Posté hier à 17h04
Katherine Harvey-Pinard La Presse
Simon-Olivier Lorange La Presse
Dans une lettre envoyée à tous les membres jeudi après-midi, le conseil d’administration de Hockey Québec, de concert avec les 12 autres fédérations provinciales et territoriales, demande qu’une rencontre spéciale se tienne « dans les plus brefs délais avec le président et le conseil d’administration de Hockey Canada ».
Le but de cette rencontre est d’obtenir « plus d’informations sur le traitement des allégations d’agressions sexuelles » qui ont eu lieu en 2018 à London, en Ontario, après le gala annuel de la Fondation Hockey Canada. Huit joueurs de hockey, pour la plupart de l’équipe nationale des jeunes, auraient agressé une jeune femme très ivre dans une chambre d’hôtel. L’affaire n’a été rendue publique qu’en mai dernier, près de quatre ans après les événements. Depuis plus de deux mois, Hockey Canada fait l’objet de critiques quotidiennes pour sa gestion du dossier.
«Nous avons été consternés et demeurons préoccupés, comme plusieurs de nos membres, par la conduite alléguée, ainsi que par la gestion et les décisions prises par Hockey Canada», écrit Hockey Québec. Ce que l’on apprend en marge de cette situation est contraire aux valeurs que notre sport doit véhiculer aux participants et à ceux qui les encadrent. »
Comme condition de base au paiement des cotisations par leurs membres respectifs, les fédérations demandent à Hockey Canada de leur fournir un rapport écrit sur l’élaboration du « Plan d’action pour mettre fin à la culture du silence et aux comportements toxiques dans le monde du hockey en Canada”, a annoncé l’organisation le 25 juillet.
Les fédérations veulent également « comprendre le rôle que le conseil d’administration de Hockey Canada a joué une fois qu’il a été mis au courant des allégations » et quelles mesures ont été prises jusqu’à maintenant. Au cours des dernières semaines, le président et chef de la direction de Hockey Canada, Scott Smith, a été le principal porte-parole de l’organisation. Les appels à sa démission se sont multipliés, notamment de tous les partis à la Chambre des communes. Le CA et son président Michael Brind’Amour, pour leur part, sont restés complètement silencieux. La Presse a, à plus d’une reprise, demandé une entrevue avec Me Brind’Amour, un avocat dont le cabinet est situé à Joliette. Il n’a plus jamais appelé.
Ultimatum
Les fédérations provinciales et territoriales lancent un ultimatum à Hockey Canada : elles demandent un « rapport d’étape écrit détaillant les mesures prises et les mesures prises comme indiqué dans le plan d’action » d’ici le 30 novembre. le premier versement de la cotisation des membres à l’association est versé le lendemain. Une “mise à jour du rapport d’avancement” est également demandée d’ici le 31 mars 2023, la veille du deuxième volet de la saison. Cette mise à jour répondra “y compris mais sans s’y limiter” aux huit actions répertoriées dans la mission. « Nous avons tous un rôle à jouer pour le bien-être de nos joueurs, ainsi que de tous ceux qui travaillent dans l’écosystème du hockey. Notre sport doit faire plus, mais surtout mieux. Le hockey doit être plus qu’une question de jeu », conclut la lettre signée par Claude Fortin, président du conseil d’administration de Hockey Québec. M. Fortin n’était pas disponible pour des entrevues. L’agression présumée en 2018 a fait l’objet d’une enquête par la police de London ainsi que par un cabinet d’avocats retenu par Hockey Canada. Les deux enquêtes ont été closes en 2019 et 2020, respectivement, mais ont depuis été rouvertes. Seulement 10 joueurs, sur les 19 présents au gala 2018, avaient coopéré à la première enquête commandée par Hockey Canada. L’affaire n’a jamais été portée devant les tribunaux. La victime a intenté une poursuite civile le 20 avril contre les joueurs en question, contre Hockey Canada et contre la Ligue canadienne de hockey. Un mois plus tard, il a été extradé. Une enquête du Globe and Mail a révélé il y a quelques jours que Hockey Canada avait utilisé pendant des années un fonds spécial de plusieurs millions de dollars, financé en partie par les frais payés par les parents de joueurs à travers le pays, pour indemniser les victimes d’agressions sexuelles extrajudiciaires. . Grâce à ce processus et à d’autres sources de financement, la fédération a versé 12,5 millions de dollars à 22 victimes depuis 1989.
L’ancienne Cour suprême examinera la gouvernance du hockey au Canada
Afin de « regagner la confiance » des Canadiens, Hockey Canada a demandé à l’ancien juge de la Cour suprême Thomas Cromwell de revoir sa gouvernance. “Une fois terminé, l’examen conduira à des recommandations pour d’éventuels changements ou améliorations dans la gouvernance de l’organisation”, a écrit la fédération nationale dans le communiqué. M. Cromwell devra principalement juger, dans le cadre d’une « évaluation indépendante », si les dirigeants de Hockey Canada peuvent rester en place. L’ancien juge sera épaulé par les avocates Victoria Prince et Nadia Effendi, du cabinet Borden Ladner Gervais.