Il veut “bouger” dans la personnalisation de l’allocation adulte handicapé (AAE). Vendredi 15 avril, Emanuel Macron a exprimé le souhait de modifier le calcul de cette aide – qui prend désormais en compte les revenus de son épouse -, une évolution inattendue que son gouvernement et la majorité ont à plusieurs reprises rejetée en 2021. “Il faut passer à ce point-là”, a déclaré à franceinfo la candidate à la présidentielle, répondant à Lucie Carrasco, une femme handicapée de renommée mondiale, qui expliquait qu’elle perdrait son allocation – et donc son indépendance financière – en se mariant. Actuellement, en France, quelle que soit la prestation (…), on regarde votre état civil et donc la capacité contributive du couple. “Ce qui se passe, c’est que cela crée une situation déviante pour les personnes handicapées, alors nous allons la déplacer”, a-t-il déclaré. Alors que le journaliste de franceinfo soulignait que cette proposition ne figurait pas dans son programme, le chef de l’Etat a évoqué la possibilité “d’avoir un revenu qui n’est pas soumis à conditions et qui permette une aide mais ne le fait pas”. déraisonnable”. L’AAH a été créée en 1975 et est destinée à compenser l’incapacité de travail. Avec un maximum de 904 euros par mois, elle est versée selon des critères médicaux et sociaux. Elle compte aujourd’hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270 000 couples. Lire aussi l’article pour nos abonnés Stéphanie Simon, une vie en fauteuil roulant et le sentiment d’injustice de l’État

“On aimerait y croire”

Le Collectif Handicaps, qui regroupe une cinquantaine d’associations, s’est félicité vendredi de l’annonce du candidat, tout en préférant rester vigilant dans l’attente de précisions sur les modalités précises de cette évolution. « Deux ans d’opposition du gouvernement, contre tous les partis politiques », après « une ouverture à dix jours du second tour » : « on aimerait y croire. “Mais une réponse plus claire d’Emanuel Macron (…) serait intéressante”, a commenté le collectif sur Twitter. “La bonne nouvelle, c’est que le président ne semble plus bloqué sur ce dossier”, a déclaré à l’AFP Stephen Lenoir, le coordinateur du groupe. “Mais nous restons prudents car son annonce est très floue”, a-t-il ajouté. La candidate du Rassemblement national Marin Le Pen, qui affrontera le président sortant au second tour, a critiqué la récente évolution de sa rivale dans ce dossier. “Le divorce de l’AHH [sic] “C’est une mesure que j’ai toujours défendue au Parlement”, a-t-il écrit sur Twitter. “Nos compatriotes en situation de handicap auraient déjà pu en bénéficier, si E. Macron ne l’avait pas démenti. “Président, je tiendrai parole et je voterai en faveur de cette mesure de justice sociale”, a promis le leader d’extrême droite. Lire aussi Macron et le Handicap, un programme à temps partiel

Séance orageuse

En octobre 2021, une majorité rejetait la personnalisation AAH dans les couples après un débat houleux, tandis que, des Républicains (LR) à La France insoumise, l’opposition réclamait à l’unanimité cette “déconnexion” de l’allocation. La démocratie en marche jugeait cette mesure injuste, car elle bénéficiait aussi bien aux modestes qu’aux riches sans discrimination. “Nous supposons que nous donnons plus à ceux qui en ont vraiment besoin”, a déclaré Sophie Cluzel, ministre des Affaires étrangères chargée des personnes handicapées. Cette question avait également déclenché un meeting houleux dans l’Hémicycle en juin, suite au rejet d’une proposition du député LR Aurélien Pradié. Les cartons rouges ont été agités principalement par les législateurs de l’opposition en signe de protestation contre le gouvernement. L’an dernier, vingt-deux organismes et associations, dont l’APF France Handicap, appelaient M. Macron à “une réforme historique”, “pour considérer cette allocation avant tout comme un revenu vital individuel”. Le monde