Avec leur seul vote, les démocrates ont approuvé ce plan d’investissement de plus de 430 milliards de dollars (plus de 420 milliards d’euros), qui reviendra la semaine prochaine à la Chambre des représentants pour un vote final avant d’être promulgué par M. Biden. . . Le président américain s’est félicité de la nouvelle dimanche après-midi. “Beaucoup de compromis ont dû être faits. Faire des choses importantes l’exige presque toujours », a-t-il déclaré dans un communiqué. “Ce projet de loi va changer l’Amérique pour les décennies à venir”, a assuré le leader démocrate du Sénat Chuck Schumer immédiatement après le vote, sous les applaudissements tonitruants de son camp. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Etats-Unis : le plan “anti-inflation” des démocrates du Sénat commence
Le plus gros investissement climatique jamais réalisé aux États-Unis
Tous les sénateurs républicains ont voté contre le texte, rebaptisé Inflation Reduction Act, qu’ils accusent de créer des dépenses publiques inutiles. Fruit de négociations difficiles avec l’aile droite du Parti démocrate, ce projet de loi comprend le plus gros investissement climatique jamais réalisé aux États-Unis – 370 milliards de dollars pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030.
Avec cette réforme, un Américain recevra jusqu’à 7 500 $ de crédits d’impôt pour l’achat d’une voiture électrique. L’installation de panneaux solaires sur son toit sera couverte à 30%. Cette réforme doit aussi permettre d’augmenter la résilience des forêts face aux feux de forêt qui ravagent l’Ouest américain et dont la prolifération est directement attribuée au réchauffement climatique.
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Plusieurs milliards de dollars d’allégements fiscaux seront également offerts aux industries les plus polluantes pour les aider dans leur transition énergétique, une mesure vivement critiquée par l’aile gauche du parti, qui a dû s’aligner derrière ce texte, faute d’ouverture. un accord plus ambitieux.
Trop coûteux pour les républicains, pas assez ambitieux pour les démocrates de gauche
Arrivé au pouvoir avec des plans de réforme massifs, Joe Biden les a vus enterrés, ressuscités, puis enterrés à nouveau par un sénateur très modéré de son camp, Joe Manchin. Confronté à une très faible majorité démocrate au Sénat, le représentant élu de Virginie-Occidentale, un État connu pour ses mines de charbon, dispose en effet d’un droit de veto sur ses projets. Fin juillet, le leader démocrate au Sénat est finalement parvenu à arracher un compromis à M. Manchin.
Samedi, les sénateurs ont enfin commencé à débattre du texte en demi-cercle. Dans la soirée, ils se sont lancés dans un processus appelé “vote-a-rama”, au cours duquel les élus, pendant quinze heures d’affilée, ont proposé des dizaines d’amendements et demandé un vote sur chacun d’eux.
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L’occasion pour l’opposition républicaine, qui juge le plan Biden trop cher, et la gauche démocrate, qui le voulait plus largement, d’exprimer leurs doléances. Le puissant sénateur de gauche Bernie Sanders a introduit du jour au lendemain plusieurs amendements censés renforcer le volet social du texte, qui ces derniers mois a été considérablement amputé.
“Ce projet de loi ne résout pas ce problème”
Le texte prévoit des investissements de 64 milliards de dollars dans la santé et la baisse progressive du prix de certains médicaments, qui peuvent être jusqu’à dix fois plus chers que dans d’autres pays riches. Mais les progressistes ont dû abandonner leurs ambitions de garderies et d’universités publiques gratuites et de meilleurs soins pour les personnes âgées.
“Des millions de retraités continueront d’avoir les dents pourries et ne recevront pas les prothèses dentaires, les appareils auditifs ou les lunettes qu’ils méritent”, a critiqué M. Sanders depuis le demi-cercle. “Ce projet de loi ne résout en rien ce problème”, a assuré l’ancien candidat à la présidentielle. Mais le camp démocrate, désireux de mettre en œuvre ce plan avant les dangereuses élections législatives de novembre et d’offrir une victoire au président, s’est uni et a rejeté l’écrasante majorité des amendements.
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Parallèlement à ces investissements colossaux, le projet de loi entend réduire le déficit public avec un nouvel impôt minimum de 15 % pour toutes les entreprises dont les bénéfices dépassent le milliard de dollars. Il vise à empêcher certaines grandes entreprises d’utiliser des niches fiscales qui leur ont permis de payer bien moins que le taux théorique. On estime que cette mesure pourrait générer plus de 258 milliards de dollars de recettes fédérales américaines au cours des dix prochaines années.
Le monde avec l’AFP