“Bonjour d’Isola (Alpes-Maritimes), où les fontaines sont à sec”

A Isola (Alpes-Maritimes), les fontaines sont fermées pour économiser l’eau, en juillet 2022. (LOUIS VERAN / ELLEN LOZON / FRANCEINFO) “Isola, j’y vais tous les ans, parfois plusieurs fois par an, dans la maison familiale de mon mari. Depuis quand ? Eh bien, nous sommes mariés depuis cinquante-cinq ans. Mon beau-père m’a transmis le savoir des chemins, promenades à faire. Nous l’avons, à notre tour, transmis à nos enfants et petits-enfants. Pour la première fois cet été, tous les robinets du village, à l’exception d’un, à l’école maternelle, sont fermés. Même le robinet central , où les nombreux cyclistes et motards qui parcourent le massif l’été viennent s’abreuver et se rafraîchir, ils ne coulent plus. Arrivé ici le rituel est une petite balade autour de la châtaigneraie, le plateau du Louch, à proximité la cascade etc. c’est là que nous avons vu les effets de la sécheresse. J’ai commencé à peindre et j’avais l’intention de peindre les fleurs sauvages qui poussent encore autour du village. Mais je n’en ai pas trouvé. Ce n’est pas destructeur non plus, mais cela soulève des questions sur l’avenir. r. Ces dernières années, les jeunes des gens se sont installés ici : ils sont boulangers, restaurateurs, apiculteurs, brasseurs, etc. C’est un grand renouveau. Mais si un jour il n’y a plus d’eau ? Signature Marie-Noëlle, de Montpellier (Hérault)

« Bisous du Mônetier-les-Bains (Hautes-Alpes), où l’on voit fondre les glaciers »

La Meije, sommet emblématique du massif des Ecrins, situé de l’autre côté du col du Lautaret depuis la commune de Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes), voit ses glaciers fondre à toute allure, comme le montre cette photo avec une date d’expiration de juillet 2022. (FRANCOIS KAAYDJIAN / ELLEN LOZON / FRANCEINFO) “Je viens dans la région depuis trente ans pour pratiquer l’alpinisme et j’y ai une résidence secondaire depuis sept ans. Maintenant que je suis un peu plus âgé, je fais de la randonnée. Nous avons eu un hiver très sec avec des un peu déjà, lors d’une visite en mai, je me disais que je pensais que ce serait une année difficile. Pourtant, en arrivant en juillet, j’ai été surpris de voir à quel point les glaciers avaient l’air tristes. Impressionnant quand on regarde les Agneaux : ils ce sont deux sommets l’un noir et l’autre blanc avec de la neige dessus. Cette année les deux agneaux noirs c’est tout fondu là c’est nul de monter de toute façon je n’irai pas dans ces conditions avant hier on entendait des cailloux tomber tout le temps à cause de la fonte du pergélisol qui retient les rochers. Il y a quarante ans aujourd’hui on pouvait aller au glacier en septembre. , après juin, c’est compliqué. C’est triste car la montagne c’est avant tout une question de liberté. Elle la voit changer irrévocablement.” Signature François, de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine)

“Réflexions depuis La Teste-de-Buch (Gironde), là où notre nature est partie en fumée”

Vue aérienne de la forêt détruite par les incendies, prise le 29 juillet 2022 près de la commune de La Teste-de-Buch (Gironde). (THIBAUD MORITZ / AFP / ELLEN LOZON / FRANCEINFO) « Tous les Testerins ont vécu un drame cet été [avec les incendies qui ont ravagé la forêt]. J’ai déménagé ici il y a vingt ans, venant de Paris, pour trouver l’espace et la nature. L’océan d’un côté, la forêt de l’autre. Ici on pêche, on surf, on va à la plage et à la forêt, on fait du vélo… La nature fait partie du quotidien. Nous étions les utilisateurs de cette forêt et de ces arbres, aujourd’hui nous ne sommes plus utilisateurs de rien du tout. Je suis allé voir au pied de la Dune du Pilat lors de sa réouverture. Je veux pleurer. C’est comme perdre un membre de la famille. C’est dommage ! Après l’incendie, je suis en colère contre l’inaction des politiques et l’impréparation de la mairie. Nous découvrons, dans une zone couverte de forêts, que nous n’avons rien à lutter contre le feu. C’est un environnement naturel qui se perd parce qu’il n’y a pas de courage politique. Je suis choqué de voir, d’un côté, les jeunes générations, de l’autre, les personnes âgées qui refusent de se connecter au réchauffement climatique, alors même qu’il fait 42°C en juin, 27°C déjà en février, et tous la végétation s’est desséchée. Ils nous disent que nous allons replanter. Mais qu’allons-nous replanter ? Forêt ancestrale ? des arbres centenaires ? Nous allons replanter des pins à perte de vue et c’est tout. C’est sans espoir.” Signature Véronique, de la Teste-de-Buch (Gironde)

