Posté à 5h00
Mathieu Perreault La Presse
Deux minorités
Le Canada fait du surplace dans la lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), dénonce la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR). Et cela touche particulièrement deux minorités : les Autochtones et les Canadiens d’origine antillaise et subsaharienne. « La pandémie de COVID-19 a causé d’importantes perturbations des services, en particulier dans les communautés vulnérables », a déclaré le PDG de CANFAR, Alex Filiatrault. «De nombreuses communautés autochtones ont été restreintes de manière plus restrictive que le reste du pays. Au Québec, les Autochtones sont moins touchés, mais les Noirs davantage : ils représentaient 15 % des nouveaux cas de VIH en 2019, en partie parce qu’ils proviennent souvent de pays où le VIH est endémique. C’est un taux quatre fois supérieur à leur poids démographique.
Journée du foie
Le mantra des chercheurs adaptant la lutte contre le VIH aux besoins des minorités particulièrement touchées est de leur donner une voix. « Nous avons travaillé avec des communautés autochtones de la Saskatchewan et avons trouvé une approche particulièrement efficace, la “journée du foie” », explique Marina Klein de l’Université McGill. « Nous mesurons la santé du foie des participants, qui est affecté par l’hépatite C. Nous pouvons également faire d’autres tests, comme le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST), ainsi que le diabète. C’est une approche moins stigmatisante pour les patients infectés. »
Spiritualité
L’autre pilier des programmes autochtones sur le VIH est l’appel à la spiritualité. « Ma grand-mère me disait que ce que je faisais était mal parce qu’elle avait été scolarisée à la maison », raconte Trevor Stratton, un Ojibwa de la banlieue de Toronto qui travaille avec CANFAR. «Mais dans la culture dominante, il y a le concept bispirituel, qui inclut la fluidité des genres et l’homosexualité. Lorsque j’ai renoué avec les aînés de ma communauté dans les années 1990, ils m’ont aidé à concilier ma bisexualité avec mon identité. Il m’a poussé à me faire dépister et à soigner pour le VIH. Je travaille maintenant à créer des programmes similaires. » PHOTO DU SITE WEB CANFAR Trevor Stratton lors d’une conférence de l’ONUSIDA à Genève en 2016
Prophylaxie des MST
L’autre approche qui gagne du terrain consiste à lutter contre les MST de la même manière que le VIH : avec la “prophylaxie pré-exposition” (PrEP, comme on l’appelle). “Il est de plus en plus proposé pour les MST, avec une prophylaxie post-exposition”, confirme le Dr Klein. Étant donné que l’utilisation du préservatif n’est plus nécessaire pour se protéger contre le VIH avec la PrEP, le taux d’IST a considérablement augmenté au cours des 10 dernières années chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
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25% Proportion d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes parmi les nouveaux cas de VIH au Québec en 2019 Source : Institut national de santé publique du Québec 12 % Pourcentage de femmes parmi les nouveaux cas de VIH au Québec en 2019 Source : Institut national de santé publique du Québec 0,5 % de taux de transgenre parmi les nouveaux cas de VIH au Québec en 2019 Source : Institut national de santé publique du Québec 1 % Proportion d’Autochtones parmi les nouveaux cas de VIH au Québec en 2019 Source : Institut national de santé publique du Québec
Source : Institut national de santé publique du Québec
12 % Pourcentage de femmes parmi les nouveaux cas de VIH au Québec en 2019
Source : Institut national de santé publique du Québec
Source : Institut national de santé publique du Québec
1 % Proportion d’Autochtones parmi les nouveaux cas de VIH au Québec en 2019
Source : Institut national de santé publique du Québec