Le site de La Poudrerie, à Bergerac (Dordogne), n’avait pas connu un tel accident industriel depuis le 3 octobre 1980, jour noir où 900 tonnes de nitrocellulose avaient pris feu dans plusieurs de ses bâtiments. Bien qu’une seule personne ait été blessée, ce violent incendie a marqué durablement la ville. Sa mémoire a été ravivée le mercredi 3 août, peu avant 14 heures, lorsque quatre explosions ont fait sauter un hangar de stockage de nitrocellulose appartenant à la société privée Eurenco, descendante directe de feu la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE), qui était définitivement privatisé en 2004. Un léger dégagement de fumée s’ensuit et le départ de feu est rapidement maîtrisé par la soixantaine de sapeurs-pompiers dépêchés dans trente-deux véhicules de pompiers et de secours sur ce lieu à haut risque. Depuis 2015, l’entreprise spécialisée dans la fabrication de « nitro » entrant dans la composition d’explosifs à usage militaire ou civil (poudre noire, cartouches de tir sportif, mortiers pour feux d’artifice) est désignée Seveso « seuil haut », autrement dit. au plus haut niveau de risque pour les populations en cas d’accident. C’est l’un des cinq sites de cette catégorie en Dordogne et l’un des trois basés dans le sud du département avec l’entreprise de laminage Polyrey, à Baneuil, et la PME Brezac artifices, spécialisée dans la fabrication d’artifices, à Flex. A lire aussi : Où sont les 1 300 sites Seveso en France et quels sont les risques ?
En s’effondrant, l’immeuble d’Eurenco (ex-Manuko) a blessé huit personnes, dont une grièvement aux jambes et au bas-ventre, qui a été transportée par le SMUR au CHU Pellegrin de Bordeaux. Les sept victimes d’une urgence connexe ont été conduites par les services d’urgence au centre hospitalier de Bergerac, qui avait entamé son plan blanc en début d’après-midi. La moitié des 78 employés d’Eurenco étaient sur place au moment de l’explosion. Une trentaine d’entre eux, légèrement inquiétés par les dégagements de fumée qui ont suivi les explosions, ont été transportés une seconde fois, vers les hôpitaux de Périgueux et de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Selon nos informations, parmi les victimes les plus gravement touchées figureraient plusieurs salariés d’un sous-traitant chargé de l’entretien du chantier traditionnellement fermé durant les vingt premiers jours d’août.

La piste de crash sera privilégiée

Le maire de Bergerac, Jonathan Prioleaud (Les Républicains), s’y est aussitôt rendu. Par mesure de sécurité, la circulation a été interrompue et un périmètre de sécurité de trois kilomètres a été établi autour du site industriel à l’entrée est de la ville. Plusieurs maisons ont été évacuées et l’accueil des gens du voyage, très fréquenté à cette époque, s’est progressivement vidé de tous ses occupants. Il vous reste 60,46% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.