Posté à 8h00  Mis à jour à 12h21
                Frankie TAGGART Agence France-Presse             

Après de précédents attentats à la bombe vendredi dans ces installations du sud de l’Ukraine, tombées aux mains de soldats russes début mars, les deux belligérants se sont mutuellement accusés dimanche de les avoir attaqués. Les autorités d’occupation de la ville d’Energodar, où se trouve la centrale électrique de Zaporijia, ont ainsi confirmé que l’armée ukrainienne avait lancé une bombe à fragmentation avec un « lance-roquettes multiples Hurricane » dans la nuit de samedi à dimanche. « Des éclats et le moteur de la fusée sont tombés à 400 mètres d’un réacteur en fonctionnement », ont-ils poursuivi, ajoutant que la frappe avait « endommagé » des bâtiments administratifs et touché « une zone de stockage de combustible nucléaire usé ». Dans le même temps, l’entreprise publique ukrainienne Energoatom a annoncé qu’un de ses employés avait dû être hospitalisé pour des “blessures causées par l’explosion” d’une des roquettes lancées “samedi après-midi” par les Russes.
“Trois détecteurs de surveillance des radiations autour de l’usine ont été endommagés […]. Il est donc actuellement impossible de détecter “une éventuelle augmentation de la radioactivité et donc d”intervenir à temps’”, a-t-il ajouté.

Des informations “de plus en plus inquiétantes”

“Le terrorisme nucléaire russe nécessite une réponse plus forte de la communauté internationale – des sanctions contre l’industrie nucléaire russe et son combustible nucléaire”, a réagi le chef de l’Etat ukrainien Volodymyr Zelensky après avoir discuté des derniers développements avec le président du Conseil européen Charles Michel.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a de son côté jugé samedi des informations “de plus en plus préoccupantes” en provenance de la centrale de Zaporijia, dont l’un des réacteurs a dû être mis à l’arrêt après l’attentat de la veille.
Les autorités ukrainiennes avaient accusé les Russes d’avoir mené vendredi trois frappes sur le site. Moscou, de son côté, avait assuré avoir été touchée par des obus ukrainiens. “Tout bombardement de cet endroit est un crime éhonté, un acte de terreur”, avait martelé vendredi soir le président Zelensky. Lorsque l’usine a été saisie, l’armée russe avait ouvert le feu sur des bâtiments, risquant un accident nucléaire majeur.

Quatre autres navires

Dans le cadre des déplacements réguliers pour approvisionner les marchés agricoles qui ont commencé cette semaine en vertu des accords récemment signés à Istanbul par les parties belligérantes, quatre navires supplémentaires chargés de céréales ont quitté le sud de l’Ukraine dimanche. PHOTO OLEKSANDR GIMANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE Le Glory a quitté le port de Chornomorsk avec 66 000 tonnes de maïs à bord. Ce convoi, le deuxième depuis vendredi, “vient de quitter les ports d’Odessa et de Tchornomorsk”, avec “environ 170.000 tonnes de marchandises liées à l’agriculture”, a indiqué le ministère ukrainien des Infrastructures. Cependant, le cargo transportant la première cargaison de céréales exportée par l’Ukraine depuis l’invasion russe du 24 février – qui a appareillé lundi – n’accostera pas dimanche au Liban comme prévu. PHOTO MINISTÈRE UKRAINIEN DES INFRASTRUCTURES VIA REUTERS Le Riva Wind dans le port d’Odessa Le blocage de millions de tonnes de céréales en raison de la guerre a fait grimper les prix des denrées alimentaires dans les pays les plus pauvres et fait craindre une crise alimentaire mondiale.

Au moins cinq civils ont été tués dans l’est

De l’est au sud de l’Ukraine, les opérations militaires se sont poursuivies pendant le week-end, tuant au moins cinq Ukrainiens.
Ainsi, samedi, “les Russes ont tué cinq civils” dans la région orientale de Donetsk, a révélé son gouverneur, Pavlo Kirilenko. Toujours à l’est, “l’armée russe a tenté d’attaquer en direction de Sloviansk, mais a reculé” et continue d’attaquer en direction de Bakhmut, selon l’état-major des forces ukrainiennes. Il a « bombardé deux quartiers de Kharkiv », dans le nord-est, y détruisant « des infrastructures industrielles », ainsi que, non loin de là, les quartiers de Bogodoukhiv, Izium et Tchouguïv, a précisé Oleg. Singoubov, le gouverneur de la région de Kharkiv.
“Deux personnes ont été soignées, un garçon de 16 ans et un homme de 83 ans. Tous deux ont été victimes de mines terrestres », a-t-il déclaré. Deux autres personnes ont été blessées lors de frappes à Marganets, dans le centre de l’Ukraine, a déclaré Valentin Reznitchenko, gouverneur de la province de Dnipro. Dans le sud, “les Russes ont attaqué à huit reprises des positions de l’armée ukrainienne dans les régions de Mykolaïv et de Kherson” et “l’armée ukrainienne a effectué neuf frappes aériennes sur des bases russes”, a indiqué l’Etat. Un responsable de l’administration d’occupation russe dans la région de la ville de Kherson a également succombé à ses blessures après une attaque, ont annoncé dimanche les autorités locales nommées par la Russie. Le même jour, l’ONG Amnesty International a dit regretter “l’indignation” provoquée à Kyiv par l’un de ses rapports accusant les soldats ukrainiens de mettre en danger des civils, maintenant là encore ses conclusions. Le Kremlin a, de son côté, salué une petite “victoire” symbolique : la réélection de l’ancien vice-président russe Arkady Dvorkovich à la tête de la Fédération internationale des échecs (FIDE), à la suite d’élections dans le contexte du conflit en Ukraine.