En jeu cette fois : près de 137 000 euros que le finaliste aurait détournés à des fins personnelles à l’élection présidentielle lorsqu’il siégeait à Strasbourg entre 2004 et 2017. Au total, le parti est accusé d’avoir détourné 617 000 euros, additionnant les sommes avec la participation de trois autres anciens eurodéputés RN, selon Mediapart, qui a mis en ligne des captures d’écran de plusieurs extraits du rapport.

1 Pourquoi le rapport Olaf accuse-t-il Marin Lepen ?

Dans ce document de 116 pages, l’Office de lutte antifraude de l’Union européenne demande au candidat RN le remboursement à titre personnel de 136 993,99 euros, “correspondant à diverses malversations imputées par l’agence antifraude au candidat”, selon Mediapart. Sont également exposés trois autres anciens députés européens : Jean-Marie Le Pen, Louis Alio et Bruno Gollins. Le montant total requis est de plus de 617 000 euros, selon Olaf. L’enquête d’Olaf accuse également la candidate et ses anciens députés de plusieurs conflits d’intérêts. Mediapart rapporte que dans plusieurs cas, le budget alloué par l’Europe au parti a été utilisé pour des dons à des clubs tenus par des proches ou des membres du Rassemblement national.

2 A quoi correspondent exactement les sommes réclamées par Olaf ?

Selon Mediapart, Olaf accuse Marin Le Pen et les trois anciens eurodéputés de détournement de fonds publics européens à des fins politiques nationales. Parmi les exemples les plus précis, on retrouve dans le rapport, plus de 23 000 euros d’objets promotionnels livrés au siège du parti et qui “semblent avoir été achetés pour la conférence FN à Lyon” en 2014. Son site de recherche cite également plus de € 4 100 bouteilles Beaujolais distribuées par Bruno Gollnisch lors de la même conférence.

3 Quand la justice française a-t-elle été informée ?

Interrogé par l’Agence France-Presse, le parquet de Paris a répondu avoir reçu le rapport le 11 mars, confirmant l’information de Mediapart. Selon le site d’information, Olaf déclare dans son rapport que les faits ont été révélés “Peut engager des poursuites pénales contre d’anciens députés (…) pour actes frauduleux commis au détriment du budget de l’Union”. Plusieurs infractions susceptibles d’être poursuivies par les tribunaux sont répertoriées comme “escroquerie”, “faux”, “abus de confiance” ou encore “détournement de deniers publics”, selon Mediapart.

4 Comment ont réagi Marin Le Pen et ses partisans ?

Si Marin Le Pen ne s’est pas encore exprimé sur cette affaire, les réactions de ses supporters se sont multipliées. Invité de franceinfo dimanche 17 avril, Louis Aliot, qui était directement visé dans cette affaire, s’est indigné : “Olaf et Mediapart sont hors la loi et j’espère qu’on va saisir la justice pour savoir d’où viennent les fuites et comment elles sont “Une enquête a été diligentée car nous n’en savons rien”, a déclaré le maire RP de Perpignan. L’ancien député européen, qui “conteste formellement ce qui est contenu dans l’article”, affirme avoir chargé son avocat de savoir “comment il est possible aujourd’hui, dans des enquêtes comme celle-ci, que des médias comme Mediapart soient mieux informés que nous et que nous de ne pas avoir accès au dossier pour savoir de quoi ils nous accusent”. Sur RMC, dimanche matin également, Laurent Jacobelli, porte-parole de Marine Le Pen, a accusé les révélations de coïncider avec le calendrier présidentiel. “A chaque fois qu’elle est candidate, on lui jette une puanteur, quelques jours avant l’élection. Cela vient généralement d’ailleurs dans l’Union européenne, d’une manière ou d’une autre.” Une émotion partagée sur Europe 1 par Jordan Bardella, l’actuel président du Rassemblement national. “A deux jours du second tour, c’est bizarre !” critiqué. Avant d’ajouter que son parti entendait porter plainte : « C’est un office contre lequel nous avons porté plainte deux fois et qui fera l’objet d’une nouvelle plainte, mais le début de l’enquête à quelques jours du second tour ne sera pas s’en aller. personne n’est indifférent”.

5 Dans quel contexte surgit cette hypothèse ?

Ce n’est pas la première fois que la candidate d’extrême droite est visée pour avoir utilisé ses ressources publiques européennes. En 2018, l’ex-députée RN a en effet été accusée de “détournement de fonds publics” dans l’affaire dite des assistants du Parlement européen. Marin Lepen, qui a refusé à plusieurs reprises de comparaître devant le tribunal, est soupçonnée d’employer des associés payés sur de l’argent public européen pour travailler pour son parti. A l’époque, Mediapart avait révélé qu’un premier rapport de l’Olaf avait déjà demandé le remboursement de 339 000 € de fonds publics en 2016.