Le gaspillage alimentaire comprend les restes de table, les aliments avariés et les aliments dont la date de péremption est dépassée, selon la définition de Recyc-Québec, un organisme gouvernemental chargé d’étudier les bonnes pratiques de recyclage. Si la viande et la volaille représentent 13 % des déchets alimentaires, explique Mme Aubert, elles représentent 59 % des émissions de gaz à effet de serre. Nous devons cibler ces aliments si notre objectif est de réduire l’impact environnemental, conseille l’expert alimentaire dans une entrevue avec ICI RDI. En ce qui a trait aux déchets générés par l’industrie elle-même, les entreprises sont peu incitées à mesurer, surveiller et réduire leur gaspillage alimentaire, conclut une vaste étude (Nouvelle fenêtre) quantifiant les pertes et le gaspillage alimentaires au Québec qui a été publiée en juin. Le rapport souligne l’attitude des entreprises qui souhaitent obtenir au moins un certain retour sur leur investissement, de sorte qu’elles ne veulent pas jeter (ou donner) des aliments avant leur durée de conservation minimale ou avant leur expiration, souvent sans avertissement. Cette approche commerciale complique la capacité des organisations à récupérer et à redistribuer les aliments comestibles, note l’étude, qui prévient également que les pertes et gaspillages alimentaires représentent d’énormes coûts économiques, environnementaux et sociaux pour les individus et la société dans son sillage. La mention « À consommer de préférence avant » sur les emballages contribue-t-elle au gaspillage alimentaire ? Entretien avec Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique.

L’évaluation des risques

Dans leur intérêt financier, les supermarchés et les épiciers s’assurent de bien gérer leur inventaire pour éviter le gaspillage, plaide Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec. M. Blouin reste plus prudent quant à l’élimination des dates de péremption dans le modèle de Waitrose et d’autres marques britanniques, comme le géant de l’industrie Tesco, qui a supprimé les dates de péremption de 100 produits depuis 2018, ou plus récemment Marks and Spencer qui a fait de même en 300 rapports. Comparer le gaspillage alimentaire au Québec aux pays étrangers est difficile, dit le PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec. Les procédures d’inspection, les méthodes, les obligations sont différentes, soutient-il. Pour nous, la date de péremption est un outil de travail, justifie M. Blouin, elle permet de gérer les rotations de produits. quand on “distribue” un aliment, un jambon en tranches par exemple, il y a un compte à rebours, car le produit est bon pour une durée donnée. “Il est important de donner la bonne information au client afin qu’il puisse consommer le produit sans mettre en danger sa santé. » — Une citation de Pierre-Alexandre Blouin, PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec Toutefois, M. Blouin partage la volonté des détaillants alimentaires de s’impliquer davantage dans la lutte contre le gaspillage, mais cela nécessite des balises, dit-il.

Levier scolaire

En 2022, le National Zero Waste Council a mené une enquête sur les déchets ménagers au Canada. Selon cette initiative, qui vise à réduire les déchets et à favoriser une économie circulaire, 63 % des aliments jetés par les Canadiens auraient pu être mangés. Pour le ménage canadien moyen, cela représente 140 kilogrammes de nourriture jetés chaque année – une facture de plus de 1 300 $ annuellement, selon l’analyse. Au bout du compte, c’est l’inflation qui pourrait bien limiter le gaspillage alimentaire, prédit Jacques Nantel, professeur émérite au Département de marketing de HEC Montréal. Pour les consommateurs intéressés à réduire les déchets, plusieurs ressources publiques aident à prévenir le gaspillage en fournissant des informations, notamment sur la durée de conservation des aliments ou en spécifiant des températures sécuritaires pour le stockage des aliments. Anne Marie Aubert est convaincue que la lutte contre le gaspillage alimentaire passera par une meilleure éducation scolaire. Le Canada demeure le seul pays du G7 sans programme d’alimentation scolaire, note-t-il. Ce programme nourrit non seulement les enfants, mais les éduque également sur une alimentation saine, les compétences culinaires et la budgétisation alimentaire. Avec les informations d’ICI RDI, de l’émission Tout un matin et de l’Agence France-Presse