Farine, huile… La ruée vers ces produits de base n’est plus en cause. Selon une note de la société d’analyse IRI, les ventes de pétrole ont en effet augmenté de 55% dans la semaine du 4 au 11 avril, par rapport à la même période l’an dernier. Les ventes de farine ont augmenté de 57,4 %. A lire aussiLe manque d’huile de tournesol, omniprésente en cuisine, inquiète les restaurants Une frénésie d’achats qui a commencé il y a plusieurs semaines. En effet, l’Ukraine est le premier producteur mondial d’huile de tournesol, et la Russie et l’Ukraine représentent au moins 78 % des exportations mondiales. En blé, la Russie et l’Ukraine représentent 30 % des exportations mondiales, avec respectivement 75 millions et 33 millions de tonnes produites chaque année. La Russie est le premier exportateur mondial et l’Ukraine le quatrième, avec 75 % de sa production à l’étranger. “Depuis le début du conflit en Ukraine (fin février), les volumes de pétrole [vendus] augmenté de + 33 % par rapport à 2021 et + 4 % supérieur à 2020 (période de stockage et début de la première inclusion pendant laquelle les Français avaient passé du temps à cuisiner et pâtisser) : de quoi abuser des filières ! “, précise l’IRI dans son étude. Une ruée qui met la supply chain sous pression. Le panel de reporting des ventes des supermarchés, NielsenIQ, avait déjà expliqué à l’AFP le 7 avril avoir constaté une augmentation de la disponibilité de certains produits dans les rayons. Du 21 février au 27 mars, les huiles, farines et pâtes ont représenté le nombre “d’incidents de vacances dans la grande distribution”, hors discount Lidl ou Aldi, “plus ou moins augmenté” de 37% pour les huiles, 26% pour la farine et 21% pour les pâtes, a déclaré Nicolas Léger, PDG de NielsenIQ.
Stocks d’huile de tournesol garantis jusqu’en juin
Malgré ces achats prudents des consommateurs, les professionnels se veulent rassurants sur les actions à court terme. Plusieurs détaillants ont en effet forgé qu’il n’y avait aucun risque de pénurie sur tous les produits disponibles sur le marché. “En France aujourd’hui, la consommation quotidienne ne manque pas et ce ne sera pas avant l’été”, a déclaré Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique E. Leclerc, à BFMTV début avril. “Des pâtes, il y en a. Pour l’huile de tournesol, nos stocks sont jusqu’en juin”. “Dans l’huile de tournesol, il y a peu de marchés de précaution mais nous n’avons pas une pénurie totale d’approvisionnement”, a déclaré à Radio Classique le patron de Système U, Dominique Schelcher. “Les gens stockent et c’est ce qui peut vider les rayons en ce moment, mais il y aura à nouveau de la marchandise. Pas forcément toutes les marques, mais il y aura des produits, pas de panique.
Cocktail d’incertitudes
Ainsi, pour l’huile de tournesol, utilisée dans de nombreux produits transformés, le problème de la pénurie pourrait se poser après l’été. Fin mars, le ministre ukrainien de l’Agriculture estimait que l’invasion russe risquait de réduire de moitié la prochaine récolte de céréales. Les Ukrainiens « sèmeront là où c’est possible », mais seuls « 50 % à 75 % des terres » pourront être exploitées, a précisé Mykola Solsky, qui a également précisé que de nombreux agriculteurs avaient « rejoint l’armée ou la zone de défense ». créer une pénurie de main-d’œuvre. Lire aussi Manque d’huile de tournesol : informer les consommateurs des changements de recette tourne au casse-tête Les semis ont bien commencé en Ukraine, mais s’il n’y a pas de volumes de tournesol, “cela va être un problème pour l’huile de tournesol et l’agroalimentaire”, reconnaît Thierry Desouches, porte-parole de Système U. Même s’ils sèment, ça va aussi être nécessaire pour faire sortir les marchandises d’un pays aujourd’hui coupé des routes commerciales. Une incertitude qui pourrait encore accroître la tentation du shopping de précaution. VOIR AUSSI – Russie : Poutine veut “surveiller” les exportations alimentaires vers les pays “hostiles”