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Sur la réforme des retraites : “Je suis prêt à bouger”

Le lendemain du premier tour, lors d’un déplacement à Denain (Pas-de-Calais), où Marine Le Pen était clairement en tête, Emmanuel Macron s’est dit prêt à “bouger” pour réformer les retraites. “S’il y a trop de tension” et que “ça peut faire consensus”, le candidat à la présidentielle pourrait “ouvrir la porte” à un report de l’âge de départ à 64 ans au lieu de 65. “Je suis prêt à changer le rapport au temps et dire qu’on ne fera pas forcément une réforme d’ici 2030 si je ressens beaucoup de stress entre les gens. “Pourquoi ne pouvons-nous pas dire ‘Je veux qu’on se réunisse’ dimanche après-midi et quand es-tu allé entendre les gens dire ‘Je ne bouge pas’?” Le plan de réforme des retraites a déclenché des grèves de longue durée dans les transports à l’automne 2019. Au début de la pandémie de Covid-19, la majorité présentait la réforme des retraites comme la “mère des réformes”. Silencieux pendant près de deux ans, le projet a été remis sur la table lors de la présentation du programme du président sortant début mars, créant de nouvelles tensions. Face à l’impopularité de sa réforme, Emanuel Macron affiche désormais une position ouverte. Ce que la candidate RN appelle à prendre avec prudence. “Voilà un homme qui vient à nous, ‘je peux utiliser le référendum’ alors qu’il ne l’a jamais utilisé depuis cinq ans”, a déclaré Marin Le Pen à France Inter, dénonçant “une réforme profondément injuste”. Selon elle, “il n’y a rien à attendre d’Emmanuel Macron dans ce domaine, il ira au bout de cette obsession”. “On a souvent parlé du président caméléon, il y a une girouette”, a critiqué la communicante Emilie Zapalski sur franceinfo. Pour Vincent Martigny, professeur de sciences politiques à l’université de Nice et à l’Ecole polytechnique, cette évolution vers un sujet aussi clivant pour l’électorat de gauche “pourrait être efficace”. Interrogé par franceinfo, il estime qu’Emanuel Macron n’est pourtant “pas habitué aux négociations, aux compromis”. Selon lui, “très souvent”, le candidat LREM dit : “j’écoute, j’écoute tous les avis et à la fin je déciderai”. Cette fois, “il est un peu obligé de faire les choses différemment, ce qui n’est pas anodin pour lui”.

Sur l’allocation adulte handicapé : “Il faut bouger”

Vendredi, sur franceinfo, Emmanuel Macron a été interrogé sur la déconnexion de l’allocation adulte handicapé (AAH). L’AAH est destinée à compenser l’incapacité de travail. Elle compte plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270 000 vivent en couple. Dès le 1er avril, son montant est passé à 919,86 euros contre 903,60 euros auparavant. Lucie Carrasco, en situation de handicap, a confié au micro de franceinfo qu’elle allait perdre cette allocation en se mariant prochainement. Mais cette aide lui permet d’être financièrement indépendant. “Que me conseillez-vous de faire ?”, a demandé Emmanuel Macron. “Choisir l’amour (…) il faut passer à ce point”, a répondu le candidat à la présidentielle, constatant “une situation déviante pour les personnes handicapées”. “Il y a beaucoup de réponses, fais-le [déconjugaliser l’AAH]”Ou d’avoir un revenu qui permette de subvenir à ses besoins, mais qui ne dépend pas du fait qu’il n’y a pas une telle hache, c’est absurde aujourd’hui”, a-t-il dit. Lucie Carrasco demande au candidat d’AAH ➡️ “Choisissez l’amour”, répond Emmanuel Macron. “Nous devons passer à ce point”, a-t-il déclaré. pic.twitter.com/IP1ufMDMKc — franceinfo (@franceinfo) 15 avril 2022 Cette prise de position d’Emanuel Macron est une surprise. Non seulement la mesure n’est pas à son ordre du jour, mais le désengagement d’AAH a déjà été contesté à deux reprises par le Parlement (notamment par la majorité élue) et a toujours été rejeté par le gouvernement durant son quinquennat. La secrétaire d’État aux Handicapés Sophie Cluzel avait soutenu en juin que la déconnexion de l’AAH entraînerait des problèmes informatiques, un argument qui lui avait valu des critiques. Face à l’opposition, Sophie Cluzel avait également dénoncé “une vision misérable du handicap”, alors que des militants et des associations comme l’APF France Handicap le réclamaient depuis de nombreuses années (PDF). La déconnexion de l’AAH (ou son individualisation) a de nouveau été rejetée par l’Assemblée nationale en décembre 2021. Le gouvernement a jugé la mesure injuste, la considérant comme une “impasse”.

Sur le fil des officiels : “il va bouger, il va monter”

Emanuel Macron a également été interrogé vendredi sur franceinfo par une femme entrée récemment dans la fonction publique. Il espère une augmentation de l’indice des fonctionnaires, qui sert de base au calcul des salaires de 5,5 millions de fonctionnaires. “Il nous est simplement venu à l’esprit alors [d’indice]”Ça va bouger, ça va monter pour tous les fonctionnaires, mais ce sera le fruit de la concertation et du travail que le gouvernement va mener”, a déclaré Emanuel Macron. “A l’été, nous voulons compléter les grilles de réforme et l’organisation de la fonction publique, coordonnées et en cours de négociation, car le système dans les catégories C, B et A est très rigide et époustouflant. “Et puis, le diplôme sera réévalué pour permettre d’accompagner les éléments de pouvoir d’achat”, a précisé le président sortant. Estelle, fonctionnaire, interroge E. Macron sur ses mesures pour la fonction publique ➡️ “L’indice minimum de la fonction publique sera revalorisé”, comme le Smic, annonce le candidat à la présidentielle. “Il y aura une réévaluation de la note”, mais il ne donne pas de chiffre. pic.twitter.com/t2a1NlohY3 — franceinfo (@franceinfo) 15 avril 2022 Mi-mars, le gouvernement avait annoncé un dégel de l’indice, dans lequel il avait refusé de “bouger” depuis 2017. Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation de la fonction publique, avait promis une revalorisation d’ici l’été. compte tenu de l’inflation galopante (+ 4,5 % sur un an en mars). Cette mesure, dévoilée moins d’un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, “n’est pas électorale, mais économique” a été défendue par l’exécutif.

Pouvoir d’achat : sept questions sur le dégivrage annoncé du Répertoire des fonctionnaires Emanuel Macron a refusé de quantifier cette appréciation. Pourtant, Luc Farré, secrétaire général de l’Unsa-Fonction publique, a immédiatement réagi sur Twitter, précisant qu’il réclamait une augmentation de 10 %. La même demande a été formulée par l’Association territoriale CGT (FDSP-CGT), qui a réclamé, fin mars, une « revalorisation immédiate de l’indice unitaire de 10 % ». Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, parlait début avril d’une hausse “d’au moins trois points”.