Les voisins de la prison des Baumettes à Marseille sont indignés. Presque chaque après-midi, ce sont des vagues de cris qui se succèdent. La prison est à la fois un centre de peines modifiées, un centre de détention pour femmes et un centre de détention. Il comptait près de 1 600 détenus en septembre dernier. Les habitants qui filment ces événements quotidiens sont débordés. La vidéo prise par un voisin témoignant anonymement au micro de BFM Marseille Provence le confirme. On entend une femme crier pendant la nuit. “Cette vidéo est l’un des nombreux exemples quotidiens de détenus criant (…) jusque dans le quartier.”
Menaces et insultes
Depuis plusieurs mois, les rues du quartier se sont transformées en fleurs sauvages. “Ils essaient de monter sur le toit de leur voiture pour mieux parler jusqu’à ce qu’ils disent ‘stop’. Ils nous menacent, nous insultent, nous injurient”, explique Eliane Gastaud, fondatrice et animatrice du collectif “Les voisins du Baumettes”. “On peut rester deux, trois jours sans feu d’artifice et il peut y en avoir deux dans la même nuit”, note la femme. “Pire que les feux d’artifice, nous avions il y a environ un mois, des mortiers. Donc c’est très puissant.” Une situation qui s’était déjà produite lors de l’arrivée de l’extension des Baumettes 2 en 2017. Des vitres insonorisées avaient été installées en 2019 mais, depuis, des détenus les avaient brisées. “Je voudrais juste dormir”, se lamente le fondateur.
Interrogatoire direct des prisonniers
Outre les parloirs sauvages, les riverains se plaignent d’être interrogés par des détenus lorsqu’ils sont dans leur jardin. En 2017, “c’était un vrai rocher pour nous”, assurent les riverains, au bout de leur mouillage. “Avant 2017, le bâtiment de la prison ne dépassait pas le mur d’enceinte… Maintenant, il y a des fenêtres qui donnent sur nos jardins, et c’est l’enfer”, raconte un habitant dont une partie du terrain a une partie de ses cellules fenêtres. “Depuis des années, on pointe du doigt les différents problèmes, on a l’impression d’être méprisés ou minimisés quand on défie n’importe qui de venir habiter dans notre rue pendant une semaine. Ils verront à quel point la situation est invivable.” il a dit.
Travail en cours
Actée en 2018, la démolition des “Baumettes historiques”, le bâtiment principal de la maison d’arrêt de Marseille, a débuté il y a près d’un an. La prison s’était démarquée pendant de nombreuses années par son innocence et son délabrement. Le bâtiment sera remplacé par une structure plus moderne, dont l’ouverture est prévue en 2025. Le maire des 9e et 10e arrondissements de Marseille se rendra à la maison d’arrêt pour constater l’avancée des travaux. “Il appartient à l’administration pénitentiaire de faire le nécessaire et d’accélérer ces travaux. Il n’est plus possible de voir des habitants ne plus pouvoir profiter de leur bien en toute quiétude”, a déclaré Lionel Royer-Perreaut. Ce lundi, l’élu doit rencontrer le préfet de police de Marseille pour régler les problèmes de salles et d’artifices avant de se rendre à la prison des Baumettes. Pierre-Henri Holderbaum, Inès Guillemot, Julie Poncet et Alicia Foricher