Question centrale de la campagne présidentielle et législative, le projet de loi “mesures d’urgence” pour le pouvoir d’achat, premier volet du paquet de mesures de lutte contre l’inflation, a finalement été approuvé mercredi 3 août à l’Assemblée nationale puis au Sénat. Le texte avait été amendé par les sénateurs avant qu’un accord ne soit trouvé en commission paritaire lundi, trois semaines après des débats chaotiques à l’Assemblée nationale.
La contestation de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) a été renouvelée, lors du vote solennel, avec le dépôt anticipé d’une motion de rejet par La France insoumise. “On ne peut que rejeter un texte de loi indigne, qui prépare les Français à la privation et au renoncement aux droits fondamentaux”, a tenté de se défendre la députée de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvou. “Vous devriez avoir honte de demander le rejet de cette motion”, a réagi le centriste Bruno Millien, qui a accusé la gauche de ne pas respecter le résultat de l’accord trouvé entre sénateurs et députés. La proposition n’est pas soutenue par les députés socialistes pourtant membres du Nupes, et le texte est finalement approuvé à une large majorité, avec 395 voix contre 112. Le Sénat fait de même, quelques heures plus tard, avec 245 voix contre 27 et 72 abstentions.
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Outre le projet de loi de finances rectificative pour 2022, qui fera à son tour l’objet d’une commission paritaire mercredi soir, l’arsenal voulu par l’exécutif pour lutter contre l’inflation comprend 20 milliards d’euros de dépenses. Côté travail, tout d’abord, le texte prévoit le triplement du plafond de la « prime Macron » : les employeurs pourront verser jusqu’au 31 décembre 2023 une prime extraordinaire d’un montant maximum de 3 000 euros (ou 6 000 euros). , dans le cadre d’un accord d’intéressement), sont exonérés d’impôt sur le revenu, de cotisations et de cotisations sociales pour les salariés dont les revenus sont inférieurs à trois fois la valeur du salaire minimum. Sur la question des heures supplémentaires, les entreprises de vingt à deux cent cinquante salariés pourront voir leurs cotisations patronales réduites de 50 cents par heure supplémentaire effectuée. Une initiative du parti Les Républicains (LR), soutenue par le gouvernement.
Objet d’un profond désaccord sur un éventuel alignement sur l’inflation, une augmentation de 4% des pensions de vieillesse et d’invalidité des régimes de base a été entérinée par les députés, après une première hausse automatique de 1,1% en janvier. Les allocations familiales et les minima sociaux, comme le revenu de solidarité active, l’allocation adulte handicapé (AAH), l’allocation de solidarité aux personnes âgées et les allocations sociales étudiantes, augmentent au même niveau – certaines de ces prestations sociales elles avaient déjà augmenté de 1,8%. % en avril. La mesure prendra effet à partir du 1er juillet, rétroactivement.
Utilisation accrue des combustibles fossiles
Le vote au Sénat n’a pas modifié le découplage de l’allocation aux adultes handicapés, qui est soutenu par le gouvernement à la Chambre. Le versement de l’allocation ne sera plus calculé en fonction du nombre de parts fiscales du foyer, ce qui a rendu 270 000 personnes en couple – sur les 1,2 million qui perçoivent l’AAH – dépendantes de leurs revenus communs. Le texte envisage une mise en œuvre au 1er octobre 2023.
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Mais les sénateurs ont marqué leur passage sur le texte en étendant le “bouclier des loyers”, un plafond de variation des loyers de référence à 3,5% de juillet 2022 à juin 2023, sur les loyers commerciaux des PME pendant un temps. Par ailleurs, l’allocation personnalisée de logement versée à partir du 1er juillet sera revue au préalable.
Les procédures de résiliation des contrats sur Internet ont également été simplifiées : chaque entreprise doit mettre à la disposition de ses clients un “bouton résilier” dont l’accès doit être “facile, immédiat et permanent” pour résilier un contrat s’il a été conclu par voie électronique ou si celui-ci service existe au moment de la résiliation. Les sanctions pénales prononcées en cas de pratique commerciale trompeuse ou abusive, si elles sont suivies de la conclusion d’un contrat, ont également été renforcées.
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Le projet de loi sur le pouvoir d’achat comprend plusieurs mesures pour répondre aux craintes d’une rupture de l’approvisionnement en gaz russe vers l’Europe, permettant une utilisation accrue des combustibles fossiles. Un cadre légal a été approuvé pour le redémarrage à l’hiver prochain de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), fermée en mars. Le texte permet de relever les plafonds d’émissions de gaz à effet de serre en cas de “menace sur la sécurité d’approvisionnement électrique” et sous réserve de compensations. Des dérogations et simplifications administratives ont également été approuvées pour accélérer la mise en service, en septembre 2023, d’un terminal méthanier flottant au Port du Havre (Seine-Maritime) afin de diversifier les sources d’approvisionnement en gaz naturel.
Simon Auffret et Brice Laemle (avec AFP)