La durée inédite du procès du 13 novembre aurait une vertu : celle de voir les hommes en boîte évoluer au fil des semaines, surtout une. Un chapitre important des discussions s’est achevé vendredi 15 avril avec la fin des interrogatoires des accusés. En prononçant ses derniers mots, Salah Abdeslam s’est laissé submerger par l’émotion et a demandé pardon aux victimes. L’image sombre du “combattant” autoproclamé de l’Etat islamique faisant rage dans le box au premier jour du procès semble déjà lointaine.
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Son avocate, Olivia Ronen, vient de lui demander s’il regrettait de ne pas avoir terminé son opération suicide. “Je ne regrette pas d’avoir abandonné, je n’ai pas tué. Aujourd’hui, ces gens sont vivants. S’ils savaient ce qu’ils manquaient ζαν Ils s’amusaient naïvement, j’étais devant eux. Et je suis parti. Je ne regrette pas, pour eux, pour moi, pour ma famille. “Ma mère me dit qu’elle voit ses deux fils en moi, que je compense la perte du premier”, dit-il en pensant au frère de Brahim qui s’est fait exploser.
Dans le rapport de sa mère, ses yeux se brouillent, il lève les yeux, cherche de l’air puis poursuit : “Cette histoire du 13 novembre a été écrite dans le sang des victimes. C’est leur histoire et j’en fais partie. Ils sont connectés à moi et moi à eux. Il cite un hadith : “Haïssez votre ennemi avec modération, peut-être qu’un jour il deviendra votre ami.” Il s’est alors adressé aux civils : « Je vous demande aujourd’hui de me haïr avec modération. Je m’excuse auprès des victimes. Je sais qu’il y a une haine entre moi et vous, je sais que nous ne serons pas d’accord, mais je vous demande de me pardonner. »
Déni et immaturité
L’armure était fendue. La dureté des éléments de propagande qu’il a proférés au début du procès a fait place à des propos sensibles. Salah Abdeslam donne l’impression d’avoir passé ces sept mois de discussions à se rassembler, à chercher sa nouvelle identité. Le projet n’est pas terminé. L’ambivalence de l’homme qui refuse de condamner les attentats mais dit avoir renoncé à se faire exploser par “l’humanité” existe toujours. Son immaturité aussi. Il lutte toujours pour assumer l’entière responsabilité du massacre. Quelques instants avant ses larmes, un dialogue avec un avocat du parti bourgeois avait montré l’ampleur de son déni : « Moi, je n’ai pas tué. Je mérite ce qui m’arrive, mais je ne vais pas payer pour ceux qui ont été tués au Bataclan, sur les toits, au Stade de France. “Son avocat souligne qu’il a largué ‘trois bombes humaines qui ont tué’ devant le Stade de France : ‘Comprends-tu que ça puisse être choquant de dire que tu n’as tué personne ? Il ne vous reste plus qu’à lire 58,72% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.