Le cloud et les données personnelles

Selon Marin Le Pen, ce modèle hybride est « voué à l’échec », car être « dépendant » d’entreprises américaines ou chinoises, « est à la merci de ces pays ». Pour le cloud, le matériel informatique, les télécommunications ou les logiciels, le candidat RN est “l’usage exclusif des fournisseurs français pour les marchés publics dans les secteurs militaire et de la sécurité nationale et, pour les autres marchés publics, la priorité pour les fournisseurs européens”. C’est ce que de nombreux acteurs européens appellent le “Buy European Tech Act”. Ironiquement, Emanuel Macron a proposé une telle mesure en 2017, en vain. “Ce n’est pas consensuel en Europe”, a expliqué le ministre des Affaires étrangères Cédric O à Digital, ajoutant : “Ceux qui disent que cela arrivera dans deux ou trois ans sont des menteurs. »

Grandes entreprises numériques

Face aux Gafam américains ou à leurs homologues chinois, Marin Le Pen veut aussi renforcer le contrôle sur les acquisitions d’entreprises françaises. Il n’exclut pas non plus de s’être « inspiré » de la répression du président Donald Trump contre le réseau social chinois TikTok : cela pourrait conduire à « des ouvertures forcées de capital dans des entreprises européennes » ou « contraindre les maisons mères dont les filiales opèrent en Europe à rompre le lien hiérarchique qui les unit”, a-t-elle assuré dans une interview au Point. Sur la question plus large de la puissance économique des géants du numérique, accusés d’écraser leurs concurrents, l’équipe de Marine Le Pen reconnaît que le futur Digital Markets Act (DMA) européen, fortement soutenu par la France, “s’inscrit dans la logique commune”. Des candidats RN comme Emmanuel Macron citent les États-Unis de Théodore Roosevelt, qui, en 1911, ont dissous la Standard Oil, fondée par John D. Rockefeller. “Il ne faut pas hésiter à envisager la dissolution des plateformes numériques en situation de monopole”, a déclaré le candidat LRM. Cette possibilité est déjà prévue dans DMA, mais probablement en dernier recours. “La dissolution est un dernier recours”, mais pas “une proposition excessive ou violente”, pense-t-on aussi à Mme Lepen. Lire aussi : Article pour nos abonnés Concours : un règlement européen « historique » pour la régulation des géants du numérique

La cyber-sécurité

Caractérisée par Emanuel Macron dans son programme officiel, comme “la grande menace de notre temps”, la cybersécurité est l’une des priorités numériques des deux candidats. Marin Le Pen promet de renforcer “la cybersécurité nationale dans toutes ses dimensions : infrastructures, matériels, logiciels, capacités de détection d’attaques, formations spécialisées et sensibilisation du public”. En pratique, ce renforcement passerait avant tout par l’augmentation des moyens du Service national de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), de l’armée et la création de “commandos numériques” qui pourraient procéder à des “neutralisations et contre-attaques”. «. » En cas d’attaque informatique. Le rattachement de ces « commandos » (armée, services de renseignement, etc.) n’est pas précisé. Un appareil similaire existe déjà dans l’armée, le Comcyber. Emanuel Macron promet de son côté d’engager 1.500 “cyber-patrouilles” chargées de surveiller la sécurité des ordinateurs, mais surtout de créer un “filtre anti-fraude” qui “préviendra tous les internautes en temps réel avant qu’ils ne le fassent”. ne vous rendez pas dans un endroit qui pourrait être piégé par des explosions. » Ce “filtre” reposerait sur une liste noire de sites connus pour être peu fiables et un avertissement apparaîtrait sur l’écran de l’internaute qui s’y rendrait – sans toutefois en bloquer l’accès. Cependant, de nombreuses questions pratiques sur ce projet restent sans réponse. À lire aussi : Guerre en Ukraine : les États-Unis s’attendent à une escalade des cyberattaques

Réseaux sociaux

Emanuel Macron confirme dans un autre entretien au Point que “nous entrons dans une phase où nous devons réguler davantage” les réseaux sociaux, qu’il juge responsables du “rétrécissement” des internautes dans des cercles où “tout le monde pense de la même manière”. ; et pointe aussi du doigt « l’addiction au écran » ou encore « la violence par l’anonymat » qui, selon lui, « ne devrait pas exister dans une société démocratique ». rôle dans le cyberharcèlement, M. Macron n’a pas précisé quelle forme prendraient ces nouvelles réglementations en plus des négociations européennes en cours.Le harcèlement ou le harcèlement occupent une place prépondérante dans la “loi Avia”, votée en 2020 mais largement contestée par le Conseil constitutionnel . Le programme de Marin Le Pen contient une mesure particulièrement remarquée sur la question de la modération des réseaux sociaux, que le candidat RN considère, comme Donald Trump, biaisé contre sa politique familiale. Il veut interdire aux réseaux sociaux de surveiller les contenus selon des règles qui iraient au-delà de la loi française. “Seule l’application du droit national, par exemple pour l’incitation à la haine, la protection des mineurs, [peut] est la base pour retirer des contenus ou fermer des comptes », croit-elle au volet numérique de son programme. Cette mesure, si elle était promulguée, reviendrait à interdire aux groupes de coordination Facebook ou YouTube – dont les carences sont déjà souvent pointées du doigt – toute action qui n’aurait pas été décidée par un tribunal. Des millions de contenus sont désormais supprimés quotidiennement en France sur ces plateformes. En cas de manque de coopération de leur part, Mme Le Pen rappelle également la possibilité pour la France de se doter de ses propres outils : “Je n’hésiterai pas à créer et gérer un réseau social public, libre et gratuit, si réseaux sociaux privés” ils devaient s’en tenir à leurs pratiques », écrit-il. Sans préciser en quoi ce serait, ou pas, médiocre. Lire aussi Twitter condamné à révéler les coordonnées des médias s’adonnant à sa modération en France
Damien Leloup et Alexandre Piquard