“C’est comme un rêve” : les réfugiés ukrainiens profitent d’une “belle pause” dans la vallée de la Roya En Ukraine, Alla était créatrice de mode. Elle et sa fille ont fui Kyiv au début de la guerre. Elle a troqué sa vie avant mai contre un uniforme de bonne au Château de la Chèvre d’Or, un établissement cinq étoiles. “C’est un travail très physique. Vous voyez le désordre. Ensuite, vous voyez une belle pièce. Maintenant, je suis un pro dans ce travail”, sourit-il. La vue depuis l’hôtel Château de la Chèvre d’Or à Eze (Alpes-Maritimes), le 5 août 2022. (BENJAMIN RECOUVREUR / RADIO FRANCE) Ici, neuf femmes ukrainiennes ont été recrutées. Un autre hôtel à Eze, ‘Le Château Eza’, a fait de même. Ils s’occupent des chambres ou sont dans la cuisine. Tout s’est très vite intégré malgré la guerre toujours présente. “Je ne peux pas être heureux parce que mon pays est en guerre. Nos vies sont en suspens” Alla, femme de chambre à La Chèvre d’Or, Eze. franceinfo Un peu plus loin, Tetiana passe l’aspirateur dans le bar. Avant, il travaillait dans l’industrie du gaz naturel. Elle a laissé toute sa famille en Ukraine. Désormais, avec son nouveau travail, à 26 ans, elle veut entamer un nouveau chapitre de sa vie en France, consciente qu’elle a “perdu sa vie d’avant”. “Je suis contente parce qu’il me fait changer d’avis, je dois construire ma nouvelle vie petit à petit”, explique-t-elle. Dommage pour Tetiana, celle qui “n’a pas encore de relation avec les clients”. Elle espère pour cela apprendre le français et se voit vivre dans ce palace “la saison prochaine”. Un dynamisme très apprécié par la gouvernante générale de l’hôtel, Maïté Montesinos, qui a dû les former. “La barrière de la langue, on ne la voit pas forcément. Les plus rapides ont eu une semaine de formation en binôme. Ils travaillent très bien, même mieux que des gens qui travaillent dans l’hôtellerie depuis des années. Ce sont de belles surprises.” note la gouvernante générale. Mais cela n’a pas toujours été facile pour les réfugiés qui se sont aventurés dans l’industrie hôtelière. “On organisait des salons de recrutement, on y voyait une opportunité de trouver des gens mais aussi de montrer qu’on était présent, mais c’était très compliqué”, raconte Fred Ghintran, propriétaire de deux restaurants à Nice et président de la branche restauration Alpes-Maritimes de l’UMIH. . Il a enrôlé un réfugié ukrainien dans la cuisine après son arrivée. Comme dans beaucoup d’autres établissements, il a vite abandonné. “Tout le monde a rencontré le même problème, on a été trop rapide. La barrière de la langue est très compliquée à gérer, je pense qu’il faut un temps d’adaptation de deux ou trois mois pour s’adapter à la vitesse du pays avant de pouvoir travailler”, ajoute-t-il. Alla et Tetiana ont été recrutées grâce à Ludovic Hubler, un interlocuteur commun d’Eze. Ayant emmené de nombreuses femmes ukrainiennes et leurs enfants en Pologne, cet humanitaire les a mis en relation avec le directeur de la fondation, Thierry Naidou, qui n’a pas pu trouver de personnel. Il lui manquait “30 à 40 personnes en début de saison, dit-il, et du coup, c’est vrai qu’avec les Ukrainiens, on a retrouvé une vraie envie”. Cependant, certaines dérogations au règlement intérieur de l’établissement ont dû être faites, « par exemple le droit d’avoir son téléphone portable pour avoir des relations avec ses proches car ils ne savent pas quand ils peuvent les appeler. ils sont contents de ce que nous faisons », explique-t-il. Le département des Alpes-Maritimes est le deuxième pays d’accueil des réfugiés ukrainiens en France après la région parisienne. Plus de 20 000 d’entre eux y ont été admis. Quand les réfugiés ukrainiens règnent sur les palaces de la Côte d’Azur – Exposition de Benjamin Recouvreur
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