Gérald Darmanin reste ferme sur sa position : l’imam Hassan Iquioussen, lié aux Frères musulmans, n’a “aucun lien sur le territoire de la République”, a-t-il déclaré à la presse ce matin, à l’occasion d’un déplacement à Marseille. Rappelant ses propos antisémites, qui nient l’égalité entre les femmes et les hommes et sont aussi complotistes, le ministre de l’Intérieur a confirmé que « les ennemis de la République [pouvaient] de ne pas rester dans la République”. Il a également qualifié le prédicateur de “radicalisé”, ce dernier étant sur le dossier S de la DGSI depuis dix-huit mois. Cette information a été révélée dimanche par nos confrères du JDD puis confirmée par une source policière au Figaro. La précision est essentielle : être coincé S ne veut pas forcément dire radicalisé. Le fichier S est un registre de la police administrative, utilisé par les agences de renseignement, rassemblant tous ceux qui pourraient vouloir porter atteinte à la sécurité de l’État ou à la sécurité publique. Dans ce fichier figurent également des hooligans ou des militants d’extrême gauche ou d’extrême droite. Il appartient à un fichier plus global, le Fichier des personnes recherchées (FPR), qui recense toutes les personnes “qui font l’objet d’une enquête ou d’une vérification de leur situation juridique”, précise la CNIL, soit 640.000 personnes quelconques. À VOIR AUSSI – Qui est Hassan Iquioussen, l’imam que Gérald Darmanin veut expulser ? Lire aussi L’incroyable récit entourant l’expulsion de l’imam Hasan Ikuyusen Comme le soulignait une note du Sénat de décembre 2018, le fait d’être en fiche S n’est pas une raison suffisante pour être éloigné du territoire national : « La fiche S est un outil de signalement, mais ce n’est pas un indice de dangerosité, ni une preuve de culpabilité. ” Cela signifie en tout cas que la volonté de renvoyer Hassan Iquioussen au Maroc est le fruit d’un travail de suivi de longue haleine.
Le prochain tour devant le Conseil d’Etat
Né en France mais de nationalité marocaine, le prédicateur est en effet accusé de tenir des propos antisémites, homophobes et “anti-femmes” lors de prêches ou de conférences. Vendredi, la justice administrative a suspendu en urgence l’expulsion de Hasan Ikuyusen, estimant qu’elle causerait une “atteinte disproportionnée” à sa “vie privée et familiale”. Le tribunal a notamment rappelé que l’imam de 57 ans “est né en France, où il réside depuis sa naissance avec sa femme et ses cinq enfants français et ses quinze petits-enfants français”. Le ministère de l’Intérieur a immédiatement annoncé qu’il ferait appel de cette décision. Dès lors, l’affrontement entre la justice administrative et la place Beauvau se poursuit devant le Conseil d’État. “Je regrette les motifs et la décision du tribunal administratif de Paris, qui considère que la vie familiale de ce monsieur l’emporte sur la protection des intérêts des Français. Je n’ai pas cette opinion”, a déclaré lundi Gérald Darmanin. Dans un précédent communiqué, le ministre s’était déjà déclaré “déterminé à lutter contre ceux qui tiennent et diffusent des propos à caractère antisémite et contre l’égalité entre les hommes et les femmes”. Il est “plus déterminé que jamais”, abonde une source proche du gouvernement, rappelant son intention de légiférer pour y parvenir, notamment à travers le projet de loi sur l’immigration. De son côté, la défense d’Hassan Iquioussen a remercié “la justice française d’avoir su garder son sang-froid malgré la médiatisation de ce dossier”, selon les propos de son avocate Me Lucie Simon.