Il s’agit de la 142ème proposition du programme de Marin Le Pen et se résume en une ligne : “Maintenir l’offre de logements sociaux en priorité pour les Français, sans effet rétroactif, et la mobiliser auprès des publics qui en ont le plus besoin.” Sans effet rétroactif, n’est-ce pas ? Dans son livret de famille, cependant, la tête de liste tient un autre discours : “La mise en place de la priorité nationale pour les foyers ayant au moins un parent français ramènera sur le marché les 620 000 logements sociaux occupés par des étrangers, selon les données INSEE de 2017.” Le remettre sur le marché signifie très concrètement résilier le bail de ces ménages et les expulser. Or, un logement HLM est occupé en moyenne par 2,6 personnes, “Cela signifierait les expulser de leurs maisons, les manu militari avec l’aide de la police, si nécessaire, et donc priver environ 1,6 million de personnes d’un logement normal sur le territoire, y compris des enfants.” plaide Frédérique Lahaye, responsable du pôle logement du think tank Terra Nova, dans une note publiée jeudi intitulée « Marin Le Pen et le logement : la dure réalité de la priorité nationale ». « Que leur arriverait-il ? Seront-ils dans la rue ou dans des camps de transit en attendant leur retour dans leur pays d’origine ? Marin Lepen n’en dit rien. souligne Frédérique Lahaye. La candidate RN souhaite appliquer la même mesure aux étudiants. « Pour les logements étudiants, la politique sera la même : les administrateurs du parc public de logements étudiants ont indiqué qu’environ 25 % de leurs postes sont occupés par des étrangers soit environ 90 000 logements. Je les mettrai à disposition, en priorité, des étudiants français. » Une mesure qui va “Soutenir les classes moyennes et populaires, pour qui loger un enfant après l’école est souvent impossible de se lever”, elle s’est disputée. Si la fille de Jean-Marie Le Pen est élue le 24 avril, environ 1,7 million de personnes vivant légalement en France risquent de se retrouver à la rue.

« Toute personne résidant légalement en France a droit au logement social »

D’où vient le nombre de 620 000 ménages locataires à expulser ? Il n’apparaît pas dans la dernière grande enquête nationale logement de l’INSEE (ENL), publiée en 2017 et basée sur le recensement de 2013 – la prochaine est attendue en 2022 et, compte tenu de l’augmentation naturelle de la part de la population immigrée dans la population française population, on peut supposer que le nombre de ménages au moment du prêt sera revu à la hausse. Demandé par Libérer, Emmanuelle Cosse, présidente de l’Association du logement social (USH) et ministre du Logement sous Hollande, présente le nombre de 500 000 ménages étrangers locataires de HLM, sur un total de 1,2 million de ménages étrangers résidant en France. Ils représentent 11 % des quelque 5 millions de locataires HLM, soit plus que leur part dans la population française de 7,7 %. Un hyper-show dont Marin Le Pen tire un argument, estimant qu’il débouche sur une “Déviation totale de la mission première du logement social par rapport à une forme de priorité étrangère.” En effet, elle est associée à un manque de moyens financiers mais aussi à “Racisme très fort”, documentés par des essais de chercheurs du CNRS ou de SOS Racisme, indique Emmanuelle Cosse : une “Un fonctionnaire français avec un nom à consonance étrangère a moins de chance de trouver un logement qu’un intérimaire avec un nom français.” Comme son adversaire Eric Zemour, la candidate d’extrême droite lie l’immigration aux pénuries, suggérant que les logements sociaux sont inondés d’immigrés clandestins ou sans papiers. C’est faux car il faut non seulement des documents mais aussi des ressources pour accéder aux HLM. “Le critère de citoyenneté n’est pas requis, mais le critère de statut administratif” se souvient Emmanuelle Cosse. Aussi « Toute personne résidant légalement en France a droit au logement social, qu’elle soit française ou étrangère en situation normale. À l’exception, “Ce sont tous les membres du ménage qui doivent avoir un titre de séjour : par exemple si l’un des membres de la famille n’a pas de papiers, la famille n’aura pas accès au logement social, même si ses membres travaillent, dit l’ancien ministre. La liste des titres de séjour éligibles est fixée par décret.

Baisse de la construction de nouveaux HLM

En revanche, il est vrai que le parc social est saturé et que la demande ne cesse de croître. “Je voudrais avoir 500 000 logements sociaux pour répondre aux besoins de chacun. “Le problème n’est pas la nationalité des personnes que nous hébergeons, c’est que nous avons 2,1 millions de demandeurs et que nous ne mettons en service que 70 000 à 90 000 logements supplémentaires chaque année.” explique Emmanuelle Cosse. Question : la baisse de la construction de nouveaux HLM, qui touche aussi le secteur privé. «“Le flux migratoire peut mobiliser certains logements d’urgence dans le parc social, mais la cause de la crise du logement est la crise de l’offre.” feta Yannick Borde, qui préside le réseau Procivis, spécialisé dans l’accès social à la propriété. Pour le Maire (Horizons, centre droit) de Saint-Berthevin (Mayenne), Marin Le Pen « Entretenir délibérément un fantasme en faisant de l’immigration noyée la cause de la pénurie actuelle », la “Les demandeurs d’asile sont pris en charge par des hébergements d’urgence, pas dans des logements sociaux.” Pour Frédérique Lahaye, “Contrairement à la réputation d’humanisme et d’humiliation que le candidat de la Coalition nationale s’est forgée au fil des mois, l’extrême droite ne se reconstruit pas : il s’agit bien de pointer du doigt les immigrés comme la cause des difficultés subies par la majorité. ménages à faible revenu ». Son application “Priorité nationale”, Le nouveau nom de la préférence nationale dans le vocabulaire du candidat, dans l’accès à l’emploi ou au logement se fera par référendum, explique la présidente du RN dans son ouvrage thématique sur l’immigration. Ce sera l’une des dispositions du référendum sur la politique d’immigration qu’il promeut. Avec le même ensemble d’idées, “Les allocations familiales, qui relèvent exclusivement de la solidarité nationale, seront destinées aux Français.” Ce travail est non seulement brutal, mais aussi inconstitutionnel : “Le Conseil constitutionnel a déjà eu l’occasion de se prononcer sur cette question dans de nombreux cas” préférence nationale et que « Considère que les étrangers en situation normale et les nationaux ont les mêmes droits, notamment en matière sociale », fait valoir la constitutionnaliste Dominique Rousseau, qui souligne également que la présidente du RN se placerait “En dehors de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen”. “La France ne serait plus le pays qui met l’égalité au premier plan, mais la priorité nationale, on changerait le visage de la France.”