ENQUÊTE – Marin Le Pen et ses proches sont accusés par l’Office européen de lutte antifraude d’avoir détourné environ 600 000 € d’argent public européen pendant leur mandat de députés européens, selon un nouveau rapport de 116 pages dévoilé ce samedi 16 avril par Mediapart et remis à la justice française. Interrogé par l’Agence France-Presse, le parquet de Paris a confirmé avoir reçu le rapport du 11 mars, actuellement en cours d’analyse. Les faits mis au jour par l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) “sont susceptibles d’entraîner des poursuites pénales à l’encontre d’anciens députés”, indique le rapport. Ce nouveau rapport de l’Olaf, dont Mediapart publie des extraits, traite des coûts que les groupes politiques peuvent utiliser dans leur mandat de députés. Selon le document, Marin Le Pen et ses proches l’auraient utilisé à des fins politiques nationales, pour des dépenses personnelles ou au profit de sociétés commerciales proches du Rassemblement national et du groupe parlementaire d’extrême droite Europe des nations et des libertés. (ENL).
Jean-Marie Le Pen réclame plus de 303 000 euros
Olaf comprend Marin Le Pen, trois autres anciens eurodéputés – le père de Jean-Marie Le Pen, ex-compagne de Louis Ali, et Bruno Gollins, bureau national du RN – et l’ENL. Leur bureau les accuse d’avoir détourné environ 600 000 euros, dont il propose une restitution. “Olaf a conclu que le comportement des quatre anciens membres du Parlement européen […] « mis en danger la réputation des institutions de l’Union », indique le rapport. La candidate de la Coalition nationale aurait personnellement détourné environ 137.000 euros d’argent public du Parlement de Strasbourg lorsqu’elle était députée européenne entre 2004 et 2017. Olaf réclame un peu plus de 303 000 euros à Jean-Marie Le Pen, environ 43 000 euros à Bruno Gollnisch et près de 2 500 euros à Louis Aliot, selon le site d’information. Environ 131 000 euros sont réclamés par le groupe ENL. Parmi les dépenses suspectes engagées par le bureau : 23.100 euros d’articles promotionnels livrés au siège du FN et qui “semblent avoir été achetés pour la conférence” de la fête organisée à Lyon en 2014 soit plus de 4.000 euros ont été dépensés. pour l’achat de bouteilles de vin et qui “ont été distribuées par Bruno Gollnisch lors de la même conférence”, rapporte Médiapart.
“Des événements anciens de plus de dix ans” pour certains
“Je suis surpris par le timing toujours fort de la révélation et de son ‘instrumentalisation’”, a déclaré à l’AFP l’avocat de Marin Le Pen, candidat au second tour de l’élection présidentielle, Me Rodolphe Bosselut. L’avocat se dit aussi “déçu du fonctionnement de l’Office européen de lutte antifraude, sans caractère contradictoire” et de “faits vieux de plus de dix ans” pour certains. Marin Le Pen “n’a été convoqué par aucune autorité judiciaire française”, a-t-il ajouté, ajoutant qu’il regrettait que ni lui ni son client n’aient reçu le rapport final. Selon lui, l’enquête d’Olaf est ouverte depuis 2016 et le député d’extrême droite a été interrogé par courrier en mars 2021. Selon Médiapart, la députée RN a écrit dans une réponse écrite à Olaf que le comptable belge Charles Van Houtte, “un pilier du système frontal au Parlement européen”, l’aurait laissée “ignorante de ses activités extérieures”. Il dit méconnaître “les règlements des sociétés, les relations entre elles, l’existence ou non de personnel en leur sein, leur objet social”. Depuis juin 2017, Marin Le Pen est également poursuivi dans le cadre d’une enquête menée à Paris sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen d’assistants de parti. Il est accusé de “détournement de fonds publics” et de “complicité” de ce crime dans le cadre de cette information judiciaire. À voir aussi dans Le HuffPost: Ces Maréchaux ne veulent pas de Macron, mais bloqueront Le Pen