Deux salles, même ambiance. Mardi 12 avril, à Strasbourg, la réunion publique tenue par Emmanuel Macron au pied de la cathédrale a été interrompue par des combattants hostiles au chef de l’Etat, venus lancer leurs slogans – “traître social ! “,” Rendez l’ISF ! “,” Macron en prison ! -, avant d’être évacué par le service de sécurité. L’un d’eux a été traîné au sol. Lire aussi : Comparez les programmes d’Emanuel Macron et de Marin Le Pen pour la présidentielle
Le même jour, Marine Le Pen est également accueillie à Vernon (Eure) par une série de chants : « Marine Poutine ! », « Facho ! La candidate du Rassemblement national (RN) a vu sa conférence de presse le lendemain interrompue par un élu écologiste qui a voulu dénoncer sa « complaisance » vis-à-vis du président russe Vladimir Poutine. Et ils l’ont tirée de force, la traînant par terre. D’ordinaire, les élections présidentielles suscitent, sinon de l’espoir, du moins un apparent enthousiasme. Tous les cinq ans, selon la tradition césarienne de la Ve République, les Français tentent de croire au mythe du candidat prévoyant, qui réussira là où son prédécesseur a échoué. Un état de grâce plus ou moins long apparaît après sa victoire, puis la magie disparaît. Cette histoire ne semble pas entendue. L’establishment contre l’extrême droite : telle est la limite du débat. L’hostilité l’emporte, pas l’enthousiasme.

“Pour prévenir”

Le soir du premier tour, Emmanuel Macron, comme Marin Lepen, a prononcé de charmants discours devant des supporters mécaniquement motivés. Le premier pari, dans sa brève campagne, sur un réflexe conservateur, qui verrait les électeurs renouveler un homme capable d’aider la France à atténuer le choc de la crise. Le second était un pari de compensation. Il est difficile de créer un sentiment d’appartenance dans ce contexte. Lire aussi : L’article pour nos abonnés Emmanuel Macron défend sa vision de l’écologie en accusant Le Pen de “scepticisme climatique”
En vue du second tour, dimanche 24 avril, qui s’annonce ouvert, Emanuel Macron est devenu la dynamique du rejet. Pas un jour ne se passe sans que le chef de l’Etat qualifie son adversaire de “candidat d’extrême droite” ou souligne le danger de sa tentative de démantèlement de l’Union européenne, Etat de droit et fondé sur une crédibilité économique et juridique douteuse. Une diabolisation des idées plus que des valeurs, pour réactiver le barrage républicain, même s’il considère que celui-ci “n’est plus une réalité”. Pour tenter d’inverser la stigmatisation, la fille de Jean-Marie Le Pen appelle également au “blocage” du président sortant. “Des dégâts dans un nouveau quinquennat de désolation sociale et de désagrégation nationale”, a-t-il lancé mercredi lors d’un meeting à Avignon. Il ne vous reste plus qu’à lire 41,99% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.