tôt, les résidents avaient reçu l’ordre de quitter leurs appartements dans cette maison de location de Nashi International à l’est de Shanghai. Les autorités voulaient en faire un centre d’isolement pour les patients atteints de Covid-19. “Je suis frustré et en colère. On ne nous a pas dit pourquoi notre maison avait été choisie. Est-il normal de mettre les personnes infectées dans la même communauté que les personnes saines ? “S’ils fument depuis leur balcon, nous pouvons le sentir depuis le nôtre.” Selon elle, dix personnes ont été arrêtées. Shanghai dispose déjà de 160 000 places pour isoler les patients Covid pendant deux à trois semaines. Mais avec plus de 20 000 nouvelles infections par jour, les autorités tentent d’isoler de plus en plus de patients. Une ruée irrésistible qui exaspère de plus en plus les 25 millions d’habitants de la grande métropole chinoise, après plus de deux semaines de sévères restrictions qui n’en finissent plus. Partout dans la ville, les manifestations se multiplient. Certains crient leur désespoir par leurs fenêtres. D’autres tentent d’appréhender les officiels en visite. Les foyers refusent collectivement de subir des examens quotidiens. Sur les réseaux sociaux, les appels à l’aide sont légions : problèmes d’approvisionnement alimentaire, mais aussi accès aux soins face à des procédures draconiennes. Beaucoup expriment simplement leur incompréhension face à une incarcération stricte mais mal organisée et se sentent traités comme du “bétail”, soumis à des procès à répétition et privés de tout contrôle sur leur existence.
“Inconvénients temporaires”
Leona Cheng, 22 ans, s’est retrouvée dans l’un des centres d’isolement fin mars, 48 heures après avoir été testée positive. Arrivée au milieu de la nuit, on lui a remis un bracelet en plastique avec une marque QR et un numéro, avec lesquels elle sera identifiée pendant les deux semaines de son séjour. Des lits séparés par des cloisons basses sont alignés dans l’immense hall de l’Exposition universelle. Pas d’intimité. “Le plus difficile, c’était l’hygiène”, confie la jeune femme au téléphone, la voix encore rauque. Il n’y avait pas de douches ni d’eau courante dans les lavabos ou les toilettes. Pour se laver ou se rincer, il fallait remplir une bassine avec des distributeurs d’eau potable. C’était vraiment sale. “Pendant deux semaines, elle se lave avec des lingettes qui passent sous ses vêtements pour éviter de se déshabiller en public : hommes et femmes ne sont pas séparés. “Ce qui se passe à Shanghai est irréaliste. Les gens ont faim ou n’ont pas accès aux soins médicaux, pourtant nous ne sommes pas en guerre ! Cette politique est vraiment inhumaine. » Vous devez lire 51,22% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.