Quand la vie sur Terre est-elle apparue ?
La question est difficile. Les premières traces de vie sur Terre pourraient en effet nous révéler des secrets bien cachés sur l’origine même de la vie. De telles informations pourraient également nous permettre de mieux comprendre la possibilité de vivre dans d’autres mondes. C’est pourquoi nous avons besoin de données d’urgence. Ces données, des chercheurs australiens de l’Université de New South Wales ont annoncé l’avoir trouvée en 2019. Ils ont expliqué avoir isolé de la matière organique d’origine microbienne de 3,5 milliards d’années dans de l’ardoise dans la région de Pilbara en Australie-Occidentale. Quelques années plus tôt pourtant, une équipe dirigée par Dominic Papineau de l’University College de Londres avait également affirmé avoir découvert des traces microbiennes vieilles d’au moins 3,7 milliards d’années. Ce dernier a été isolé dans les roches sédimentaires riches en fer de la zone supercorticale de Nuvvuagittuq au Québec, qui faisait autrefois partie du fond marin. En particulier, ce groupe avait alors suggéré que ces traces d’un oxyde de fer appelé hématite (sous forme de minuscules fils, boutons et autres tubes) auraient pu être laissées par des bactéries évoluant autour des bouches hydrothermales. Ces derniers auraient alors utilisé des réactions chimiques à base de fer pour gagner leur énergie. A l’époque, cependant, cette étude avait suscité un certain scepticisme de la part de certains chercheurs. Ce dernier a en effet suggéré que ces traces pourraient également être d’origine abiotique (non biologique).
De nouvelles données ont été communiquées
Ces dernières années, l’équipe de l’University College London a donc poursuivi ses recherches sur place. La roche a été analysée à l’aide d’une combinaison d’observations visuelles effectuées à l’aide de microscopes Raman (qui utilisent la diffusion de la lumière pour déterminer les structures chimiques) et de simulations informatiques qui recréent des parties numériques de la roche avec un superordinateur. Ces analyses approfondies, rapportées dans Science Advances, ont révélé une structure beaucoup plus grande et plus complexe incrustée dans la roche : une tige avec des branches parallèles d’un côté qui mesure près d’un centimètre de long. Les chercheurs auraient également isolé des centaines de sphères déformées, ou ellipses, le long des tubes et des fils. Détail de micro-fossiles qui, selon les scientifiques, sont la preuve de la vie incrustée dans la roche. Crédits : UCL Selon Dominic Papineau, ces structures ramifiées ressembleront un peu à du fil fait de Mariprofundus ferrooxydans. Il s’agit d’une bactérie qui se développe aujourd’hui dans les environnements marins profonds riches en fer, en particulier à proximité des cheminées hydrothermales. Les structures isolées au Québec, par contre, seraient beaucoup plus grandes et plus épaisses. “Je pense que ce que nous voyons est une communauté de microbes travaillant ensemble”, a-t-il déclaré. “Ces filaments se seraient développés à partir de groupes microbiens qui se seraient mélangés pour former un filament d’hématite plus grand au fil du temps.” L’équipe aurait également trouvé des sous-produits chimiques métalliques dans la roche, selon des processus d’extraction de bactéries énergétiques impliquant du fer et du soufre.
Au moins 3,75 milliards d’années
La datation scientifique de ces roches volcaniques suggère que ces traces ont au moins 3,75 milliards d’années et peut-être jusqu’à 4,28 milliards d’années. Prises ensemble, ces nouvelles découvertes pourraient suggérer qu’une variété de vie microbienne a peut-être existé 300 millions d’années seulement après la création de la Terre. S’il est confirmé, cela indiquerait que les conditions nécessaires à l’émergence de la vie sont relativement basiques. Si tous les ingrédients sont disponibles, il pourrait donc apparaître très rapidement. La conséquence la plus fascinante de cette découverte est peut-être ce qu’elle signifie pour la distribution possible de la vie extraterrestre. Si la vie était capable d’évoluer et d’évoluer dans les conditions difficiles de la Terre primitive, elle pourrait alors être plus courante que nous ne le pensons dans l’Univers. Dès lors, nul doute que ces nouvelles analyses soulèveront de nombreuses questions pour les experts.