• Lire aussi : Un troisième maillon à 6,5 milliards de dollars pour 2032 • À lire aussi : 3e lien : « Mon rapport est périmé », dit Bruno Massicotte Le journal a consulté plusieurs experts pour leur analyse concernant la nouvelle version du troisième lien présentée jeudi par le ministre des Transports, François Bonardel. Loin d’être convaincus, ils affirment que la nouvelle version est “la même chose”.
“Copier-coller. Un projet d’autoroute pour réduire la congestion ne peut pas fonctionner. Point”, a déclaré Jean Dubé, économiste et professeur titulaire à l’Université Laval. Marie-Hélène Vandersmissen, directrice du Département de géographie de l’Université Laval, confirme que des études très récentes le prouvent. “Ajouter de la capacité routière ne réduit pas la congestion. La vitesse augmente au début, mais du fait de cette facilité de déplacement, les chauffeurs pullulent et on revient rapidement à l’état d’embouteillage. Moins de transports en commun M. Dubé a également noté que « le site du transport en commun semble moins important dans cette proposition que dans la précédente » et s’est interrogé sur le succès d’une demande de financement d’Ottawa. Le ministre Duklos a également rappelé jeudi qu’Ottawa ne finance plus de nouveaux projets d’autoroutes. Fanny Tremblay-Racicot de l’AnNAP rappelle que l’amélioration des transports publics ne signifie pas l’ajout de telles infrastructures. « De plus, l’augmentation de la capacité du réseau routier viendra concurrencer directement cette nouvelle offre de transport en commun. Selon elle, ces investissements « titanesques » « pourraient être mieux investis, par exemple dans l’entretien des ponts existants, dans l’amélioration de la traverse Québec-Lewis et dans une stratégie ferroviaire provinciale ».
L’étalement urbain Quant à la crainte exprimée notamment par le maire de Québec, Bruno Marsad, les experts sont unanimes : il est certain qu’un troisième maillon conduira à un phénomène d’étalement urbain, notamment sur la Côte-Sud. “Lorsque les ministres parlent de développement ‘équilibré’ à l’Est par rapport à l’Ouest, c’est précisément une question d’étalement urbain”, a déclaré Vandersmissen. Sur le plan de la forme, la présentation n’a pas convaincu Jean Mercier, professeur retraité spécialisé dans les transports et les politiques publiques. “M. Bonnardel a été envoyé à l’abattoir pour défendre la nouvelle version du projet. [Il] il semblait nerveux et parfois incertain et ne répondait pas aux questions de manière convaincante. Ses réponses étaient parfois confuses et contradictoires. […] Même les automobilistes peuvent ne pas être contents. Aucune analyse François Des Rosiers insiste : il est « péjoratif » que l’ouvrage « n’ait jamais fait l’objet d’une analyse, même sommaire, de sa pertinence au regard des données de déplacements fluviaux ». L’économiste urbain et régional qualifie le projet d’”anachronique”. En l’absence d’études de besoins, « la grande majorité des critiques liées au projet initial demeurent », renchérit Dominic Villeneuve, professeur adjoint spécialisé en transport et mobilité. Le ministre, dit-il, supplie que le trafic médiatisé se détériore. “Ce sont les excuses nécessaires pour une amélioration significative de la connexion des transports publics entre les deux villes et non pour l’augmentation de la capacité des autoroutes.”