franceinfo : Le choix de l’AP-HP de maintenir l’obligation du port du masque était-il nécessaire ? Francis Berenbaum : Bien sûr, c’était nécessaire, et même évident pour nous sur le terrain. Les hôpitaux sont des endroits où il y a des malades, évidemment, et les malades sont les plus à risque de contracter le Covid. Le Covid peut encore provoquer des formes sévères. On parle beaucoup de formes bénignes, mais pour les personnes qui ont différentes pathologies, et notamment les personnes immunodéprimées qui sont hospitalisées, c’est vraiment une nécessité. Le ministère de la Santé affirme toujours que le port du masque est toujours fortement recommandé. Préférez-vous une obligation nationale ? Pour les hôpitaux, je pense. Mais je ne peux pas imaginer un hôpital sur le territoire qui ne le rendra pas obligatoire. Dans nos hôpitaux, il y a des personnes immunodéprimées, des personnes âgées qui peuvent facilement attraper le Covid et qui risquent d’avoir encore des formes sévères. Et puis tous les hôpitaux du territoire sont en sous-effectif. Un infirmier, un soignant, un opérateur radio, quel qu’en soit le professionnel, qui attrape le Covid, ne sera plus hospitalisé pendant quelques jours, mais le manque de personnel est criant. La moindre personne absente d’une équipe peut complètement déstabiliser tout un service. Comment vont les soignants à l’hôpital Saint-Antoine ? On y va comme dans la majorité des hôpitaux publics et des services privés. Le personnel est fatigué, ils sont vraiment sur la corde raide. Les équipes n’ont aucune marge de manœuvre s’il n’y a jamais de staff. Comme le personnel est fatigué, c’est un gros risque. Nous sommes donc tendus, stressés. Le personnel vient de vivre deux ans d’épidémie et, derrière elle, continue de faire face à d’énormes difficultés. Si vous deviez lancer un appel au gouvernement ou aux citoyens, quel serait-il ? Nous sommes à plusieurs mois d’avoir cette obligation. Je n’ai pas de conseil pour le gouvernement. Ils font ce qu’ils peuvent. “Mais à mon niveau, je dis attention : quand tu entres dans un hôpital, protège les autres et tu te protégeras en faisant ça.” Francis Berenbaum, médecin à l’APHP St-Antoine franceinfo