Interdiction de porter le voile dans les lieux publics, amende de 135 euros… Marin Lepen a toujours été clair sur son ambition d’interdire ce qu’elle qualifie d’”uniforme islamiste”. Pourtant, en une semaine, la candidate de la Coalition nationale a amorcé un changement inattendu dans ses déclarations. La Dépêche fait le point.
Acte I : « Le voile est un uniforme islamiste »
Mardi 12 avril, au micro de France Inter, Marine Le Pen réaffirme sa volonté d’interdire le voile dans la rue et dans tous les lieux publics. La candidate de la Coalition nationale explique notamment que, si elles sont élues, les femmes couvertes seront contraintes de se dévoiler, sauf pour leurs mosquées et maisons, avec une amende de 135 euros. “Le voile est un uniforme islamiste, pas un uniforme musulman. C’est l’uniforme d’une idéologie, pas d’une religion”, a-t-elle déclaré à Léa Salame. Des positions qui n’ont rien d’étonnant puisque le candidat était, jusqu’alors, très régulier dans cette mesure.
Acte II : “J’estime nécessaire d’interdire le voile”
Vendredi 15 avril, c’est cette fois au micro de Bruce Toussaint sur BFMTV que la candidate réaffirme son attachement à l’interdiction du port du voile qu’elle juge “nécessaire”. “C’est comme quand on ne mettait pas le masque : on ne le mettait pas, donc on allait bien. Ce sera pareil. Quand tu ne mets pas ta ceinture, ça va.” dit-elle. averti. Pourtant, le même jour, lors d’un déplacement à Pertuis dans le Vaucluse, la candidate est interpellée par une femme voilée d’un certain âge. “Nous sommes français. (…) C’est un signe de grand-mère, le port du voile est une tenue à la mode”, a-t-il crié à la candidate. “, lui assura plus tard Marin Lepen. Je le dis et je le répète : mon travail concerne tous les Français et je ne fais aucune différence entre eux, quels que soient leur origine, leur couleur de peau ou leur prénom. N’écoutez pas mes adversaires qui se moquent de mon travail. pic.twitter.com/1QVvbYP3jr — Marine Le Pen (@MLP_officiel) 15 avril 2022
Acte III : “C’est pas franc” dans la question
Samedi 16 avril, 24 heures seulement après ses déclarations très claires sur le voile, la candidate a changé de ton lors d’un déplacement à Saint-Rémy-Sur-Avre (Eure-et-Loire). La candidate semble renvoyer à son travail une femme voilée.
“Ce sont des problèmes qui sont des problèmes complexes. Je le sais très bien, je ne suis pas brutal. Il y aura des discussions de toute façon. L’Assemblée nationale aura son mot à dire”, assure-t-il. Des déclarations qui intriguent car la candidate n’avait jamais évoqué l’assouplissement de ses mesures sur la question du voile.
Marin Lepen a également rappelé l’importance d’un vote démocratique. “Je vous rappelle que grâce au référendum de mon initiative citoyenne, 500.000 citoyens peuvent demander aux Français de voter l’abrogation d’une loi qu’ils n’aiment pas. Je ne peux pas faire plus démocratique que cette opération”, a-t-il déclaré. .
“C’est compliqué et j’en suis parfaitement consciente”, confie Marine le Pen à propos de l’usage du voile.
Sur l’épineuse question de l’usage du voile, Marin Lepen ne se dit pas « brutale ». pic.twitter.com/dLeSyQEAAD
— Le Figaro (@Le_Figaro) 16 avril 2022
Acte IV : Ses proches reculent aussi
Ce revirement intervient immédiatement après les attaques d’Emanuel Macron contre le candidat RN. Le président sortant a qualifié d’”absurdités” les déclarations de Marin Lepen sur le voile. Il semble donc que la candidate du Rassemblement national poursuive sa stratégie de ne pas se laisser « diaboliser » à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle. Par ailleurs, ses lieutenants ont rapidement pris le relais : dimanche sur BFMTV, le porte-parole de Sébastien Chenu a affirmé que dans la lutte contre l’islam, l’interdiction du voile en public interviendrait si son candidat l’emporte « après sa fermeture des mosquées salafistes, l’interdiction du salafisme et couper le financement [islamistes]”. Sébastien Chenu : “Notre objectif n’est pas de combattre les femmes, c’est de protéger et de libérer celles qui sont voilées” pic.twitter.com/0B3diP8CVv — BFM Politique (@BFMPolitique) 17 avril 2022 Lundi matin, c’est le maire de Perpignan, Louis Alio, qui a déclassé le programme du RN au port du voile, promettant une « politique volontariste (…) qui commencerait par l’interdiction des services publics, en conséquence elle réduirait sa visibilité ». sur la route “. Il a ainsi promis, de manière très vague, que le voile serait interdit “doucement” en public.