“Je t’envoie du soleil de Saint-Moreil (Creuse), là où la source a disparu”

A Saint-Moreil (Creuse), la source a cessé de couler le 24 juillet 2022. (ELLEN LOZON / FRANCEINFO) “Ici, c’est toujours très vert, plein d’étangs, d’arbres, d’ombre… Voici la maison familiale, un village que je connais depuis quarante-huit ans. J’ai toujours connu le printemps. Enfant, nous y jouions et y buvions. Samedi 23 juillet, il y avait de l’eau, pas beaucoup, mais ça coulait. Et le dimanche, rien. Au début, nous pensions que quelque chose bloquait le débit d’eau. Nous y sommes bien sûr montés à bord et nous nous sommes liés rapidement. Ce n’était pas une grande source, c’est sûr, mais ça coulait toujours. Alors forcément, c’est la surprise. “Même en 1976, pendant la sécheresse, ça roulait ! J’ai entendu cette phrase 10 fois, tous les grands la disent. On a pris à cœur le réchauffement climatique. S’informer c’est une chose, mais la vivre c’est très différent. Ici, on a toujours fait très attention à la consommation d’eau. On est des petits qui font des petites choses. Donc, ça nous rend malade de penser à ceux qui vivent dans l’excès et qui s’en fichent, parce qu’ils vont quand même avoir de l’eau dans dix ans.” Signature Florence, originaire de La Roche-Blanche (Loire-Atlantique)

“Bonjour de la forêt de Chizé (Deux-Sèvres), où les animaux se taisent”

En forêt de Chizé (Deux-Sèvres), faune et flore souffrent de la chaleur, comme en témoignent ces feuilles déjà au sol, le 1er août 2022. (JEAN-ETIENNE CORNUAU / ELLEN LOZON / FRANCEINFO) “Je vis depuis six ans dans un petit village au coeur de la forêt. Il y a des chênes, des bouleaux, il y a quelques vieux arbres, des érables… Ce n’est pas une forêt très impressionnante, mais c’est très vert Cette année, le sol est très craquelé, voire poussiéreux. Sur les arbres, les feuilles sont misérablement molles, lorsqu’elles ne tombent pas au sol, elles se dessèchent complètement. Ils craquent sous les pieds comme des chips. Je n’avais jamais vu que la forêt avait une place énorme dans mon quotidien.Je suis un jeune retraité et un photographe animalier amateur. J’ai adopté un bon gros chien que je promène depuis longtemps. Lors de la balade matinale, vers 7h30, on entend encore la vie de la forêt, les animaux etc. Et puis, vers 8h30, tout s’arrête. On n’entend plus un oiseau chanter. Tout le monde se cache. Lorsque nous subissons trois vagues de chaleur consécutives, la nature ne connaît pas de repos. Les arbres plus fragiles auront des problèmes et dans un sous-bois aussi dense et sec, cela suffirait à brûler. Nous avons eu de la fumée qui montait de la Gironde : nous nous sommes tous demandé un instant si elle ne venait pas de nous. Signé Jean-Etienne, de Villiers-en-Bois (Deux-Sèvres)

“On vous embrasse depuis la vallée de la Maurienne (Savoie), là où notre fils voit disparaître la neige”

Ces photos comparent deux vues de la vallée de la Maurienne à deux ans d’intervalle, en juillet 2020 et juillet 2022. (OLIVIER HAESSIG / ELLEN LOZON / FRANCEINFO) “Je passe mes vacances dans cette région depuis l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, j’ai 44 ans. Avant-hier, lors d’une randonnée que nous connaissons bien, nous avons remarqué que des trois lacs que vous voyez habituellement, il n’en restait qu’un. Même les rapides que nous devions traverser avaient disparu. Il n’y avait plus de marmottes autrefois. vous entrez dans le parking. Ils sont maintenant très haut, là où l’air est plus frais. En venant ici, cherchez la fraîcheur, la neige blanche qui parsème les sommets, le vert des prés… Cet été, nous avons trouvé rochers et herbes grillées. Quand j’étais petite, mon père emmenait toujours des sacs poubelles en randonnée pour les enlever. même randonnée avec mon fils pour la première fois. Il n’y avait qu’un mètre deux carré de neige. Allez-y et je…