franceinfo : Quelles sont les conséquences de la sécheresse pour les cours d’eau ? Cécileavezard : Nous avons des rivières et des cours d’eau naturels conçus pour la navigation. Et malgré la sécheresse, nous arrivons à naviguer sans trop de difficultés. Nous parvenons à entretenir les conduites d’eau grâce à nos ouvrages qui sont essentiellement des barrières à la navigation. Donc le bassin de la Seine, le bassin Rhône-Saône, le bassin qui dessert le port de Dunkerque, restent à flot pour l’instant parce qu’on arrive à entretenir les conduites d’eau. La seule grande voie navigable naturelle qui fait l’objet de restrictions est le Rhin. Le dernier barrage sur le Rhin est en France. Et entre ce dernier barrage et la sortie du Rhin en Allemagne, il n’y a plus d’excroissance permettant de retenir l’eau. L’eau sort plus vite vers la mer et le niveau d’eau est plus bas. La navigation reste possible, mais la ligne de flottaison est plus faible, le tirant d’eau encore plus faible. Cela signifie que les navires sont obligés de charger au tiers de leur capacité pour pouvoir traverser l’ensemble du réseau. Dans les rivières et cours d’eau aménagés, on parvient à maintenir les conduites d’eau mais les débits sont plus faibles que d’habitude. Les canaux flottent-ils toujours ? Dans le réseau artificiel, c’est-à-dire dans les canaux construits pour relier les bassins entre eux, les systèmes d’alimentation sont beaucoup plus dépendants de la pluviométrie. Et là on a plus de difficultés. Il y a des zones où on a dû fermer la navigation parce que les courants étaient insuffisants ou parce qu’il y a d’autres usages de l’eau qui sont prioritaires et qui font qu’on ne peut pas prélever de l’eau du milieu naturel pour maintenir des milieux aquatiques navigables. C’est soit pour des usages d’eau potable, à Nancy par exemple, soit pour des usages d’irrigation, soit pour des usages touristiques. Nombre de nos barrages-réservoirs servent également de plans d’eau touristiques. Là, nous sommes obligés de combiner deux usages du tourisme : l’usage d’un plan d’eau touristique et l’usage de la navigation. Y a-t-il des canaux fermés à la navigation ? Le canal des Vosges est fermé, une partie du canal entre la Champagne et la Bourgogne, une partie du canal de la Meuse. Ce ne sont parfois pas forcément tous les parcours, mais il peut arriver que, sur une partie du parcours, il y ait un tronçon fermé à la navigation par manque de tirant d’eau. Est-il devenu compliqué aujourd’hui de concilier tous ces usages de l’eau ? Oui, ça se complique. Nous, dans la manière dont nous gérons notre réseau, essayons d’être le plus clair possible. Sur nos canaux, nous essayons vraiment d’être extrêmement économes en eau, par exemple en regroupant les écluses à bateaux pour limiter les pertes d’eau. Nous essayons de développer des techniques pour être le plus économe possible en eau. Nous le faisons sur le Canal du Midi. Nous le faisons sur le canal de Briare. Il existe un certain nombre de chaînes très fréquentées sur le plan touristique, dans lesquelles les utilisateurs sont invités à se regrouper.