Publié à 15h12  Mis à jour à 18h18.
                Lila Dussault La Presse             

Les résidents de la rue Ash, dans le quartier Pointe-Saint-Charles, s’habituent aux lumières des gyrophares. Dimanche après-midi, un immense périmètre de sécurité a été établi par le Service de police de Montréal (SPVM) au coin de la rue Le Ber, surplombant le parc du même nom. Le poste de commandement et l’équipe d’identification médico-légale sont sur place. Vers 12 h 30, le SPVM a été appelé pour un homme qui aurait été poussé dans un escalier extérieur d’un immeuble résidentiel. Il s’agirait d’une agression entre au moins deux personnes dans une résidence qui s’est soldée par la chute de la victime, âgée de 37 ans, explique Mariane Allaire-Morin, agente de relations publiques du SPVM, rencontrée sur les lieux. À cet endroit, les bâtiments n’ont pas de grands escaliers devant. L’attaque aurait donc, selon toute vraisemblance, lieu à l’arrière. Là, des issues de secours et des escaliers en colimaçon mènent de plusieurs appartements à un parking. A l’arrivée des secours, la victime gisait en bas de l’escalier. La police a tenté la RCR, sans succès. « Son décès est survenu sur le coup, raconte Véronique Comtois, agente de relations publiques du SPVM.

Une enquête en cours

La cause du décès n’a pas encore été déterminée, ni les circonstances qui ont conduit à la chute. « A-t-il poussé l’homme ? Il est tombé; Ce n’est pas clair », explique l’agent Allaire-Morin. Le lieu de l’assassinat est en effet en cours d’examen par le SPVM, mais non confirmé, “loin de là”, précise-t-il. Concrètement, le SPVM doit rencontrer de nombreux témoins, qui « ont vu ou entendu » ce qui s’est passé, d’abord dans l’appartement visé puis à l’extérieur. Au moins un suspect est impliqué mais, selon Mme Allaire-Morin, aucune arrestation n’a été enregistrée. La relation entre la victime et le suspect – famille, amis, etc. – pas connu pour le moment.

Tentative de double kill à 200 mètres

Les résidents du quartier que La Presse rencontre autour du périmètre de sécurité sont surpris – et inquiets – des événements. C’est qu’il y a un peu moins de deux semaines, dans la nuit du 27 au 28 juillet, dans la même rue, une scène policière similaire s’est déroulée, mais à 200 mètres de là, au coin de la rue Dick Irvin. Deux jeunes, âgés de 18 et 20 ans, ont été grièvement blessés par balles lors d’une “double tentative d’assassinat”, selon Mme Allaire-Morin. Après avoir été répertoriés dans un état critique à l’hôpital, leur état s’est finalement stabilisé. “Nous ne pensons pas qu’il y ait un lien [entre les deux affaires », a affirmé Mariane Allaire-Morin à La Presse dimanche. N’empêche, les résidants du quartier – des rues résidentielles bordées d’immeubles à logement entourant un petit parc – sont ébranlés. « Je sors moins le soir, a confié Doris Lévesque, qui habite à quelques minutes de marche. Je prends mes marches de jour. » Pour un autre résidant, qui habite sur place depuis 30 ans et qui a préféré témoigner de façon anonyme, la tournure des choses est inquiétante. « Hier soir, il y avait des feux d’artifice, mais j’avais comme peur [de sortir], illustre. Je me suis dit : « Nous serons plus en sécurité chez nous. » Pourtant, la vie semble continuer malgré tout. Au passage de La Presse, des piétons se promenaient dans le parc Le Ber, un père et son fils jouaient au basket juste devant le périmètre de police, des gens se détendaient sur leur balcon sous la chaleur accablante et d’autres faisaient de l’exercice. Pour Marie-Nathalie Martineau, qui habite un peu plus sur la rue Ash depuis 5 ans, c’est étrange de voir du normal dans l’anormal.