Posté hier à 12h37.
                Vincent Larin La Presse             

“C’est absolument inquiétant, mais il ne faut pas céder à la peur. Cela aurait pu arriver n’importe où, et vous devez creuser un peu plus et regarder : pourquoi est-ce arrivé ? Qu’est-il arrivé ? “, s’est-il interrogé dimanche lors d’une conférence de presse devant la mairie. Valérie Plante en a profité pour réitérer son appel à restreindre l’accès aux armes à feu, tout en présentant ses “sincères condoléances” aux familles des personnes tuées. Au terme de ce que le maire a décrit comme une « tuerie », un homme de 26 ans, Abdulla Shaikh, aurait tué trois hommes en 24 heures dans la région de Montréal mardi et mercredi derniers.

Appel à un investissement accru dans la santé mentale

Abattu par les forces de l’ordre alors qu’il se retranchait dans un motel du canton de Saint-Laurent, le suspect dans cette affaire souffrait d’importants problèmes de santé mentale. Cependant, il a été autorisé à réintégrer la communauté même s’il représentait toujours un “risque important pour la sécurité publique”, selon un psychiatre qui l’a évalué en mars dernier. PHOTO PAR MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE Abdulla Shaikh a été abattu jeudi dans une chambre du Motel Pierre, dans la municipalité de Saint-Laurent. C’est pourquoi la mairesse Valérie Plante a aussi appelé le gouvernement du Québec à investir plus d’argent en santé mentale. “Nous devons développer des outils pour nous assurer que les personnes ayant des problèmes de santé mentale sont bien traitées, pour trouver des solutions”, a-t-il expliqué. Même si la Ville de Montréal souhaite être proactive en dehors de sa juridiction, comme le soutient Valérie Plante, son pouvoir d’action est limité. « Il faut s’ouvrir, il faut donner les moyens à ceux qui sont en première ligne, y compris le SPVM, y compris les travailleurs sociaux, y compris les organismes communautaires, pour qu’ils puissent faire leur travail », a-t-il insisté.

Question électorale

À l’approche des élections provinciales cet automne, Valérie Plante entend faire de la sécurité publique un enjeu central de la prochaine campagne. PHOTO PHILIPPE BOIVIN, PHILIPPE BOIVIN Valérie Plante, mairesse de Montréal “Lorsque nous parlons de ce tueur présumé aux prises avec des problèmes de santé mentale, nous réalisons que la sécurité publique dépasse notre compréhension auparavant. Il faut sortir des sentiers battus”, a-t-il expliqué. Le maire souhaite voir les chefs des principaux partis politiques de la province se prononcer « très fortement et fortement » sur la question des armes à feu, notamment. “Nous avons besoin de moyens pour interdire et légiférer, pour entrer dans les réseaux de fabrication d’armes fantômes”, a-t-elle ajouté, faisant référence au cas d’Abdulla Shaikh, qui aurait fabriqué lui-même l’arme et l’a ensuite utilisée pour commettre trois meurtres.

“Mot de passe uniquement”

Présent à la conférence de presse du maire dimanche, le chef de file de l’opposition officielle à la mairie, Aref Salem, a critiqué le discours de Valérie Plante, estimant que son départ arrivait trop tard et se résumait à “de simples slogans”. « Quatre-vingt-seize heures se sont écoulées sans qu’un membre de l’administration ne sorte pour apaiser les inquiétudes des Montréalais. C’est inacceptable”, a-t-il déploré. Selon lui, les policiers sont en sous-effectif, un constat qu’il a fait après avoir consulté des membres précis du SPVM. “Je comprends qu’il s’agit d’un geste isolé, mais cette personne est passée par le système. […] Ils ont besoin d’équipes mixtes, il y en a déjà une qui existe dans la police […]nous devons l’étendre, nous devons embaucher plus de policiers », a poursuivi Aref Salem.