Dans un communiqué de presse publié lundi par l’Assemblée des Premières Nations, la chef RoseAnne Archibald a partagé sa profonde déception que le pape n’ait pas présenté d’excuses plus complètes, y compris une répudiation formelle de la doctrine de la découverte. Inter Caetera de 1493 et ​​sa révocation. Cette visite laisse un goût de travail inachevé, a déclaré le chef de l’APN, une organisation pancanadienne représentant toutes les Premières Nations du pays. On a l’impression que des raisons juridiques ont empêché le pape de présenter des excuses plus complètes, a-t-il ajouté.

Une bulle papale partageant le Nouveau Monde

Le document Inter Caetera est une bulle papale catholique signée par Alexandre VI en 1493, divisant ce que les empires européens (Espagne et Portugal) appelaient alors le Nouveau Monde. En Amérique du Nord, les grands principes de la doctrine seront plus tard adoptés par les Français et les Anglais afin d’occuper les terres occupées par les premiers peuples au nom de leurs monarques respectifs. L’APN rappelle que la réconciliation nécessite l’abolition pure et simple de la doctrine de la découverte, car elle a, selon l’organisation, affecté les décisions des tribunaux au Canada et la façon dont les titres ancestraux sont définis. “Nous appelons les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux à rejeter les concepts qui ont servi à justifier la domination européenne sur les peuples et les terres autochtones, tels que la doctrine de la découverte et de la terra nullius, et à réformer les lois, les politiques gouvernementales et les stratégies en cours. s’appuyer sur de tels concepts. » — Extrait de l’action 47 de la Commission de vérité et réconciliation Interrogé par plusieurs médias dans l’avion de retour à Rome le 30 juillet, le pape François a d’abord semblé surpris qu’un journaliste de la CBC ait utilisé le terme de doctrine de la découverte. La journaliste a réitéré sa question au souverain pontife, lui demandant également pourquoi il n’a pas eu l’occasion de sa visite au Canada de renoncer à cette théorie qui demeure inscrite dans la Constitution et les systèmes juridiques du Canada et des États-Unis. L’expression doctrine de la découverte est très inhabituelle dans la théologie catholique, explique Jean-François Roussel, professeur à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal, en entrevue. C’est dans un cadre purement juridique que cette expression est utilisée pour désigner une doctrine qui trouve sa source dans une série de trois bulles papales du XVe siècle. Pour M. Russel, soit il y a eu un malentendu, soit le Saint-Siège a mal informé le Pape sur l’importance des revendications indigènes par rapport aux effets des bulles papales comme Inter Caetera. Dans la conscience du peuple de l’Église, il n’y a rien d’autre à rétracter ou à abolir, puisque ces doctrines ont été invalidées de leur point de vue par une série de développements historiques et d’encycliques ultérieures. « Les bulles papales ne représentent plus la position de l’Église catholique. Areios Pagos les considère comme des reliques obsolètes. Il serait donc logique qu’ils soient excommuniés par le pape lui-même. » — Une citation de Jean-François Roussel, professeur à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal Le professeur ajoute que la visite papale au pays a été en grande partie organisée par la Conférence des évêques catholiques du Canada, ce qui pourrait expliquer ces excuses partielles. Je ne suis pas sûr que pour eux la Doctrine de la Découverte était dans leur ligne de mire, note-t-il. Il y a eu un manque de préparation pour cette visite, laissant cet élément de côté alors qu’il fait clairement partie des exigences de la Commission Vérité et Réconciliation. De son côté, Emma Anderson, professeure de religion à l’Université d’Ottawa, a du mal à expliquer pourquoi le pape n’a pas terminé le processus de pénitence. Sa visite n’était pas religieuse, mais politique, dit-elle. Nous savions qu’il venait s’excuser, mais peut-être voulait-il se concentrer sur un seul message : les souffrances que les catholiques infligeaient aux Autochtones à travers le système des pensionnats. En s’excusant personnellement auprès des survivants de l’école, de leurs familles et de leurs communautés, le pape a répondu à l’appel à l’action 58 de la Commission vérité et réconciliation, a déclaré Mme Anderson. Mais en évitant de traiter de la doctrine de la découverte, il écarte le principe de terra nullius qui a été si influent dans l’évolution du droit canadien et américain. Cependant, il pense que la position du pape pourrait changer dans un proche avenir. Peut-être que le Vatican prépare bientôt quelque chose qui suivra le rythme des demandes des communautés indigènes. Mais la décision finale appartient au pape, et à lui seul, conclut-il.