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Nous sommes le résultat d’une interaction entre les gènes que nous ont légués nos parents (notre génétique) et toutes les modifications que notre mode de vie fait subir à ces gènes (notre épigénétique). Cette interaction gène-environnement affecte non seulement notre personnalité, mais aussi notre risque de développer la plupart des maladies chroniques.
Ainsi, nous pouvons hériter de nos parents des gènes qui prédisposent à l’obésité, au diabète de type 2, aux maladies cardiovasculaires ou à certains cancers, mais ces gènes suffisent très rarement à catalyser à eux seuls le développement de ces pathologies.
Dans la majorité des cas, c’est plutôt la combinaison d’une mauvaise alimentation, d’une sédentarité ou encore de certaines habitudes néfastes (tabagisme, consommation excessive d’alcool) qui vont permettre à ces gènes d’agir et d’augmenter le risque de ces maladies.
Cancer de la prostate
Cela est particulièrement vrai pour les maladies complexes comme le cancer, en particulier les types qui présentent une héritabilité plus élevée, comme le cancer de la prostate.
On estime qu’environ la moitié de la variabilité du risque de cancer de la prostate est attribuable à des facteurs génétiques transmis par voie héréditaire(1). Un grand nombre d’hommes sont donc à risque de développer ce cancer, comme en témoigne la présence de petites tumeurs de la prostate détectées chez 40 % des hommes dès l’âge de 40 ans.
D’autre part, certaines populations asiatiques (les Japonais, par exemple) ont une incidence aussi élevée de petites tumeurs de la prostate, mais ont tout de même 10 fois moins de ce cancer que les Occidentaux. Il semble donc clair que malgré la prédisposition génétique à développer un cancer de la prostate, d’autres facteurs, liés à leur mode de vie, parviennent à empêcher la progression de ces tumeurs microscopiques vers un cancer mature.
Protéger le mode de vie
C’est ce que montrent particulièrement bien les résultats d’une étude américaine portant sur 12 411 hommes suivis pendant près de 30 ans(2).
Dans cette étude, les chercheurs ont déterminé le risque génétique des participants par génotype (scores de risque polygénétique) et ont simultanément examiné leur degré d’adhésion à un mode de vie sain en examinant 4 paramètres, à savoir le maintien d’un poids corporel normal, une activité physique régulière, une alimentation riche en plantes et l’absence de tabac.
Les résultats confirment d’abord qu’un score de risque polygénétique élevé augmente considérablement le risque de cancer de la prostate, des scores plus élevés étant associés à une multiplication par 5 du risque de cancer de la prostate total et à une multiplication par 4 du risque de cancer de la prostate métastatique et mortel. .
Or, l’intérêt de l’étude est de montrer que ces augmentations de risque sont significativement réduites par l’adoption de bonnes habitudes de vie, notamment pour les formes agressives et mortelles de cancer de la prostate.
En effet, des chercheurs ont montré que les hommes à haut risque génétique, mais dont l’adhésion à un mode de vie sain était la plus élevée, voyaient leur risque de mortalité liée au cancer de la prostate chuter de façon spectaculaire, par rapport à ceux dont le mode de vie était plus malsain.
Concrètement, cela signifie que chez les hommes génétiquement prédisposés à développer un cancer de la prostate, le risque à vie de cancer mortel de la prostate peut être réduit de 5,6 % à 1,6 % simplement en adoptant de meilleures habitudes de vie. Alors tout ne se décide pas à la naissance et il est possible de prendre en main son destin en modifiant son hygiène de vie pour contrer les effets négatifs des mauvais gènes.
♦ (1) Hjelmborg JB et coll. L’héritabilité du cancer de la prostate dans la Nordic Twin Study of Cancer. Épidémiologie du cancer. Biomarqueurs Préc. 2014 ? 23 : 2303–10.
♦ (2) Plym A et coll. Un mode de vie sain chez les hommes présentant un risque génétique accru de cancer de la prostate. Euro. Urol., publié le 27 mai 2022.