Posté à 6h00
                Isabelle Dubé La Presse             

La situation

Pour lui donner la tranquillité d’esprit, Monique, 63 ans, a fait établir un plan de décaissement détaillé par un comptable. Une somme de 800 $ bien investie, pensait-il. Cependant, elle vient d’apprendre que le comptable en question a été retiré de son ordre. “Il est maintenant un chef de file du mouvement complotiste”, a-t-il écrit. J’ai perdu confiance dans ce plan et, là, je ne sais plus comment planifier mes années de retraite. » “J’hésite à remettre de l’argent dans un autre régime”, poursuit-il. Inquiète, Monique est soulagée d’apprendre qu’un planificateur va l’aider à organiser ses finances dans les années à venir. D’autant qu’en ce moment ses placements ont chuté… comme pour de nombreux retraités. “Pour le moment, je ne peux rien retirer, donc je ne vois pas cela comme une perte”, dit-il avec une pointe d’optimisme. « J’ai recommencé à travailler à temps partiel pour assurer la sécurité financière et aussi aider un organisme communautaire. » Monique est célibataire et sans enfant. Elle vit dans un appartement à deux étages dont elle est copropriétaire avec sa sœur. “Nous voulons rester ici le plus longtemps possible. Nous avons un accord notarié stipulant qu’en cas de décès, nous héritons de la part de l’autre. »

Nombres

Monique, 63 ans

Revenu complémentaire : 17 000 $ Rente annuelle de son ancien employeur : 11 000 $ et 7 136 $ (à 65 ans) RRQ : 7 045 $ REER : 109 200 $ CELI : 21 700 $ Placements non enregistrés : 10 000 $ Placements non enregistrés : 10 000 $ droits municipaux : RR0 30 $ 26 000 $

Conseils

Antoine Chaume, planificateur financier et conseiller en sécurité financière chez Lafond+Associés, a analysé le dossier de Monique. Un premier élément en saute aux yeux : 52 % des biens du retraité sont mobilisés dans son double. “Lorsque vous avez un pourcentage important de vos actifs dans votre propriété, il y a forcément un choix difficile un jour pour soutenir votre niveau de vie. » À un coût de la vie de 26 000 $ par année, Monique aura épuisé ses économies en 2042, à 83 ans. Il devrait donc gagner entre 10 000 et 12 000 dollars par an. Trois possibilités s’offriront alors : vendre pour habiter ailleurs, obtenir une marge de crédit sur valeur domiciliaire ou obtenir une hypothèque inversée, explique le concepteur. Présentement, même si elle est à la retraite, Monique pourrait être admissible à la marge de crédit sur valeur domiciliaire parce qu’elle a un revenu de travail supplémentaire de 17 000 $ par année en plus du revenu de son régime de retraite de son ancien employeur. Une marge de crédit sur valeur domiciliaire vous permet de lever des fonds sans vendre la propriété. «Il faut vérifier auprès de son institution financière, mais elle pourrait probablement obtenir une marge de crédit de 97 500 $», explique Antoine Chaume. «Cela signifie qu’elle pourrait autofinancer ses frais de subsistance pendant 10 ans avec des retraits de 10 000 $ par an. » Cependant, s’il choisit cette option, il doit prendre une décision assez rapidement. Car lorsqu’il arrêtera de travailler, il n’aura plus les conditions, plaide Antoine Chaume. « Si elle veut rester dans cette maison le plus longtemps possible, je lui conseille de planifier à l’avance et d’obtenir une marge de crédit sur valeur domiciliaire pendant qu’elle travaille encore. » Méfiez-vous des prêteurs subprime qui donneront un taux d’intérêt de 10%, “ce qui n’a pas de bon sens”, argumente le concepteur. “Mon conseil le plus important est le suivant : si vous pouvez planifier aujourd’hui un plus gros coussin demain, qui est une marge de crédit sur valeur domiciliaire, agissez aujourd’hui. Cela ne coûtera que les frais de notaire. » Si Monique est toujours célibataire à 83 ans et n’a pas de marge de crédit sur valeur domiciliaire, sa seule option pour conserver le duplex sera une hypothèque inversée. “Ici, c’est l’intérêt composé qui va manger les sommes en capital”, explique Antoine Chaume.

Décaissement

Si elle n’avait pas de fonds de retraite, une stratégie de retrait REER aurait pu être développée pour recevoir le Supplément de revenu garanti pour le reste de sa vie, dit le planificateur financier. “Mais elle a de la chance et a la possibilité d’avoir un fonds de pension”, souligne-t-il. Comme elle gagne un revenu de 17 000 $ par année, Monique est toujours admissible aux REER de la FTQ et de la CSN jusqu’à 65 ans. « Je lui recommande de cotiser 5 000 $ de son allocation inutilisée pour recevoir le crédit d’impôt. C’est un moyen très simple de gagner 1500 $ chaque année. Vous ne travaillez plus pour cet argent. » Compte tenu de ses revenus fixes provenant des caisses de retraite, Monique doit encaisser ses placements afin d’égaliser son taux d’imposition au fil des ans. «Elle a son objectif de retraite à 26 000 $. Si vous regardez votre revenu total, vous voudrez toujours rester dans les tranches d’imposition marginales inférieures, soutient le planificateur financier. Cela signifie que nous n’avons pas de montants plus importants pour payer des impôts certaines années. » “Le revenu brut au fil des ans ne dépassera jamais 28 % sur la tranche d’imposition marginale, car il sera inférieur à 46 000 $ de revenu”, précise-t-il. Dans les premières années, Monique pouvait laisser fructifier ses REER et retirer de son compte non enregistré ou CELI en dernier recours. Lorsqu’il cessera de travailler à temps partiel, il pourra retirer des REER qui seront convertis en FERR à 71 ans. A partir de cet âge, Monique devrait dans tous les cas percevoir un montant minimum de FEER chaque année. « Je recommande de prioriser le nivellement des retraits REER-FERR de 2023 à 2040 pour s’assurer qu’on reste effectivement au taux marginal de 28 %. » « Au niveau de son portefeuille équilibré et conservateur, poursuit Antoine Chaume, l’année a été difficile pour les marchés, tant pour les actions que pour les obligations. Même les stratégies très conservatrices ont été affectées par la hausse des taux d’intérêt qui affecte négativement la valeur du portefeuille obligataire. » « En ce moment, il n’y a pas de place pour se cacher à la Bourse. Par conséquent, je suggère de vous assurer que vous disposez d’une bonne somme d’argent pour garantir au moins un an de décaissement, ce qui réduit le risque de vendre un investissement au mauvais moment. Dans une telle année de volatilité, il faut être patient et surfer sur la vague. » En attendant, si Monique a l’énergie et l’envie, elle pourrait continuer à travailler encore un an. « Cela l’aidera certainement à soutenir son niveau de vie. »

  • Bien que le cas mis en évidence dans cette section soit réel, le prénom utilisé est fictif.