La Première ministre Elizabeth Bourne a activé vendredi la cellule interministérielle de crise face à la “sécheresse exceptionnelle”, qualifiant la situation d’”historique”. “Cette sécheresse est la plus sévère jamais enregistrée dans notre pays” et “la situation pourrait perdurer dans les 15 prochains jours voire devenir encore plus alarmante”, souligne Matignon. Cependant, la France a déjà été frappée par de grandes sécheresses. Ainsi, en 2011, un certain Bruno Lemaire, alors ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy, redoutait un épisode “encore plus terrible” que celui de 1976. Incendies de forêts, températures très élevées, manque d’eau et peur dans les exploitations agricoles : comme cette année, les Français ont souffert en 1976 d’une sécheresse historique et impressionnante. “Une chaleur infernale et une absence totale de pluie se sont conjuguées pour faire de l’été 76 un cauchemar pour l’agriculture française”, résume l’Agence France Presse.

Peu de pluie toute l’année

Tout a commencé en 1975, avec un important déficit pluviométrique sur tout le territoire entre décembre et juin 1976. Début mai, Le monde le réveil sonne. “S’il ne pleut pas d’ici quinze jours, la situation deviendra particulièrement grave”, peut-on lire dans un article du quotidien Mais l’eau nécessaire pour un été calme ne suffit pas. Le déficit pluviométrique du pays entre mars et juin (46 %) a fait du printemps 1976 le plus sec du XXe siècle depuis 1959. Et selon Météo-France, la sécheresse des sols à l’été 1976 sera la plus forte qui ait été enregistrée depuis 1959. avec plus de 35% du territoire touché. Photo d’une berge asséchée prise en Bretagne le 23 avril 1976. © AFP

“Taxe sécheresse”

Le 30 juin, le président Valéry Giscard d’Estaing parle d’une « calamité nationale » à laquelle la « solidarité nationale » doit répondre. A partir de juin 1976, des taxes sont imposées pour empêcher l’exportation de paille et de foin, et l’armée reçoit l’ordre de transporter du fourrage vers les zones sinistrées. Fin août, le gouvernement a annoncé une aide de 2,2 milliards de francs à l’agriculture, financée par la hausse extraordinaire de l’impôt sur le revenu, la “taxe sécheresse”.

L’Europe aussi touchée, le pape appelle à la prière

Comme la France, le Vieux Continent est touché, notamment en Angleterre où les températures sont historiques. Le pape Paul VI invite les chrétiens le dimanche 4 juillet à prier pour la pluie dans les régions frappées par la sécheresse. « Dieu attend peut-être la foi de notre supplication filiale pour rétablir l’équilibre des saisons, la fertilité de la terre, l’écoulement des fleuves, le rafraîchissement de la soif des vivants. Prions donc pour que l’eau désirée recommence à couler. sur la terre aride », déclare-t-il devant les fidèles. En France, principalement dans les campagnes, il y a aussi des prières qui demandent à Dieu “de verser les eaux du ciel sur la surface sèche de la terre”, dit-il alors. Le monde. Les habitants de la commune de Lesparre-Médoc prient, le 28 juin 1976, pour que la pluie vienne mettre fin à la sécheresse qui ravage les récoltes. ©AFP En raison du manque chronique de précipitations, les incendies de forêt ravagent le pays. 80 000 hectares brûlent, dont la forêt de La Palmyre, en Charente-Maritime.

Hausse des prix des fruits et légumes

Comme cette année, les conditions de travail sont fortement affectées par les températures élevées. Les syndicats de la RATP appellent à la grève et de nombreux travailleurs, tous secteurs confondus, sont contraints de faire des pauses dans la journée en raison de la chaleur. Faute de pluie et de bon rendement dans les champs, les assiettes des Français sont également touchées. Ainsi, il y a une pénurie de pommes de terre à travers le pays, souligne le HuffPost. Selon la presse de l’époque, les prix des fruits et légumes augmentent et la production hydraulique est en baisse de 30% Le Premier ministre de l’époque, Jacques Chirac, a appelé les Français à “modérer la consommation individuelle et éliminer le gaspillage” dans la consommation d’eau. En 2022, la consommation d’eau est réglementée dans de nombreux appartements, voire limitée à 200 litres par jour dans certaines communes. Au total, la canicule de 1976 a tué environ 4 500 personnes, a estimé la Santé publique française dans un rapport publié en avril 2019.