Présidentielle 2022 : les deux tiers des partisans de Jean-Luc Mélenchon sollicités par La France insoumise choisissent de ne pas voter pour Emmanuel Macron franceinfo : Y a-t-il un fossé générationnel au moment du vote ? Mathieu Gallard : C’est quelque chose qu’on a déjà vu en 2017, mais c’est devenu encore plus intense. Chez les jeunes, les moins de 35 ans, on note un vote très fort en faveur de Jean-Luc Mélenchon, qui arrive en tête d’entre eux, mais aussi en faveur de Marine Le Pen, tandis que chez les plus âgés, 60 ans et plus, vient Emmanuel Macron. trop loin en tête. En effet, alors, entre les générations, il y a de plus en plus des attitudes politiques totalement divergentes. ️ Vote au premier tour de l’élection présidentielle en fonction de l’âge, facteur important pour les trois principaux candidats. 1/2 pic.twitter.com/g0Z4hjS3Kh — mathieu galard (@mathieugalard) 11 avril 2022 Et évidemment, cet écart générationnel recouvre notamment des différences de positions et de préférences quant à la politique économique et sociale à mener, ainsi que des conflits de valeurs avec toutes les problématiques spécifiques liées aux droits des minorités, à l’immigration. sur lesquels jeunes et moins jeunes ont des points de vue et des perceptions très différents. Les jeunes peuvent-ils aussi se sentir un peu oubliés de la macronie ? Emanuel Macron en avait beaucoup dit et mis beaucoup l’accent sur la jeunesse lors de sa campagne en 2017, c’est vraiment une tradition des campagnes électorales. Et c’est vrai qu’il y a peut-être eu un sentiment chez les jeunes qu’il a été oublié, notamment pendant la crise sanitaire. On le sent vraiment quand on écoute les jeunes, qu’ils soient étudiants ou jeunes travailleurs dans le domaine. Et puis, en plus, il y a eu une campagne de Jean-Luc Mélenchon qui a été extrêmement efficace sur le terrain, notamment en parlant de pouvoir d’achat, qui a attiré une partie des suffrages de cet électorat. Marin Lepen était lui aussi dans la même situation, très actif et très offensif sur ce dossier de société. Alors évidemment cela a attiré ces jeunes qui entrent dans le monde du travail et ils sont extrêmement incertains, voire inquiets pour leur avenir. Y a-t-il des enjeux sociaux, mais y a-t-il aussi des enjeux climatiques, l’idée d’un monde détruit par les “boomers” ? Absolument. C’est vrai qu’on a vu pendant la campagne que l’environnement était une préoccupation majeure pour les Français, juste derrière la question du pouvoir d’achat, mais chez les jeunes très haut, presque aussi fort que le “pouvoir d’achat”. Et puis évidemment, Jean-Luc Mélenchon, justement, a eu l’intelligence de promouvoir cet aspect environnemental lors de sa campagne électorale. Et cela lui a permis de prendre l’avantage à gauche face à Yannick Jadot, qui pourtant, en début de campagne, était apparemment reconnu comme le candidat le plus fort sur cette question environnementale. Ne sommes-nous pas aussi dans un phénomène plus classique, de plus grande radicalité chez les jeunes et dans une plus grande mesure chez les personnes âgées ? En ce qui concerne la modération des personnes âgées, nous dirons que chez les électeurs plus âgés, il y a, quoi qu’il arrive, élection après élection, un comportement plus légitimateur. Il y a une tendance à être plus favorable au parti au pouvoir. On le retrouve presque systématiquement et en plus dans de nombreux pays. “L’extrémisme des jeunes ? Pas forcément. Il y a quelques années, il y a au moins une décennie, il n’y avait pas vraiment de très fortes différences entre le vote des jeunes et le vote des autres couches de la population.” Mathieu Gallard chez franceinfo On a vu qu’ils votaient un peu plus pour le centre-gauche, les écologistes, mais les différences n’étaient finalement pas très fortes. En 2017, pour la première fois, nous avions un écart vraiment net et là, en fait, il a été mis en évidence. Dans une France que l’on sait très divisée socialement, géographiquement, si on y ajoute cette dimension généalogique, cela brosse un portrait quelque peu inquiétant du pays et de son devenir. Présidentielle : pourquoi l’idée d’une limite d’âge pour les personnes âgées convainc les uns (et scandalise les autres) Dans la concertation initiée par les Insoumis, leurs militants avaient le choix entre s’abstenir, voter blanc ou voter Macron pour le second tour. La semaine dernière, vous nous disiez que, selon les sondages Ipsos, près de 20% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon voteraient pour Marine Le Pen ? Jean-Luc Mélenchon et les dirigeants de La France insoumise ont été très clairs. Le soir du premier tour, ils ont déclaré qu’”il n’y aura pas de voix pour Marin Lepen”. Donc logiquement ils n’ont pas proposé cette option à leurs combattants. Ce que l’on constate, c’est que, de toute façon, depuis quelques jours et dès le premier tour, le pourcentage d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui voteraient pour Marin Le Pen tend à diminuer un peu en raison de la météo. [elle est passée de 18% le 13 avril à 16% le 16 avril, selon le sondage Ipsos pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd’hui en France]. On a l’impression que le fameux front républicain se met en place très, très lentement, dans une version très dégradée par rapport à ce que nous avions en 2017 et encore plus en 2002. Mais il se met doucement en place. Nous avons désormais moins d’un électeur Jean-Luc Mélenchon sur cinq qui ferait ce choix, contre un grand tiers qui voterait pour Emmanuel Macron.