Vote qui fait l’unanimité contre lui à gauche. Dans la nuit de lundi à mardi, en pleine délibération du projet de loi de finances rectificative, le Sénat a voté en faveur d’un amendement permettant la monétisation des jours de récupération du temps de travail non pris, en accord avec l’employeur. Si cette disposition était bien reprise dans la version votée par l’Assemblée nationale en première lecture, elle expirerait le 31 décembre 2023, selon la volonté de l’exécutif. Enfin, le système devrait être pérennisé. “Alors que nous devrions réduire les heures de travail, hier soir, le Sénat a manqué de 35 heures”, a déclaré mardi la députée verte Sandrine Rousseau sur son compte Twitter.
“On enterre tranquillement les 35 heures”
Le porte-parole du ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a vu dans cet amendement “une mesure qui donne une plus grande liberté aux travailleurs pour la rémunération de leur travail”, tout en donnant un avis défavorable au gouvernement. “Nous supposons parfaitement que nous aurons un corner dans les 35 heures”, a répondu la sénatrice LR Christine Lavarde, attirant les huées de la gauche. “Tranquillement, en pleine nuit, en août, on enterre la semaine des 35 heures, qui est l’une des dernières grandes réformes sociales de ce pays, qui a créé 350.000 emplois en 10 ans”, s’est plaint le sénateur au microphone. EELV Thomas Dosos. Même son de cloche du côté de La France insoumise et du Parti socialiste où ils pointent du doigt la responsabilité de l’exécutif. Au Sénat, les élus de la Renaissance se sont abstenus de cet amendement. “On ne peut pas arrêter la régression vers la macronie : adieu les 35 heures… Les entorses étaient déjà légion, mais désormais les employeurs vont pouvoir gagner de l’argent avec les RTT. C’est fou car réduire le temps de travail améliore la vie et permet de partager le travail” , a promu la députée rebelle Clémentine Auten.
“Un concours de régression sociale”
Arthur Delaporte, député socialiste et porte-parole du groupe, a pour sa part dénoncé “un nouvel accord entre LR et la majorité pour mettre fin aux 35 heures”, tandis que la sénatrice communiste Céline Brulin a déploré une compétition pour savoir qui ira le plus loin en termes de régression sociale ». Après le vote de cette disposition le 22 juillet à l’Assemblée, les écologistes Yannick Jadot et Éric Piolle avaient déjà dénoncé “le cheval de Troie de la régression sociale” dans une tribune publiée sur le site Journal du dimanche. Ils ont notamment critiqué une disposition qui « sert surtout à éviter de traiter le vrai problème du pouvoir d’achat : les augmentations de salaires ».
La question des salaires considérée comme oubliée par la gauche
Les Nupes ont longtemps croisé le fer avec la coalition présidentielle lors du projet de loi sur le pouvoir d’achat à l’Assemblée nationale, voulant une revalorisation des salaires. L’exécutif préfère parier sur le triplement de la prime Macron. Dans la nuit de lundi à mardi, le Sénat a également relevé le plafond de la défiscalisation des heures supplémentaires de 5.000 à 7.500 euros et pérennisé le dispositif. L’abrogation de la redevance audiovisuelle a également été rejetée. Une fois adopté par la chambre haute, députés et sénateurs devront s’accorder sur une version commune du texte au sein d’une commission paritaire.