franceinfo : Les cas de stress écologique (stress lié au changement climatique) augmentent-ils fortement face aux événements de sécheresse, de chaleur ou d’incendie ? Antoine Pelissolo : Chaque année, malheureusement, un peu à la même période, surtout en été, on accumule de plus en plus ce genre d’événements climatiques, à la fois graves et proches de nous, sur notre territoire, et on voit des vagues de gens qui le trouvent difficile de se projeter dans un avenir qui s’annonce de plus en plus sombre. Le premier coup est un coup de stress, un choc, mais certains vont aussi entrer dans une sorte de tunnel de stress, d’anxiété et parfois de dépression quand il y a une perte d’espoir. Le terme de stress écologique est né dans les années 2000 aux États-Unis et fait aujourd’hui de plus en plus parler d’eux car le nombre de personnes touchées est en augmentation. Nous voyons beaucoup de gens qui ont ce problème dans la multitude de leurs angoisses. Pour certains, c’est même le principal enjeu, notamment chez les jeunes. Les recherches montrent que ce domaine de préoccupation commence à devenir plus répandu. Quel profil ont les personnes qui souffrent le plus ? Ça peut toucher tout le monde, on le voit à tous les âges, mais c’est surtout les gens entre 20 et 30 ans parce qu’ils se sentent touchés, ils s’inquiètent pour leur existence. Dans les décennies à venir, la hausse des températures, la diminution des ressources peuvent affecter leur existence. “Alors que les générations précédentes pensaient principalement à leurs enfants ou petits-enfants, aujourd’hui, vous vous rendez compte que cela peut affecter votre propre vie.” Antoine Pelissolo, psychiatre chez franceinfo Elle pose la question d’avoir ou non des enfants, le mode de consommation, le choix du travail. Ce sont des questions légitimes, mais dans certains cas, elles sont incontestables. Cela peut être une chose inhibitrice qui cause beaucoup de douleur pour certains. Quelle attitude adopter pour gagner la paix ? Ce que nous conseillons, c’est d’obtenir d’abord de l’aide si nécessaire. Il existe un potentiel de meilleure gestion du stress sur ce sujet comme sur d’autres. La question de la parole est importante, du partage, du fait de pouvoir se faire entendre. “Il y a de la peur, mais il y a aussi de la colère face à l’inaction générale, ainsi que de la culpabilité.” Antoine Pelisolo chez franceinfo C’est bien de les partager avec d’autres qui peuvent les entendre. Ce n’est pas toujours facile car parfois on rencontre des gens qui nient encore le réchauffement climatique. De plus, vous devez aligner vos actions sur vos préoccupations. C’est toujours la sortie. Alors tu arrives à transformer ton anxiété en quelque chose qui peut être plutôt productif où tu es utile, tu te sens utile. Les écologistes devraient-ils cesser d’apprendre sur le réchauffement climatique ? Comme pour toutes les informations négatives, nous ne pouvons pas fermer les yeux. Jouer à l’autruche n’est pas une bonne stratégie. Vous ne pouvez pas dire aux gens de ne pas savoir. La prise de conscience vient toujours de la recherche d’informations, de la lecture, des rapports du GIEC sur le réchauffement climatique… Mais il faut savoir canaliser, pas s’exposer en permanence. Au début, le choc de réalisation nécessite souvent de tout explorer, d’essayer d’avoir tous les éléments dans le déroulement de l’action et les conséquences. Ce que l’on conseille généralement c’est de mettre un bémol, de se donner le temps de se déconnecter de l’information et de prendre le temps de mûrir les choses, de prendre un peu de distance. Mais cela vaut pour toutes les informations qui pourraient être gênantes.