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“C’était un événement isolé dans un mariage de 17 ans. La Cour conclut qu’il ne s’est pas livré à un schéma de violence domestique, mais que cet événement a affecté sa santé psychologique [la victime] et ses enfants », a déclaré le juge Serge Laurin, accordant à Joshua Schoo une libération conditionnelle.
L’homme de 42 ans a violemment agressé son ex-femme après une dispute en mars 2021. Il a été inculpé de voies de fait causant des lésions corporelles et d’étranglement de sa victime, en plus de l’avoir menacée.
Plusieurs mois plus tôt, l’accusé avait eu une liaison extraconjugale. Il avait même encouragé la victime à faire comme lui, apprend-on dans le jugement récemment rendu.
Mais le 6 mars 2021, elle lui a avoué avoir rencontré quelqu’un. L’accusé ne l’a pas accepté, à tel point qu’il s’est mis à consommer beaucoup d’alcool et à insulter sa femme.
Avec oreiller
À un moment donné, elle est allée se réfugier dans sa chambre et Schoo a enfoncé la porte en tenant un oreiller à la main.
“Quand il a apporté l’oreiller à l’étage, j’ai cru que j’allais mourir. […] Je pensais que j’allais être une statistique”, a décrit la femme dans une lettre émouvante au tribunal.
“Je vais te voler (‘Je vais te battre’)”, a crié l’accusé, peut-on lire.
C’est leur fille de 13 ans qui a dû appeler à l’aide lorsqu’elle a vu son père assis sur sa mère, essayant de l’étrangler et de la battre.
L’attaque a laissé la femme avec de multiples ecchymoses sur son corps, des égratignures sur son épaule et une rougeur importante sur son cou. De nombreux enfants ont été témoins de l’attaque.
La Couronne a demandé à Joshua Schoo, qui n’avait pas de casier judiciaire, d’être emprisonné pendant six mois pour l’incident de violence domestique.
Pour sa défense, l’homme a fait valoir qu’il s’était rapidement fait soigner et que son comportement était “une erreur” qu’il regrettait et qu’il ne voulait pas “ruiner sa carrière” dans la ville d’Ottawa avec un casier judiciaire. demande de libération conditionnelle, souligne la décision.
Perdre son emploi
Serge Laurin, juge
“Avec une peine de six mois de prison, il pourrait sérieusement perdre son emploi depuis 15 ans, ce qui aurait un impact financier important sur ses enfants [la victime] et [l’accusé] », a écrit le juge Serge Laurin.
Il a souligné que le casier judiciaire empêcherait le prévenu de rendre visite à sa sœur aux États-Unis et qu’il ne pouvait pas voyager à l’étranger avec ses enfants. Il ne serait également plus en mesure de faire du bénévolat dans son église.
Le juge a également noté sa “participation à des traitements de modification du comportement et l’abstinence d’alcool et de drogues”.
Partir sans casier judiciaire, le prévenu devra respecter un certain nombre de conditions, dont ne pas approcher ou contacter la victime et poursuivre son parcours de guérison.
Il doit également verser 5 000 $ à un organisme communautaire.
Une telle décision, qui rappelle celle rendue dans le dossier de l’ingénieur Simon Houle, “surprend” la juge à la retraite Nicole Gibeault. Il s’attendrait à une peine “plus dure”, alors que la population dénonce avec force les violences faites aux femmes dans le cadre d’une vague de féminicides.
Interception
« Je comprends les raisons données par le juge qui ont conduit à la relaxe, mais nous sommes en 2022 et la société a évolué et est ailleurs. Les propositions doivent être plus dissuasives pour refléter tout cela”, a-t-il noté.
Il est également surpris que la Couronne ait rejeté les accusations sommairement plutôt que par mise en accusation, ce qui est considéré comme moins grave.
Les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) s’étonnent également de cette décision qui “va à contre-courant de la tendance actuelle à privilégier le signalement et la dissuasion”.
“Nous pouvons craindre le message que cette phrase envoie aux victimes de violences domestiques, dont certaines avaient déjà peur de se manifester et de participer à une procédure judiciaire”, avons-nous répondu par e-mail.
Contactée par Le Journal, la victime a de son côté préféré ne pas faire de commentaire pour le moment, afin de ne pas perturber le processus d’appel de la peine.
En effet, le Directeur des poursuites criminelles et criminelles entreprend « un examen approfondi des motifs de [la décision] afin d’évaluer toutes les avenues possibles », a déclaré la porte-parole Audrey Roy-Cloutier par courriel.
Selon nos informations, le recours pourrait être déposé cette semaine.
Joshua Schoo n’a pas voulu commenter, se disant surpris par la publication d’un article sur “les moments terribles que lui et sa famille ont traversés”.
“La Ville d’Ottawa ne commente pas les informations personnelles d’un individu”, a rétorqué son employeur.
– Avec Raphaël Pirro, Agence QMI
Ce que la victime a écrit
“Nos enfants nous considèrent comme des parents pour la sécurité, l’amour […] et les a trahis. » “Mes garçons ne disent pas “je t’aime” sans dire “je t’aime maman, ne meurs pas”. Ça a commencé il y a un an. » “Sans conséquences, ils auront l’impression que vous dites que ce qui s’est passé pendant qu’ils étaient là et qu’ils étaient terrifiés était correct. » « Je suis reconnaissant d’être ici et de pouvoir respirer aujourd’hui, mais une partie de moi est morte. [cette soirée-là]. […] Je suis donc ici pour me battre pour mes filles et pour mes fils. » “Cela m’a enlevé la capacité de faire confiance ou d’aimer quelqu’un de manière romantique, la personne qui était censée me protéger. »
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