Publié à 14h07 Mis à jour à 14h32.
Vincent Larin La Presse
Henri Ouellette-Vézina La Presse
Selon Michel Dorion, figure bien connue du Village gai et ancien chef du défilé de la Fierté Montréal, cet événement est la pierre angulaire des célébrations LGBTQ+ dans la ville. « Ce ne sont pas les spectacles de T-Dance, c’est vraiment le défilé qui rassemble toutes les communautés. Souvent, il y a des gens qui viennent juste pour ça, pour exprimer qui ils sont », a déclaré le membre du conseil d’administration de Fierté Montréal en entrevue. La Presse rapportait lundi qu’un simple oubli de la part de Fierté Montréal avait mené à l’annulation du défilé. Au moins deux groupes se sont formés dans les rues de Montréal cet après-midi, quelques heures après l’annonce de l’annulation du défilé. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, ARCHIVES LA PRESSE Michel Dorion, ancien chef du défilé de la Fierté Montréal Pour Michel Dorion, il s’agit d’une « grave erreur » de l’organisation. Elle appelle donc « une réflexion sérieuse au sein de l’équipe dirigeante [et] aussi au sein de l’AC. “Il y a des gens qui dorment sur l’interrupteur. […] Il nous faut plus de réponses et surtout plus de solutions pour que cela ne se reproduise plus”, décide-t-il.
Pas de nouveau spectacle à l’horizon
En fin de journée dimanche, le directeur général de l’organisme, Simon Gamache, avait déclaré que certains employés de Fierté Montréal avaient besoin d’embaucher une centaine d’agents d’accueil rémunérés pour permettre à l’événement de se dérouler, ce qui ne s’est pas produit. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, doit rencontrer lundi après-midi la direction de Fierté Montréal pour savoir ce qui s’est passé. L’électrice a réagi dimanche en exprimant sa “surprise” et son “malaise” face à l’annulation du défilé. À noter que Montréal a accordé cette année 600 000 $ à Fierté Montréal, pour l’ensemble des activités. Selon nos informations, Montréal étudiera la possibilité de célébrer différemment pour la communauté LGBTQ+ cette année, mais la tenue d’un nouveau défilé ne serait pas strictement prévue. Dans un tweet lundi, Mme Plante a indiqué qu’elle attendait “des réponses et un post-mortem”, alors que “des questions subsistent autour de l’annulation de dernière minute”. Au niveau provincial, le ministère du Tourisme (MTO) « a également demandé aux organisateurs d’événements de discuter de cette situation », a expliqué Megan Howle, porte-parole du ministère. Le Québec a également alloué 1,1 million de dollars à Fierté Montréal pour « toute la programmation » cette année. La Banque TD, qui est le commanditaire officiel de Fierté Montréal, est restée muette lundi lorsqu’on lui a demandé de commenter. « La santé et la sécurité de tous les participants et bénévoles sont primordiales pour la TD. Si nous sommes attristés que le défilé ait été annulé, nous soutenons la décision des organisateurs”, a expliqué la porte-parole Caroline Phémius.
Un cours entier a été annulé
Le directeur général des Jeunes adultes gais de la Montérégie, Rafael Provost, était déjà à Montréal dimanche lorsqu’il a appris la nouvelle. “On avait une marche organisée, on se préparait et on devait être au moins 80 personnes de notre région voire plus”, a-t-il dit. Nous avions même une voiture électrique de 14 places, nous nous préparions depuis des semaines. Puis on a eu la nouvelle comme tout le monde, dans les médias. Rafael Provost, directeur général des Jeunes adultes gais de la Montérégie A ses yeux, l’annulation d’un tel événement est pour le moins surprenante, mais elle nécessite surtout de revoir la manière dont il est organisé à l’avenir. Son groupe a également organisé dimanche un “mini-rallye” sur la Rive-Sud de Montréal pour pallier l’annulation du défilé. « Ça va demander beaucoup plus de travail d’équipe, de communauté et de Fierté Montréal, pour que ce ne soit pas entre les mains d’un seul organisme. Nous sommes une quarantaine d’organismes LGTBQ+ au Québec, chacun ayant sa propre expertise. Nous devons être autour de la table. L’effet gang est toujours plus efficace. Des angles morts, quand on est assez, on en trouve » conclut M. Provost. Avec Mario Girard, La Presse et La Presse Canadienne