Plateau de tournage du District 31 Nathalie Collard La Presse
L’une des émissions les plus populaires de l’histoire de la télévision québécoise quittera les ondes jeudi après six années de succès ininterrompu. Posté à 17h00 Au final, la série a battu des records d’audience, rassemblant plus d’un million de téléspectateurs devant leur petit écran du lundi au jeudi. À l’ère des plateformes numériques et du visionnage de rattrapage, c’est un exploit qui n’est pas passé inaperçu. Au fil des années, les intrigues politico-juridiques-policières imaginées par Luc Dionne coïncidaient avec la réalité se sont produites à plusieurs reprises, ce qui a rendu la série encore plus intéressante. Mais la qualité exceptionnelle de District 31, outre les intrigues bien ficelée et l’immense talent des comédiens, est sans aucun doute l’œuvre d’éducation populaire. Nous faisant entrer dans l’univers du commandant Chiasson, du sergent-détective Stéphane Pouliot, du pseudonyme Poupou et de la procureure Sonia Blanchard, c’est l’univers policier et pénal que l’auteur a fait découvrir au public québécois. Avant le District 31, peu de gens connaissaient la signification de l’acronyme DPCP (Director of Criminal and Prosecution). Peu de personnes dans le grand public pourraient expliquer la différence entre le travail du Bureau des enquêtes indépendantes et le travail des affaires intérieures. Ou qui a su distinguer le grade hiérarchique de lieutenant, major et sergent détective. Tous ces détails ne sont plus un secret pour les spectateurs réguliers du District 31. Au fil des semaines, Luc Dionne a sensibilisé le public au déroulement d’une enquête policière : du soupçon à l’arrestation, en passant par l’interrogatoire (“Il y a une caméra ici, une autre là…”) et le décor, il nous a emmené avec lui le poste de police, où le commun des mortels met rarement les pieds. Outre l’éventail des drames humains devant la police, il a expliqué le métier de technicien au sein du service d’identité judiciaire, les liens parfois tendus entre le politique et le système judiciaire, et les eaux tumultueuses dans lesquelles les analystes mènent des recherches pour les chercheurs. Il a mis en lumière les angles morts de notre système, ses échecs et ses incohérences. Et dans le bon du coup. A travers des personnages hauts en couleurs, bruts et complètement sympathiques, l’auteur a réussi à humaniser l’image de la police, une image souvent abusée par l’opinion publique. Les Québécois exigent de leurs forces policières, avec de bonnes raisons. A un moment, parfois, on oublie que derrière le costume il y a des gens qui vivent des drames, des frustrations et beaucoup de stress. Les dernières données fournies par les syndicats de policiers montrent qu’ils sont de plus en plus nombreux à consulter en santé mentale. Une indication qu’ils ne sont peut-être pas assez soutenus dans leur nouvelle réalité. Mais c’est une autre affaire… District 31 reste avant tout du divertissement, une œuvre de fiction écrite avec brio par un écrivain, Luc Dionne, au sommet de son art. Et quand une œuvre de fiction divertit et informe, cela vaut la peine d’être célébré.