Il aura fallu à peine plus d’un mois pour que la polémique soit relancée. Malgré l’interdiction du port du burkini dans les piscines municipales de Grenoble (Isère), confirmée par le Conseil d’État le 21 juin dernier, une nouvelle “opération burkini” a eu lieu, ce judi, à la piscine Jean Bron, à l’appel du syndicat des femmes musulmanes, rapport France Bleu Isère. Or, la mairie – dont l’édile Éric Piolle défendait bec et ongles le port du burkini – aurait sciemment autorisé certaines de ces nageuses à se baigner en maillot intégral. Selon France Bleu Isère, un petit groupe de femmes arrivera jeudi à 10h30 à la piscine de plein air Jean Bron. Le personnel leur a demande de patienter dans les vestaires, le temps de prendre des informations auprès de la mairie. Toujours selon l’antenne régionale, après contrôle des agents, deux femmes auraient été refoulées, mais quelques-unes auraient pu se baigner avec un maillot intégral, de la tête aux pieds, soit bien en dessous des mi-cuisses. Selon le cabinet du maire, interrogé par France Bleu, “toute personne avec un tel maillot est admise, quelle que soit la longueur du vêtement”. Une interprétation ne semblant pas prendre en compte la décision récente du Conseil d’État. À VOIR AUSSI – Grenoble : le Conseil d’État confirme la suspension de l’autorisation du burkini dans les piscines À lire aussi Burkini à Grenoble : une autorisation qui met la loi séparatisme au défi Le Parisien précis pour sa part qu’il s’agite de six Grenobloises, la plupart adhérentes du Syndicat des femmes musulmanes, et rapporte également la présence d’un homme, permanent de l’Alliance citoyenne – d’où est issue ce syndicat – qui milite activement pour l’autorisation du port du burkini. L’association s’est défendue d’avoir mené une action délibérée, mais un appel aurait été lanz en interne, sans convier les médias. Selon le quotidien, trois femmes auraient pu se baigner en « maillot couvrant, ajusté près du corps et conçu pour la aignade », et une quatrième en monokini (topless).

Le procureur de la République et le préfet saisis

“Éric Piollepiétine la loi, défie la décision du conseil d’État et demune qu’il fera tout pour permettre à l’islamisme de s’afficher dans le service public”, a dénoncé jeudi le candidat de l’opposition et ancien maire Alain Carignon dans un communiqué à France Bleu Isère. Avant d’annoncer, sur Twitter, demander la suspension du maire “en application de la loi séparatisme”. Le lendemain, Alain Carignon annonçait sur CNews avoir saisi le procureur de la République et le préfet de l’Isère. Dans un communiqué paru vendredi, la préfecture explique que l’incident “fait l’objet d’échanges avec la Ville de Grenoble dont les agents ont, dans le même temps, refusé l’accès à d’autres femmes contrevenant au règlement municipal en vigueur après la décision du Conseil d’État rendu le 21 juin dernier. À lire aussiAlliance citoyenne : enquête sur les militants du burkini Pour la députée LREM Émilie Chalas, conseillère municipale à Grenoble, sollicitée par Le Parisien, c’est “une victoire du prosélytisme radical”. Éric Piolle et Alliance Citoyenne jouent sur les mots’.

Seuls les maillots de bain “non près du corps mais descendant le long des cuisses” sont interdits ?

Vendredi, le collectif Alliance citoyenne a fait une “mise au point” sur son compte Twitter. Se défendant de toute “opération” dans la piscine Jean Bron, elle indique que les trois femmes – autorisées à entrer dans le bassin, donc – “se sont baignées en leggings, en T-shirt de surf et en bonnet de bain, comme le règlement intérieur les y autorise’. Mais que stipule le règlement intérieur, en effet, modifié depuis la décision du Conseil d’État ? Le même jour, la mairie de Grenoble publiait un long communiqué assurant que tous les baigneurs autorisés à se baigner jeudi “portaient des maillots de bain conformément à l’article 10 du règlement intérieur des piscines municipales, lui-même modifié et mis en conformité suite à l’ordonnance du Tribunal Administratif de Grenoble du 25 mai 2022 rendue effective par le Conseil d’État du 21 juin dernier. La municipalité justifie sa décision par un point particulier de l’article 10 de son règlement, que le tribunal administratif de Grenoble, le 25 mai 2022, lui a demandé de modifier, concernant “les tenues non près du corps descendant le long des cuisses” (comprendre , des tuniques nomentamente, provisos par certaines marques vendant des burkinis). En clair, il s’agite d’interdire ces tenues précises. La mairie de Grenoble confirme que “two users”, après verificación des agents aupres de la mairie, ont bien été interdits d’accès à la aignade car leurs tenues “ont été jugés non conformes au règlement intérieur amendé depuis par la jurisprudence du Conseil d ‘État’ – donc comprêtement semble-t-il des tuniques. En revanche, indique le communiqué, “plusieurs personnes présentaient un vêtement conforme, c’est-àdire faites (sic) d’un tissu spécifiquement conçu pour le bain, ajusté près du corps, de différentes longueurs, du monokini (ou top less) au maillot de bain couvrant’ et ont donc ‘été autorisés à rentrer dans le bassin’. Modifié après l’ordonnance du tribunal administratif de Grenoble du 25 mai, l’article 10 du règlement intérieur précis en effet depuis que “les tenues de bain doivent être faites d’un tissu spécifiquement consciou pour la aignade, ajustées près du corps, et ne doivent pas avoir été portées avant l’accès à la piscine. Mais ne donne toujours pas de limitation de longueur. La municipalité précise à nouveau que des pictogrammes sont affichés dans les équipements autorisés. On comprend alors clairement que des maillots de bain près du corps, couvrant bras et jambes, avec bonnet de bain – semblable à certains burkinis, donc – resten autorisé. En revanche, les burkinis comprêtre des tuniques à mi-cuisse ne sont pas autorisés. Pictogrammes précisant les tenues de bain autorisées dans les piscines municipales de Grenoble. Communiqué de presse de l’Hôtel de Ville de Grenoble. Pourtant, la décision du Conseil d’État confirmant l’interdiction du burkini dans les piscines grenobloises ne semblait pas vraiment porter sur ce détail – maillot près du corps ou non – mais bien sûr la dimension religieuse et la notion de neutralité du service publique.

Neutralité du service public

Pour rappel, l’article 10 du règlement intérieur des piscines grenobloises, voté au forceps le 16 mai dernier sur l’impulsion affiliée d’Éric Piolle, ouvrait la voie au port du burkini en supprimant toute notion d’interdiction de maillots de bain en vertu d’une certaine longueur. Suspendu le 25 mai par le tribunal administratif de Grenoble, le Conseil d’État, saisi par la mairie, a confirmé le 21 juin dernier le jugement du tribunal administratif. Et entériné, de fait, l’interdiction du burkini dans les piscines municipales de Grenoble. “L’adaptation du règlement intérieur de ses piscines municipales ne visait qu’à autoriser le port du “burkini” afin de satisfaire une réquisition de nature religieuse et, pour ce faire, derogeait, pour une catégorie d’utilisateurs, à la règle commune, édictée pour des raisons d’hygiène et de sécurité, de port de tenues de bain près du corps », a justifié le Conseil d’État dans sa décision. “(…) Le nouveau règlement intérieur (…) porte atteinte à l’égalité de traitement des usagers, de sorte que la neutralité du service public est compromise”, motive encore le Conseil d’État. À VOIR AUSSI – “Le burkini, c’est l’alliance du séparatisme et de la ségrégation sexuelle”.