• A lire aussi : Maripier Morin : “Je suis alcoolique, toxicomane et toujours en traitement” “Notre rapport à l’image est tellement biaisé aujourd’hui à cause des réseaux sociaux, à cause de cette pression que nous ressentons de la société pour exister et être vu”, a commenté Maripier Morin lors d’entretiens faisant la promotion du film. Et elle en sait quelque chose, ayant fait ses débuts sur le petit écran dans l’émission de téléréalité “Double Ownership” avant de devenir l’une des “beautés” de “The Banker” et finalement chroniqueuse, animatrice star adorée du public. … avant qu’elle ne tombe gravement de son podium à la suite d’allégations d’agressions sexuelles, de comportements inappropriés et de propos racistes. Si elle est de retour aujourd’hui en portant ‘Arlette’, c’est parce que Mariloup Wolfe l’a choisie après une audition rigoureuse. Un choix qu’il a fallu défendre bec et ongles. “J’ai beaucoup d’honnêteté, a confié le réalisateur. Et honnêtement, je ne pensais pas que ce serait aussi gros. J’ai fait un travail vraiment créatif, je lui ai donné quatre auditions. […] Est-ce que je savais ce qui s’était dit ? Oui, quelques pièces. Alors… Serai-je le tribunal ? Ce n’est pas ma personnalité. Et je trouve cela dommage pour tous les artisans.” « Lorsque Maripier est venue à l’audition, les mots dans sa bouche sonnaient complètement différemment. Il a une vulnérabilité et une fragilité et les mots ont alors pris un tout nouveau sens. J’ai été secoué”, a-t-il noté. Une si longue attente Le long métrage suit Arlette Saint-Amour (Maripier Morin), rédactrice en chef d’un magazine nommée ministre de la Culture par le premier ministre (Gilbert Sicotte) du Québec. Immédiatement attaquée par l’ensemble de la classe politique masculine, elle a rapidement contrarié le chancelier de l’Échiquier (David La Haye) en exigeant qu’il respecte la promesse électorale du parti de 100 millions de dollars à son ministère. Et le combat que mènera Arlette ne sera pas seulement politique. Mettant en scène une jeune femme jetée dans la « fosse aux lions » de la politique, Arlette, ce « mythe répandu » de la réalisatrice, parfois gracieuse et souvent féroce, confronte la misogynie, le féminisme et la brutalité de la politique en insistant sur l’image que nous projetons à travers remarquablement des dialogues bien écrits, des références historiques et culturelles et des clins d’œil qui irritent sans relâche ceux qui nous gouvernent. “Arlette” faisait déjà l’objet de dépôts institutionnels, Marie Vien (“La passion d’Augustine”) ayant travaillé sur le scénario pendant 10 ans. Lorsque le projet est arrivé entre les mains de Mariloup Wolfe, « j’avais 24 heures pour donner ma réponse. Après lecture, j’ai dû rencontrer l’auteur. C’est une proposition forte, c’est une comédie satirique, une fable qui n’a pas de morale, il fallait que je m’y colle, que je comprenne, que j’aie des images. « Toutes les références à la monarchie, à Versailles, m’excitaient complètement. Je venais de regarder, sauf pour ‘The Crown’. Avec “Arlette”, j’étais dans un monde moderne avec des enjeux globaux comme la culture – toujours la même conversation -, l’argent, le féminisme, cette femme a été projetée dans un autre milieu où elle ne sait pas comment ça marche et qui fait des erreurs. la puissance de l’image, toutes les références historiques… Il y avait tellement de choses avec lesquelles je pouvais m’amuser et ne pas être “hétéro”. Le réalisateur a tout prévu depuis le début. “Nous supposons les intertitres, nous supposons l’humour, nous supposons l’ironie, nous supposons la satire, mais tout cela – et c’était vraiment mon passe-temps – dans un vrai jeu minimaliste.” Et il s’est également adjoint les services d’Yves Bélanger, directeur de la photographie attitré de Jean-Marc Vallée. De ZZ Top à Lara Fabian Au casting, Mariloup Wolfe a choisi ses acteurs en fonction de « leur intensité. Je suis quelqu’un qui aime la tension, la passion, l’investissement. J’aime ceux qui osent, quelles que soient leurs opinions. J’aime les gens qui n’ont pas peur de se battre, les gens qui n’auront pas peur d’être laids, les gens qui se laisseront aller.” Outre Maripier Morin, Gilbert Sicotte devient premier ministre, Antoine Bertrand, chef de file de l’opposition, Benoît Brière comme attaché politique, Paul Ahmarani comme attaché de presse, Lara Fabian, ministre française du commerce – anecdote amusante : Jean Dujardin et Omar Sy ont été approchés, mais n’étaient pas disponibles –… et Micheline Lanctôt, présidente de l’Assemblée nationale. Pour ce dernier, le réalisateur a pris “Queen Elizabeth II. Elle l’a fait par amitié parce qu’elle était mon professeur à Concordia. Quant à David La Haye, il voulait jouer l’attaché de presse. Lors de l’audition « J’avais une barbe sur le torse et des cheveux longs. J’avais le look ZZ Top ! Mariloup me dit qu’elle a vu mon audition, qu’elle m’aime beaucoup, que je réponds facilement aux consignes… et me demande ce que je penserais de jouer le ministre des finances. Qu’il m’ait proposé ce rôle alors que j’avais ce look ! J’avoue que j’avais peur car ce rôle est à l’opposé de moi, il est dur, austère. Et surtout c’est un misogyne alors que moi c’est le contraire. L’acteur a puisé dans son répertoire théâtral classique pour construire son personnage, faisant “un mélange entre Iago [personnage du “Othello” de Shakespeare] et Richard III”. Maripier Morin s’est préparé pour « quatre mois d’entraînement intensif. Lorsque je prends en charge un projet, je choisis un coach associé au projet. Mariloup a accepté que je travaille avec Daniel Parent. Je connaissais le texte de tout le monde. Sans rien dévoiler, l’actrice a également tourné une scène intime avec Lara Fabian. “C’est l’un de mes moments préférés sur le plateau. Lara est infiniment douce, tellement gentille. Comme toutes les femmes, j’ai un rapport étrange avec mon corps alors que je trouvais le sien si beau. Et je pensais que nous avions le même corps et j’ai pensé que c’était drôle que je puisse la trouver belle alors que je me déprécie encore, comme nous tous. Depuis ce jour, il y a eu un « avant » et un « après » dans ma façon de voir mon corps. Tout ce film était thérapeutique pour tant de raisons.” Cerise sur le gâteau, “Arlette” sera présentée au Festival de la Francophonie d’Angoulême fin août. “Nous sommes tellement contents! Leur enthousiasme pour le film ! J’avais envie de pleurer parce que le processus a été difficile l’année dernière. Avoir des gens dehors qui n’apprécient que l’écriture, le jeu, la proposition cinématographique de Marie… c’était un baume pour moi ! Et nous serons également présents à Namur en Belgique. Le film commence sa petite vie européenne”, a conclu Mariloup Wolfe. “Arlette” débarque dans des salles obscures à la campagne à partir du 5 août.