Posté à 19h00
Richard Dufour La Presse
Ce livre a servi de référence au film Norbourg, qui sort ce mois-ci dans les cinémas partout au Québec pour raconter l’histoire de cette fraude, estimée à plus de 100 millions, ayant trompé plus de 9 000 micro-épargnants. Le film résume en deux heures ce que l’ancien président de Nuremberg Bensan Lacroix et son complice Eric Aselin ont pu faire à force de dégoût et de dégoût. “Le film est réaliste. Je ne peux pas dire que ce soit de la fiction. “C’est assez proche de la réalité”, a déclaré Yvon Laprade, qui a accompagné le réalisateur du film en tant que consultant. Même s’il y aura toujours des fraudeurs prêts à enfreindre les règles, la réalité du monde financier est différente de ce qu’elle était au début des années 2000 lorsque Vincent Lacroix réussissait à détourner de l’argent avec l’aide d’Éric Asselin. « À cette époque, nous étions moins outillés et moins sensibilisés à de nombreux enjeux, raconte Yvon Laprade. La Commission des valeurs mobilières du Québec n’avait pas le même champ de recherche que l’Autorité des marchés financiers aujourd’hui. En 2022, je ne suis pas sûr que Vincent Lacroix puisse survivre aussi longtemps avec un tel plan. Yvon Laprade, journaliste et auteur de L’autopsie du scandale de Norbourg Ce scandale aurait pu être évité s’il y avait eu plus de vigilance de la part des autorités, estime Yvon Laprade.
Manque de vigilance
“Les enquêtes infructueuses, les dépositaires de valeur envoyant de l’argent sans aucun contrôle, la Caisse de dépôt qui a vendu ses fonds Evolution à Lacroix sans se poser beaucoup de questions, etc., sont tous évoqués dans le film, mais le film aurait pu insister davantage sur la manque de vigilance et de contrôle à ce moment-là. Le monde de la finance était un peu plus détendu dans sa manière de réguler les marchés. Il manquait de rigueur. Tout le monde était un peu indifférent. » Si Yvon Laprade apprécie le film dans son ensemble, il n’hésite pas à le critiquer. “Il y a des raccourcis, bien sûr, mais c’est quand même une histoire avec laquelle il faut compter”, dit l’homme qui a passé d’innombrables heures à interviewer et à fouiller dans le livre. “Vincent Lacroix a survécu grâce à un chercheur [Éric Asselin] qui est allé au camp de Nurburg. C’est la grande partie. Le film le montre. On voit que c’est grâce à Asselin. “Mais la personnalité d’Asselin est encore plus forte que celle montrée dans le film.” “Asselin est présenté comme un spéculateur qui a besoin d’argent et qui travaille dur pour de l’argent. Il est en fait plus vindicatif que dans le film. Je ne dis pas que le film rend les deux personnages plus sympathiques, je dirais qu’Aselin n’a pas beaucoup de valeurs morales. Il est plutôt débutant. Dans le film, il se sent parfois un peu plus torturé, et d’après ce que j’ai pu comprendre, voir et documenter, il était plus sage. » PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE Vincent Lacroix atteint le milieu de sa maison après sa libération le 27 janvier 2011.
Le visage de l’escroc
Parler d’une fraude à 130 millions semble un peu tiré par les cheveux aujourd’hui, lance Yvon Laprade. “Ce qui nous fait parler de ça, c’est qu’on a affaire à un arnaqueur. “On a vu un petit gars de Magog, un Québec francophone qu’on connaissait, un gars de Québec qui voulait être une star de la finance, pas Count Jones ou Bernie Madoff”, a-t-il dit. « Norbourg voulait être une étoile montante. Beaucoup de gens avaient investi au Québec parce que les fonds Évolution achetés par Norbourg appartenaient à la Caisse dépôt. Les victimes n’ont pas demandé de remboursement de 20 %. Ils ont été présentés avec un événement terminé. L’imagination est possible en cela. » Éric Asselin était bras droit et bras gauche de Vincent Lacroix. Il est devenu la personne qui protégeait Lacroix des enquêtes et était son protecteur en échange de beaucoup d’argent, raconte Yvon Laprade. “Il était brillant, Aselin. Il connaissait les ingénieurs et évitait les pièges. Il est devenu son bras gauche lorsque l’AMF a relancé son enquête CVMQ et a transmis des appels à Lacroix et Asselin. C’est alors qu’Asselin s’est rendu compte que l’étau se resserrait et qu’il avait dénoncé Lacroix à la GRC pour éviter des poursuites. » Éric Asselin est présenté comme le pilote dans le thriller qui montre les échecs de Lacroix avec les sorties dansantes, à Parée, les folies des grandeurs (avoir une filiale en Suisse), les nombreuses nuits d’ivresse au restaurant, les déboires, le QG rutilant au centre la manipulation des chiffres pour empêcher les chercheurs de voir la réalité, etc. Le film est présenté en première le vendredi 22 avril. Sa publication intervient au moment où l’Autorité des marchés financiers multiplie les mises en garde aux petits épargnants contre les braqueurs, notamment en matière d’actifs cryptographiques. Vous avez peut-être entendu l’une des nombreuses publicités de l’AMF à la radio qui dit : « Êtes-vous intéressé par la cryptographie ? Les arnaqueurs aussi. »