POLITIQUE – Soirée mouvementée au Palais du Luxembourg. La gauche accuse le Sénat de remettre en cause la règle des 35 heures par deux mesures adoptées dans la nuit du lundi 1er août au mardi 2 août. Les élus de l’Assemblée suprême, emmenés par la droite, ont ainsi pérennisé le relèvement à 7.500 euros du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires et validé la possibilité pour les employeurs de racheter les journées de RTT de leurs salariés, dans le sillage du Décret national. Assemblée. Des dispositions destinées à améliorer le pouvoir d’achat des Français, selon ceux qui les défendent. Le rapporteur (LR) Jean-François Husson a notamment évoqué “une réponse intéressante pour les salariés, pour les entreprises” et même “pour la France” concernant l’incitation aux heures supplémentaires. Outre l’augmentation du pouvoir d’achat, l’exonération fiscale peut également être une solution au problème de “pénurie de main-d’œuvre” dans plusieurs secteurs, a-t-il déclaré. “L’idée de porter le plafond de la défiscalisation de 5.000 à 7,50 euros est un pas dans la bonne direction”, a approuvé le ministre de l’Economie Bruno Lemaire, en amont des discussions, évoquant une mesure “définitive”. Le gouvernement, en revanche, n’était pas favorable à la pérennisation de la possibilité donnée aux entreprises de racheter des jours de RTT aux salariés, préférant limiter la mesure aux seules années 2022 et 2023. Le Sénat l’a votée malgré tout, avec une forte protestations de la gauche.

Une « attaque sans précédent » ?

“Nous sommes en pleine nuit d’août pour enterrer les 35 heures”, a par exemple accusé l’écologiste Thomas Dossos d’un air sérieux. Pour lui, “la disposition votée par la droite, l’extrême droite et la majorité présidentielle” enterre définitivement “la barrière symbolique du travail hebdomadaire”. Il s’agit d’une “attaque directe contre l’idée même du partage du temps de travail et donc contre la répartition des richesses”, a-t-il déploré, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Sur le même ton, le sénateur PS de Paris David Assouline a dénoncé un “coup de violence” quand son collègue Rémi Féraud a accusé la droite d’”ouvrir la boîte de Pandore” sur un dossier explosif. Sénateur @tomdoss : “On est tranquillement en train, en pleine nuit d’août, d’enterrer les 35 heures.”… — Damien Dole (@DamienDole)
Voir le tweet Même ton sur les réseaux sociaux où de nombreux élus dénoncent l’atteinte à ce totem de la gauche qu’est la limite du temps de travail hebdomadaire. Ceux des Nupes précèdent. “Alors qu’il faut réduire le temps de travail, le Sénat a mis fin aux 35 heures”, a déploré sur Twitter la députée EELV de Paris Sadrine Rousseau. Alors que nous devrions réduire les heures de travail, tard hier soir, le #Sénat a manqué de 35 heures. — Sandrine Rousseau (@sandrousseau)
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Plus qu’un symbole

Avant elle, ses collègues Éric Piolle et Yannick Jadot s’étaient déjà engagés contre les dispositions votées par le Parlement, “un cheval de Troie de la régression sociale”, selon leurs propos dans une tribune publiée dans les colonnes du Journal du Dimanche le 31 juillet dernier. Pour les deux anciens candidats des primaires EELB, la mesure pour le rachat des PTT notamment, qui résultait d’une proposition des parlementaires de LR, “porte un coup sans précédent en 35 heures”. Au-delà de la question symbolique, l’inquiétude porte surtout sur le pouvoir spécifique donné aux employeurs sur le temps de travail de leurs salariés. Outre les responsables politiques – socialistes et écologistes insoumis – les personnalités signataires de la plateforme du JDD, dont des représentants syndicaux des cadres CFE-CGC et CFDT, voient derrière une telle disposition “un levier fort pour l’employeur”. Elle lui permettra “de refuser l’attribution de jours de repos sous prétexte de les rémunérer, face à un travailleur tiraillé entre son besoin de repos et l’amélioration de son pouvoir d’achat”. Enfin, ces mesures défendues par la droite et la majorité présidentielle servent « à éviter de s’attaquer au vrai problème du pouvoir d’achat », selon ces chiffres, à savoir : « les augmentations de salaires ». Soit l’une des omissions majeures des textes votés par le Parlement. Reste désormais à savoir si les députés seront d’accord ou non sur l’ensemble du texte (projet de loi de finances rectificative). Dans le cas précis des RTT, comme pour le reste, si députés et sénateurs ne parviennent pas à s’entendre, l’Assemblée nationale aura le dernier mot. Voir aussi sur Le HuffPost : Ces débats sur le pouvoir d’achat illustrent encore les difficultés du gouvernement à l’Assemblée Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.