En mars, au milieu de la nuit, j’ai dû appeler une ambulance. Le lendemain de l’apparition d’un petit mal de gorge, ma soeur Manon avait maintenant du mal à respirer. Pour la première fois de notre vie, j’avais peur de la perdre.
Hormis son handicap mental, elle était néanmoins en bon état et triple vaccinée. Il m’a maudit ce maudit virus. Malgré mes trois doses de vaccin. Les deux ans de ma grande attention et du port du masque N95 lors de mes rares sorties.
Il y a quelques jours, Omicron m’avait quand même frappé, comme tant d’autres. Au fur et à mesure que je récupérais, je pensais que ma sœur s’en sortirait tout aussi facilement. Cependant, à la loterie Covid-19, tout le monde ne remporte pas le gros lot d’une reprise rapide.
Pour Manon, c’était l’hospitalisation. Chambre isolée, pression négative. Ma petite sœur, sous oxygène. Jour et nuit, un cocktail de drogue visant à son salut.
Il avait un courage exemplaire. La résilience porte son nom. Pour faire face au Covid à l’hôpital, il faut vraiment tout un village. Médecins. Infirmières. Bénévoles. Kinésithérapeutes. Orthophonistes. Inhalothérapeutes. Accompagnateurs de bénéficiaires. Equipe de désinfection. Etc.
Puis, par-dessus les masques, des sourires dans les yeux. Pour guérir les gens, il faut aussi de l’humanité. Merci à toute l’équipe. Elle nécessite également une présence attentive dans l’espace d’un proche.
Elle a besoin du soutien de sa famille. Petit ou grand. De près ou de loin. Bons amis. Bons voisins. De précieux conseils. Support en béton. A ceux qui, pour Manon et moi, avons répondu présents, par téléphone ou en personne, vous avez toute notre gratitude.
Toute notre gratitude
Nos sociétés et la pandémie créent tellement de solitude que nous n’osons plus nous tourner vers les autres. Cependant, nous devons réapprendre à le faire. Car l’hospitalisation pour Covid est terriblement difficile.
Au Québec, le système tombe en panne partout. C’est pourquoi il ne faut plus JAMAIS empêcher les proches aidants d’accompagner un proche à l’urgence, à l’hôpital ou au CHSLD.
Manon et moi y passions 12 à 14 heures par jour. Parce qu’il a un handicap mental, une escorte a pris en charge mes nuits. J’ai vu la bravoure de ma sœur et les liens qu’elle a tissés avec le personnel.
Pour ma part, je l’ai protégée, je l’ai rassurée. J’ai aidé les escortes du mieux que j’ai pu. Aux soignants, j’ai posé toutes les questions que l’on pouvait imaginer. Garder des notes. Il a appris à surveiller les signes de conséquences possibles dans les mois à venir. Covid est tout sauf un rhume.
Le moment venu, j’ai défendu les droits de ma sœur. Gentil, mais clair. Comme nous devrions tous le faire pour nous et nos proches.
Je portais tout le temps le N95 et ces maudites toilettes protectrices – ces sarcophages en plastique chauds comme un poêle. Le personnel, en revanche, peut s’occuper d’eux à plein temps pendant deux ans… Et puis on va se plaindre pourquoi on doit continuer à porter un masque à l’épicerie ? Sérieusement.
Mieux informé
Depuis sa récente sortie, Manon se remet doucement. Cependant, j’ai gardé la peur dans mon estomac. Y aura-t-il des conséquences ou une réinfection ou non ?
Dans une chambre d’hôpital, on a le temps de comprendre beaucoup de choses. Cet amour est fort, mais Covid n’est pas intéressé. Que la pandémie n’est pas terminée.
Et surtout, que sans sa triple dose de vaccin, Manon ne serait plus hors de ce monde. Alors que nous voyons le nombre d’hospitalisations augmenter, nous comprenons également que devoir “gérer ses propres risques” est insupportable.
Au contraire, le déni et la confusion gagnent du terrain. C’est pourquoi de plus en plus de Québécois ont besoin d’être mieux informés et guidés par les autorités sanitaires et politiques.
Élections ou pas, ce n’est certainement pas le moment pour le gouvernement de disparaître du radar de Covid.