Posté hier à 7h15

Mais pourquoi les essais d’une poignée de chercheurs du SPGM nous fascinent-ils depuis tant d’années ? En Mélissa Corbeil (Brigitte Paquette) sur-définie, j’ouvre une recherche pour tenter d’expliquer les raisons de cette folie monstrueuse. Da-Xia Bernard (Cynthia Wu-Maheux) serait fière de cette quête exhaustive (et légale), qui ne nécessitait pas de triangulation de la tour cellulaire.

Taquineries amicales

Entre deux lourdes recherches du juge Pelland et du brûlé, Luc Dionne a donné de belles doses de légèreté à son feuilleton. Les sergents-détectives se jouaient des tours, se donnaient « mon garçon » de toutes leurs forces et se faisaient rebaptiser Jean Brioche, Mélanie Charogne ou Commandant Chausson. Ces traits d’humour de caractère, combinés à leur routine de bureau, nous donnaient l’impression que nous les connaissions vraiment – et que nous sympathisions avec les problèmes de l’imprimante ou du sèche-mains, un fichu brevet d’enfant !

Personnages mineurs puissants

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE Le personnage de Geneviève Schmidt, Nancy Riopelle, pourrait bien être un personnage mineur, on s’en souvient. En plus du noyau dur de ses chercheurs doués, l’auteur a inventé des personnages secondaires extrêmement lucratifs. Il suffit de penser à la bouleversée Nancy Riopelle (Geneviève Schmidt), surnommée La Riopelle, qui nous a fait mal avec ses cigarettes bon marché et son café instantané. Il y avait aussi la prostituée au verbe fleuri Virginie Francœur (Catherine-Audrey Lachapelle), ainsi que la Miss BBQ colleuse (Charlotte Legault), qui portait aussi les noms de Nadia et Amélie Bérubé. Même la détestée Mélissa Corbeil a fini par devenir aimée, ce qui confirme la formidable efficacité de la plume de Luc Dionne.

Le piège insidieux

Le District 31 est fermé à ses fans tous les jeudis soirs. Il était impossible d’en sortir. Raison pour laquelle Luc Dionne a gardé une longue recherche en arrière-plan, qu’il a croisée avec de petits dossiers à clore. Quand les flics résolvaient un crime, majeur ou mineur, il y avait toujours autre chose à résoudre. Et comme nous avions investi de nombreuses heures dans la série, nous voulions évidemment savoir ce qui se passait ensuite. Luc Dionne nous a manipulés, avec notre consentement éclairé, et nous avons savouré chaque minute de notre captivité, contrairement à la pauvre Charlène Baribeau (Sophie Desmarais), enfermée dans le sous-sol de Yanick Dubeau (Patrice Godin).

L’impressionnante familiarité

Avec notre dépistage forcé, nous avons eu l’impression de faire partie de la bande des 31 et de parler son langage codé. La DPCP, la caméra ici et là, la rédaction des plaintes, la salle d’audition, le “perquis”, la vivacité du cadavre, n’est pas déroutant, on a l’impression d’en savoir plus sur la justice que l’intense procureur lui-même Sonia Blanchard (Pascale Montpetit). Cette preuve ne tiendra jamais devant un juge, allez ! Bonjour, vous allez recevoir une commande espion !

Les morts choquantes

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Le lieutenant Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) est la première à partir brusquement. Luc Dionne, comme l’écrivain barbu de Game of Thrones, ne nous a pas épargné le chapitre funèbre. Tout comme le meurtre des personnages principaux d’un feuilleton sert aussi à raviver l’intrigue. Le lieutenant Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) est la première à partir brusquement. Puis on a enterré le cycliste Christian Phaneuf (Emmanuel Auger), l’énigmatique Jeff Morin (Luc Picard), le psychopathe Yanick Dubeau (Patrice Godin), le serpent Laurent Cloutier (Patrick Labbé) et le gentil Stéphane Pouliot (Sébastien Delorme), Le meurtre dans un dépôt de kratom a choqué le Québec comme le tremblement de terre de novembre 1988.

Des bouleversements à couper le souffle

Noélie (Catherine St-Laurent) succombera-t-elle à l’attaque de sa Honda ? Yanick Dubeau reviendra-t-il torturer ses ex-partenaires ? Qui se cachait sous les capots des tueurs de Phaneuf dans le fourgon de police ? Et est-ce que quelqu’un finira par trouver les diamants maudits de François Labelle (Peter Miller) ? Luc Dionne était le champion du suspense à la fin de l’épisode. Explosions, prises d’otages, exécutions, attentats, enlèvements et fusillades, le District 31 a travaillé de longues heures – comme Bruno, Patrick et Florence – pour nous divertir et alimenter les spéculations.

La réalité-fiction dans nos salons

Trop souvent, les histoires que Luc Dionne tisse dans le domaine des chroniques juridiques. Les tensions entre la DPCP et le SPGM, les guerres civiles au sein de la police de Montréal ou encore le cas de Jonathan Bettez, qui s’entendait parfaitement avec celui de Carl Juneau (Marc Bélanger), l’homme responsable du meurtre du petit Théo Gagnon, Le scénariste était alimenté par ses nombreuses sources policières, toujours aussi bien connectées.

Le pilier de Gildor Roy

PHOTO FOURNIE PAR LA CAUSE Dans le rôle du commandant Chiasson, Gildor Roy était le tenancier du District 31. C’est le tatillon du District 31 : le bon Commandant Daniel Chiasson. Il est le seul personnage principal qui ne pourrait jamais disparaître de la série sans déclencher une émeute. Il est aussi celui qui rappelle le plus Luc Dionne. Paternaliste sans être paternaliste, aussi drôle qu’énervé et furieux de protéger ses troupes, Daniel Chiasson était le cœur et le chef du District 31. Et Gildor Roy a su lui insuffler ce mélange parfait d’humanité, de cruauté et de raffinement. Le couple Gildor Roy-Luc Dionne était l’un des plus titrés de la télévision québécoise. Pouvons-nous sortir une dernière fois le téléphone magique du tiroir pour exiger qu’ils retravaillent ensemble bientôt ?