L’armée israélienne a assuré samedi 6 août avoir “neutralisé” les chefs “militaires” de l’organisation du Jihad islamique à Gaza, lors d’opérations qui selon les autorités de l’enclave palestinienne ont fait vingt-quatre morts, dont six enfants. Dans la soirée, Oded Basiok, chef du département des opérations de l’armée de l’Etat juif, a envoyé un communiqué à l’Agence France-Presse (AFP) dans lequel il a confirmé que « le haut commandement de la branche militaire du Jihad islamique à Gaza a été neutralisé. » “La bataille n’en est qu’à ses débuts”, a déclaré plus tôt Mohammed Al-Hidi, le chef du groupe armé qui tire des roquettes sur le territoire israélien. Selon un décompte mis à jour, le ministère de la Santé de Gaza a également affirmé que 215 personnes avaient été blessées. Lire aussi : Israël intensifie l’attaque contre le Jihad islamique à Gaza, le nombre de morts s’élève désormais à 24
Les autorités israéliennes contestent ce bilan et affirment que plusieurs enfants palestiniens ont été tués samedi soir à Jabaliya (nord) par une attaque ratée à la roquette du Jihad islamique vers Israël. “Les forces de sécurité israéliennes n’ont pas frappé Jabalia ces dernières heures”, a déclaré le bureau du Premier ministre israélien Yair Lapid dans un communiqué. L’armée israélienne a déclaré samedi qu’elle se préparait à “une semaine” de raids à Gaza, ciblant le Jihad islamique, qui, selon elle, avait tué quinze militants. Parmi eux, un commandant général, Tayssir Al-Jabari.

L’Egypte comme médiateur possible

Cette nouvelle confrontation, qui a débuté vendredi, est la pire entre l’Etat juif et des groupes armés à Gaza depuis la guerre de mai 2021, qui en onze jours a fait 260 morts côté palestinien, dont des militants, et quatorze morts en Israël. soldat, selon les autorités locales. Des sources égyptiennes ont indiqué à l’AFP que Le Caire, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, tentait de mettre en place une médiation. Lors d’un discours, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a déclaré qu’il travaillait “sans relâche” pour ramener le calme. Pourtant, sur le terrain, les échanges de tirs se sont poursuivis dans la nuit de samedi à dimanche, selon des journalistes de l’AFP à Gaza. Israël “ne négocie pas actuellement de cessez-le-feu”, a déclaré un porte-parole de l’armée israélienne. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Gaza, le regain de tension entre Israël et le Djihad islamique fait craindre une escalade
L’armée israélienne a commencé vendredi à frapper l’enclave assiégée de 2,3 millions de personnes dans une “frappe préventive” contre le Jihad islamique, a-t-il dit. En représailles, environ 400 projectiles – roquettes et obus de mortier – ont été tirés au cours des dernières 24 heures depuis Gaza, selon un responsable israélien. La plupart ont été interceptés par le bouclier antimissile, a indiqué l’armée, et deux personnes ont été légèrement blessées par des éclats d’obus, ont indiqué des secouristes.

Sirènes à Tel-Aviv

                   Une vue de Tel-Aviv, sur la côte méditerranéenne, le 6 août 2022. AHMAD GHARABLI / AFP  

Samedi après-midi, des sirènes d’alerte ont retenti dans la métropole israélienne de Tel-Aviv pour la première fois depuis cette nouvelle escalade. Les hostilités ont déjà privé Gaza, une petite bande de terre coincée entre l’Égypte, la Méditerranée et Israël, de sa seule centrale électrique. Elle s’est arrêté [de fonctionner] en raison d’un manque de carburant, a annoncé samedi la compagnie d’électricité. L’État juif a bouclé les passages frontaliers ces derniers jours, coupant ainsi les livraisons de diesel. La coordinatrice des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) pour les territoires palestiniens, Lynne Hastings, a demandé que “le carburant, la nourriture et les fournitures médicales” soient autorisés dans l’enclave. C’est l’arrestation d’un chef du Jihad islamique en Cisjordanie en début de semaine qui a conduit à cette nouvelle confrontation. Craignant des représailles, les autorités israéliennes ont déclaré lancer une opération à Gaza, une petite enclave dirigée par le mouvement islamiste Hamas et où le Jihad islamique est retranché. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés “Les opérations militaires ciblées ne sont pas une solution politique suffisante pour neutraliser les organisations ciblées”
Les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu, dix-neuf membres du groupe considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Après les premiers raids, le Jihad islamique a accusé l’État juif de “déclencher une guerre”. Pour Yaïr Lapid, il s’agit d’une “opération anti-terroriste précise face à une menace immédiate”, celle du Jihad islamique, “un assistant de l’Iran” qui veut “tuer des Israéliens innocents”. En 2019, la mort d’un commandant du Jihad islamique dans une opération israélienne avait déjà déclenché plusieurs jours d’échanges de tirs meurtriers. Le Hamas, qui a combattu Israël dans quatre guerres depuis sa prise de pouvoir en 2007, a gardé ses distances. Le monde avec l’AFP