Très attendue, la réunion des exportateurs de brut réunis sous le nom d’OPEP+ n’a produit que quelques gouttes d’or noir supplémentaires. Les treize pays membres de l’Opep et leurs dix alliés, dont la Russie, se sont mis d’accord “pour augmenter la production de 100 000 barils par jour en septembre”. Une quantité dérisoire par rapport à la consommation mondiale (environ 100 millions de barils par jour) ou aux augmentations décidées les mois précédents, environ 430 000 puis 650 000 barils supplémentaires. Lire aussi L’OPEP+ prête à produire plus de pétrole Les membres du cartel dirigé par l’Arabie saoudite et la Russie ont résisté aux appels de Joe Biden. Le président américain avait fait le déplacement à Riyad mi-juillet, se liant d’amitié avec un État fronçant les sourcils après l’assassinat brutal du journaliste dissident Jamal Khashoggi en 2018. Washington avait également accepté de vendre des missiles de défense à Riyad et aux Émirats arabes unis (EAU). dans l’espoir d’avoir plus de pétrole. Alors que l’inflation aux États-Unis atteint son plus haut niveau depuis quarante ans, à trois mois d’une échéance électorale clé, Joe Biden veut faire baisser les prix du carburant.

Hausse symbolique

L’augmentation annoncée mercredi, “symbolique” ou “presque insultante” selon les observateurs, n’aidera pas à surmonter la crise énergétique. Il a immédiatement augmenté les prix du pétrole brut, qui ont ensuite chuté. En fin d’après-midi, le baril de Brent s’échangeait en dessous de 99 dollars. La décision de l’Opep+ montre que l’organisation reste unie et épargne la Russie, dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux de Washington. Le cartel a insisté mercredi sur “l’importance de maintenir un consensus”. À VOIR AUSSI – En Allemagne, Olaf Scholz ouvre la porte à l’expansion de l’exploitation des centrales nucléaires Au printemps 2020, au début de la pandémie, l’OPEP+ a décidé de réduire drastiquement sa production. L’objectif était d’éviter d’inonder le marché alors que le Covid-19 avait quasiment paralysé l’activité mondiale et soutenu les prix. L’alliance, qui pompe près de 40% de la production mondiale d’or noir, a ensuite pris sur elle au printemps de l’année dernière de rouvrir progressivement ses portes. Près d’un an plus tard, cette décision aurait ramené la production aux niveaux d’avant Covid.

Capacité limitée

Mais la situation est compliquée. En effet, de nombreux producteurs n’ont pas pu retrouver leur niveau de production d’avant l’épidémie, faute d’investissements ou en raison de crises politiques plus ou moins locales. Parmi les membres de l’OPEP+, seuls l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis ont une réelle capacité à augmenter leur production. Là encore, ces deux pays ont signalé à Emmanuel Macron, qui a accueilli la semaine dernière le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, que leur marge de manœuvre s’est rétrécie. Lire aussi Les Occidentaux cherchent à limiter le prix du pétrole russe L’Opep+, qui se réunira à nouveau le 5 septembre, craint également une détérioration de l’activité économique mondiale qui fera fondre la demande et les prix. Ces craintes ont poussé le Brent en dessous de 110 dollars le baril depuis début juillet après des mois de gains liés à la guerre en Ukraine et à la politique « zéro Covid » de Pékin. Cependant, les pays exportateurs, qui profitent largement des prix élevés, hésitent à changer la donne. L’Arabie saoudite, par exemple, a vu son PIB bondir de près de 12 % au deuxième trimestre 2022, grâce à la hausse des revenus pétroliers. VOIR AUSSI – Nord Stream : Olaf Solz accuse Moscou de bloquer la livraison des turbines